Ken est aujourd'hui une épouse et mère épanouie.
Mais, sa vie était loin d'être simple il y a 10 ans. Elle venait de sortir son premier roman et avait fait la rencontre de la sulfureuse Fari et du jour au lendemain sa vie avait complètement changé...
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De retour à la maison, nous trouvons Ben assis seul dans l'obscurité du séjour. Son ombre se détachait comme un fantôme dans le faisceau de petite lumière qui provenait du balcon ouvert donnant sur le terrain de jeu des enfants. J'eus immédiatement la chaire de poule. Cette vision... Cette posture: la tête de Ben reposait sur une de ses mains, un coude sur la table... Cette position que ma mère m'interdisait d'adopter... La position du désespoir.
Il se passe quelque chose. Ben n'est pas du genre à se désoler ou à pleurer sur son sort. Comme Assy, l'optimisme est son fort. Contrairement à moi il y a quelques années. Aujourd'hui, c'est grâce à eux si j'ai plus d'estime de moi, plus d'espoir en la vie.
_ Je vous attends depuis un moment, dit-il sur un ton plat, sans lever les yeux sur nous.
_ Papaaa ! jubile Babou qui ne remarque même pas la tête que fait son père. Il court et se précipite dans les bras de son géniteur tandis que j'allume les lumières.
Ils se ressemblent tellement. Leurs visages ronds joufflus, leurs petits nez pointus, leurs bouches aux lèvres minces, leurs gestes et mimiques... De moi, Babou n'a hérité que de mon regard, grands yeux aux longs cils et mes sourcils épais.
_ Ben, tout va bien ? Je suis crevée chéri. Comme d'habitude, nous étions pris dans les embouteillages. Le taxi avançait à pas d'escargot, dis je, en enlevant les escarpins qui me mordaient les pieds puis je m'affale sur le canapé. J'essaye de la jouer zen mais je suis plus que tendue.
_ Je comprends. Pas de souci, répondit-il.
_ Tu dois être fatigué mon pauvre chou. Je prépare le dîner...
Il me coupe sèchement.
_ Je n'ai pas faim. Mangez sans moi.
_ Ben, qu'y a t-il ? Tu es distant et tu m'as l'air si crispé.
_ Je vais prendre un bain, après on en discutera.
Il s'en alla dans la chambre sans attendre ma réponse.
En sept ans de mariage, Benjamin n'a jamais été aussi froid avec moi. Il prend toujours plaisir à goûter tous les plats que je lui concocte. Qu'est-ce qui a changé en quelques heures ? Farimata? Lui a-t-elle parlé de mon passé? Des scandales liés à la drogue, du meurtre de Max ?
Impatiente et angoissée, je ne peux rien avaler. J'aurais aimé retrouver l'innocence de l'enfance. J'envie mon fils, il est si serein, si calme. Il a dévoré son plat de ragoût de boeuf avec un appétit d'ogre. Si je pouvais être toujours à ses côtés pour le guider, le protéger... Je n'ose pas penser qu'il puisse vivre une miette de ce que j'ai vécu. Je prie chaque jour Le Bon Dieu pour qu'Il veille sur lui. Et qu'il fasse qu'il ne rencontre jamais certains types de personnes...
