Ken est aujourd'hui une épouse et mère épanouie.
Mais, sa vie était loin d'être simple il y a 10 ans. Elle venait de sortir son premier roman et avait fait la rencontre de la sulfureuse Fari et du jour au lendemain sa vie avait complètement changé...
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J'ai connu Farimata à Dakar via des amis en commun. Une rencontre, on ne peut plus rocambolesque.
Elle avait des « amis » dans la sphère politique, dans le milieu de la mode, celui du show-business, celui des grandes familles religieuses. Cela m'étonnais d'autant plus que Fari n'avait aucune activité en ma connaissance qui pouvait lui permettre de mener le train de vie qu'elle avait. Une villa au bord de la mer, des voitures, des voyages un peu partout dans le monde, des vêtements de marque. À 25 ans, Fari était une célébrité au pays. Une grande noceuse, une jetsetteuse. Elle disais à qui voulait l'entendre qu'elle avait Dakar à ses pieds. Elle était la chouchou des nightclubeurs. D'ailleurs, c'est lors d'une soirée en boîte que l'on s'est connu. Elle était ivre morte et distribuait des liasses de billets aux danseurs ébahis mais ravis.
J'étais invitée par Mactar Seye, le disc joker de la soirée. A la fin de la fête je discutais avec ce dernier, je le félicitait pour son travail remarquable, et sa nomination aux Djing Awards, lorsque nous fûmes interrompus par une bousculade.
Un coup d'œil derrière moi. C'était Fari qui titubait vers notre direction. Elle était très sexy dans sa petite robe noire en dépit de son ébriété. Sa coupe de cheveux était juste démente, à la garçonne. On aurait dit une top modèle. Cependant j'avais l'impression qu'elle aller tomber d'une minute à l'autre...
-Qui est cette fille ? cria t-elle avec sa voix rauque
Elle pointait un doigt accusateur vers moi. En avançait telle une crabe. Tous les yeux étaient rivés sur nous.
-C'est quoi ce look de sainte nitouche ? railla t-elle.
-Farimata, viens je te raccompagne, fit calmement Mactar.
-C'est elle ta nouvelle recrue ? bougonna-t-elle.
-Ken Bougoul est une de mes amies, tout comme toi.
-Ken Bougoul,... Tiens tiens, ce nom me dit quelque chose.
Mactar se tourna vers moi, s'excusa et empoigna fermement Fari par le bras. Je les regardais médusée...
Des mois passèrent après la fameuse soirée. Nous continuions à nous côtoyer puis peu à peu nous nous sommes rapprochées l'une de l'autre. Fari venait souvent chez moi, j'allais souvent chez elle. Nous étions devenues inséparables. Les paparazzis guettaient la moindre de nos sorties dans l'espoir d'avoir l'exclusivité de notre dernière frasque.
C'est à cette époque que j'ai commencé à consommer de l'alcool.
Quelle ne fut la déception de ma mère le jour où elle a su que sa fille chérie, celle à qui elle s'est évertuée d'inculquer de bonnes valeurs, sa fille, son unique enfant, se comportait comme une païenne.
J'étais presque évanouie, étendue sur la moquette du salon, quand tout à coup... Dring dring, dring dring.
-Bon sang Aicha va voir qui est à la porte. Je n'en plus de cette sonnerie.
Deux minutes plus tard, la domestique revint. Elle me dit quelque chose mais mon cerveau refusait de capter l'information.
J'étais replongée dans mon semi-coma. Je ne sais pas combien de temps avait passé, mais à mon réveil, j'eus la pire vision de toute mon existence. Ma mère était assise par terre, en face de moi. Elle pleurait silencieusement. Je réussis tant bien que mal à me lever.
-Maman?
Elle tourna la tête, sans un regard vers moi
-Qu'y a t-il ? Pourquoi pleures-tu ?continuai-je
-Aicha ! Aicha ! criai-je.
Personne ne répondit. Je me dirigeais vers la cuisine, quand ma mère lâcha la bouteille de vodka vide qui roula à mes pieds. Elle me regardais d'un air dégoûté.
-Man' ce n'est pas ce que tu crois.
-Ne m'en dit pas plus. Je sais ce que j'ai vu. Je suis là depuis deux heures. A deux reprises je t'ai réveillé, tu ne savais même pas qui j'étais.
Je sanglotai, elle avait tout découvert.
-Maman laisse moi t'expliquer. Je ne...
-Assez! Je suis au courant de tout. Cette fille que tu fréquentes, tes sorties nocturnes, tout. Ne t'approches pas de moi. Tu pues l'alcool à des kilomètres.
-Maman, s'il te plaît. C'est un malentendu.
Je tremblais de tous mes membres. Je ne savais plus quoi faire.
Quelques instants après, elle rentra pour ne jamais revenir...
