MR STYLES {Mature}

Chapitre 17

L'Essence et le Feu

Des bâtards.

Ecoutez-moi bien mesdemoiselles : les hommes sont tous des bâtards. Ne pas généraliser ? Eh bien, oui sans hésitation je le ferais. Ils le sont jusqu'à ce qu'ils aiment, qu'ils trouvent la bonne, qu'ils tombent « amoureux », mais cela n'arrive pas souvent alors vos chances de tomber sur eux quand ils sont dans leur phase « bâtard » sont très très fortes. Nous, les femmes, nous sommes plus sensibles, indéniablement. Peut-être parce que la société nous a mise dans cette position et que nous avons fini par intégrer cette qualité en nous. Ne pensez pas que je nous place en position de victime ou quoi que ce soit, notre sensibilité s'avère parfois être un grand défaut.

Nous réfléchissons énormément, cela nous permet de prendre de bonnes décisions, de converser notre calme, d'être généralement l'être le plus réfléchi des deux sexes cependant cela nous rend aussi faibles car cela nous pousse à tout le temps nous interroger: si nous avons bien fait ou mal fait quelque chose. Les hommes fonctionnent plus simplement et c'est pour cela qu'ils nous trouveront toujours plus compliqué.

Faible. C'est un mot que j'ai effacé de mon vocabulaire car depuis des années je m'interdis de l'être. Depuis des années, j'ai cessé de m'interroger sur ce que je ressentais. Au fil du temps, j'ai bien compris quelque chose qui s'applique aux hommes comme à la vie : baisez-les/la ou vous vous ferez baisé. Quand tout cela commence, vous ne devez vous poser qu'une question : qui ? Qui manipule qui actuellement ?

J'ai décidé d'être la manipulatrice, pour la simple et bonne raison que je refusais encore une fois d'être la manipulée. J'étais la baiseuse parce que je refusais d'être la baisée. Je pensais comme un homme, je refusais de réfléchir, de ruminer parce que c'était ce que, nous, les femmes nous savions le mieux faire. J'ai mis mes émotions sur off, refusant catégoriquement de ressentir le moindre sentiment pour des hommes pour qui je représentais qu'un simple coup d'un soir, pour des personnes qui ne s'intéressaient pas un tant soit peu à ma personnalité, qui me tournaient le dos après avoir vidé leurs couilles, qui couchaient avec moi la nuit et retournaient à leur petit vie bien rangé le jour comme si de rien était. J'ai anticipé en les considérant tous de cette façon, en finissant par les voir juste comme des bites. C'est de là que découlait ma règle numéro 1 : jamais le même, jamais deux fois.

Les hommes avaient une capacité hallucinante à baiser une femme et passer à autre chose. Je les admirais et les détestais à la fois pour ça. Ils discernaient sans problème le sexe de l'amour. La plupart des femmes trompaient par amour, car elles n'aimaient plus ; les hommes pouvaient tromper sans qu'il n'y ait jamais de lien avec l'amour, ils trompaient mais cela ne voulait pas dire qu'ils n'aimaient plus. Une partie de jambes en l'air à gauche ou à droite ne pouvait ne rien signifier pour eux, ça pouvait juste être un moyen de se vider les couilles, quelque chose de banal qu'ils oubliaient au petit matin. Pas pour la plupart d'entre nous. Nous y pensions, vraiment, quelques jours suivants du moins.

La vie m'a poussé à penser comme les hommes. Je suis une femme avec l'esprit d'un homme. Depuis ce jour, j'ai perdu la capacité de ruminer énormément à propos des actes des hommes. Je suis constamment dans le rôle de la baiseuse, la manipulatrice, c'est moi qui tourne le dos après l'acte, c'est moi qui me tire à l'aube, c'est moi qui a le contrôle. Depuis ce jour, je ne ressens rien. Mes lèvres ne semblent pas m'appartenir. Je baise mais je ne sais pas pourquoi je baise. J'aime penser que je peux m'en passer mais c'est mon seul contact avec les hommes, c'est le seul contact que je veux avoir avec eux car sur ce plan, j'ai tout le contrôle.

Je ne me laisse pas baiser, je baise. Depuis des années, c'est comme cela que je vis. Je baise la vie, je baise les hommes car je n'accepterais pas qu'ils me baisent ou manipulent une fois de plus. Je n'accepterais pas de ressentir ce que j'ai ressenti sous leurs poids, ce que j'ai ressenti pendant et après. Je refusais.