Partie 20 : Les tourments

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La lecture testamentaire n'a pas été de tout repos entre les pleurs incessants et les cris stridents. Mon père a établi une équité parfaite entre chaque membre de la famille, en suivant à la lettre les ordres de succession. La fortune familiale a été diviser en huit parts. Dont une plus conséquente destinée à la veuve, ma mère. Ensuite, chacun a eu un bien immobilier, car mon père investissait beaucoup dans les villas, les chalets, les hôtels et les locations autour du globe. Je parle de lui au passé.. Moi je n'ai pas eu de bien immobilier, ni d'actions, à la surprise générale papa m'a légué son entreprise. Seul mon nom figure sur cet acte, je vais vite me demander si cela n'est pas un cadeau empoisonné. Je suis La nouvelle PDG de Ben Ali's corporation, au détriment de mon défunt père. J'aurais préféré ne jamais hérité de cette entreprise, je veux que mon père revienne. Nous avons également eu le droit à un adieu épistolaire, papa a toujours eu un don pour l'écriture. Enfin, du plus loin que je me souvienne, il n'y a pas un domaine où il n'excellait pas. Il réussissait dans tout ce qu'il entreprenais et tout ce qu'il touchait devenait or et platine. Autant de talent dans une seule personne, c'est fou. Il gérait sa vie familiale et professionnelle d'une main de maître. Enfin bref, revenons à nos moutons : les lettres. Papa m'a laisser une lettre manuscrite, je n'ai toujours pas eu le courage de l'ouvrir. J'ai peur de ce que je vais trouver à l'intérieur. Je préfère m'abstenir. Les problèmes m'assaillent. Et à chaque fois que je pense avoir sorti ma tête de l'eau pour enfin avoir une seconde de répit et de respiration banale, quelqu'un ou quelque chose me renfonce encore plus profond dans l'eau. J'ai eu envie de me laisser faire, jusqu'à ce que mort s'en suive. C'est vrai la noyade ne fait pas parti du classement FORBES en matière de mort élégante, mais le cancer non plus ? Lorsque l'on se débat sous l'eau on perd tout son oxygène, nos poumons se remplissent d'eau et la mort devient atroce, douloureuse et longue. En revanche, si on renonce, si on s'avoue vaincu, on peut espérer agoniser en paix et se laisser submerger et lentement bercer par la mort. Depuis la disparition de papa, les médias se déchaînent. Les paparazzis nous ont suivis jusqu'en Algérie pour voir la tombe de l'homme qu'il décrive comme un "capitaliste trop imbu de sa personne". Papa était la 2eme fortune de France et la troisième d'Europe, surpassé par Amancio Ortega le fondateur d'inditex, talonné par Bernard Arnaud, le PDG de l'entreprise LVMH et Liliane Bettencourt CEO de l'Oréal Paris. Il attisait donc l'envie et la jalousie, certains entretenaient même du mépris à son égard, les gens sont tellement jaloux de la réussite des autres. C'est un concept bien francais ça, "si moi je ne réussis pas je ne veux pas que lui réussisse". J'aurais dû etre américaine, La bas la réussite n'est pas tabou, elle fait parti de la culture. Le succès attire le succès, mais les gens qui ont du succès attirent les envieux. Papa recevaient des dizaines de milliers de menaces de morts, des demandes de financements en tout genre, des dons, du sponsoring, des partenariat, etc. Mais il disait toujours que grâce à tout ca il savait qu'il avait réussi, il mesurait sa réussite grâce au nombre d'envieux qui voulaient sa peau. "Plus on a d'ennemis, plus on a de la valeur" quel grand homme ! Il m'a tant appris, et avait tant à m'apprendre, mais la vie à fait place à La mort, et cette dernière nous a couper l'herbe sous le pied. La société familiale a pris un sacré coup, papa était l'image de l'entreprise et si l'image se casse la figure tout le système tombe en ruine. La cote boursière de l'entreprise a dégringoler, les actions ne valent quasiment plus un peso. Les clients se retirent peu à peu. Je crois bien qu'ils ont senti le vent tourner et qu'ils préfèrent quitter le navire avant de le voir chavirer avec eux à bord. Moi je ne quitterais pas le navire, je donnerais ma vie pour sauver cette compagnie. Seulement depuis quelques jours les ennuis sont décuplés. Après la bourse, voila que les autorités s'emmêlent. Une personne mal intentionné à signaler des mouvements prétendument frauduleux concernant la comptabilité de la société. Mon père aurait mis en place un système a La Bernard Madoff, une sorte de pyramide de ponzi Afin de tourner de l'argent vers des paradis fiscaux cela n'a aucun sens ! Quoi qu'il en soit, La rumeur s'est ébruité, et quand on tâche un pull en cachemire avec du vin rouge, on aura beau l'emmener au pressing, il y aura une marque indélébile, pour toujours. C'est pareil dans le cas présent, mon père a bâti la réputation de son entreprise avec acharnement, brique par brique, et aujourd'hui tout est détruit. Les médias ont fait courir ces propos diffamatoires dans tous les journaux et dans tous les magazines financier ainsi que dans la presse à scandale.
Winston Churchill a dit : "Construire peut être le fruit d'un travail long et acharné. Détruire peut être l'œuvre d'une seule journée."
C'est exactement ce qu'il se passe. Mon pere est traîné dans la boue, et nous aussi en prenons pour notre grade. J'ai décidé d'attaquer en justice chaque magazine ayant relaté des propos infondés et humiliants vis à vis de mon père et/ou de ma famille. A cause de tous ces dires, la police judiciaire à geler les avoirs. Tous ce que nous devions touché de l'héritage a été geler, le compte joint de mes parents et le mien par La même occasion. La maison de Neuilly a été hypothéquer et j'ai l'impression qu'on vit sur un siège éjectable. Imaginez vous ma situation, en un laps de temps aussi court qu'une après midi shopping jai tout perdu. J'ai tout perdu, vraiment tout. Ma dignité, mon pere, ma soeur, et maintenant ma situation financière. Chacun de mes faits et gestes est épié, analysé, scruté, je suis jugée par le monde entier. Je suis cataloguée comme La gosse de riche, La fille d'un escroc. MaiS papa était tout sauf un escroc. Je dois vivre sous le regard lubriques du monde qui attends un faux pas. On a dû renvoyer tout nos domestiques car nous n'avions plus les moyens de les payer, voila a quoi ressemble ma vie maintenant. Un champ de bataille : Bagdad. Je n'ai plus rien. Rien. Et le pire dans tous ca c'est que le monde entier est au courant, y compris Aaron. Je n'ai plus aucun contact avec lui, j'ai coupé court. Il m'harcele, mais je ne peut pas lui répondre. Je l'aime mais j'ai honte. J'ai honte d'avoir délaisser mon père pour un garçon, j'ai honte d'avoir ce putain de cancer qui vit en moi, j'ai honte d'être pauvre, j'ai honte d'être estampillé "fille d'un évadé fiscal", j'ai honte tout simplement. Je n'ose même plus sortir, et pourtant il le faut. J'ai La société à remettre sur pied, mais je n'ai meme pas eu le temps de faire mon deuil. Comment vais-je m'en sortir ?

La vie de MiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant