"Parler de ses peines, c'est déjà se consoler" Albert Camus
J'ai toujours cru avoir une force de caractère supérieure à la moyenne. Je n'ai jamais eu besoin de me plaindre pour évacuer. Je ne suis pas comme toutes ces filles qui ont un caractère basique de.. fille justement. Je n'ai pas besoin d'avoir mille copines qui pleurent avec moi, car tôt ou tard elles retourneront mes faiblesses contre moi. "Ils ne comprendront jamais, ne leur dis pas combien t'as mal", c'est tout à fait ça. Personne ne me comprends, je suis tordue et torturée je l'admet, j'ai un mal de chien à m'ouvrir, mais on dirait que je suis seule au monde. Personne n'a les mêmes principes, ni la même façon de penser. Donc je garde tout à l'intérieur, chaque sentiment, chaque réaction, chaque pensée TOUT. Je veux conserver une image lisse et garder le contrôle en toutes circonstances bien que parfois ma patience soit mise à rude épreuve. A tel point qu'il y a deux ans j'ai eu un ulcère, "je garde beaucoup trop de choses accumulées" selon mon médecin. Seulement je n'arrive pas à extérioriser, la peine me consume mais je me bat, vraiment. J'ai l'impression d'être là sans être là, je suis souvent ailleurs sans être nulle part, je pense sans penser. Je ne sais plus trop quoi faire ni quoi dire. J'ai appris qu'être en vie ne veut pas dire que l'on vit, on se contente de survivre. J'ai perdu un être qui m'était tellement cher, que c'est peut être pour ça que j'ai le sentiment de ne plus rien valoir. Ma vie sans lui n'a aucune valeur, Mais je continue d'être là, d'avancer, il n'y a plus rien en moi, je suis vide. Je souris, je prends des décisions, je fais face aux problèmes en tout genre. Je comble le manque en travaillant tard le soir et en me maquillant beaucoup pour masquer les traces de mes insomnies et de mes pleurs intempestifs. Cependant, quand je rentre chez moi tard le soir, que je suis seule, et que le masque tombe je suis seule face à ma tristesse. Chaque pensée que j'essaie d'avoir me ramène à ma haine de moi-même, a ma colère, a ma tristesse.. J'ai l'impression d'être condamné à une éternelle tristesse. En ce qui concerne, la conférence de presse, elle a eu un impact positif. Les actionnaires ont compris que l'entreprise n'était pas entre les mains d'une écervelée, et la côte boursière a commencer à retrouver sa place d'antan. L'affaire Ben Ali n'a toujours pas abouti, ils ont traîné mon père dans la boue sans aucune preuve ça me rends folle. Si ils avaient des preuves tangibles ils se seraient fait un malin plaisir de m'enlever jusqu'au dernier centime. Ils persistent et ils signent, ils s'acharnent, ils veulent absolument trouver quelque chose d'incriminant vis à vis de papa et de l'entreprise. En fait ce qu'ils veulent c'est des preuves de détournement de fond, mais ils pourront chercher longtemps car papa n'aurait jamais fait une chose pareil ! Vous connaissez le terme "régression vers la moyenne" (regression to the mean) ? En fait, c'est un terme assez technique pour dire que les choses finissent toujours par s'équilibrer naturellement tôt ou tard. Même si on monte très haut, ou qu'on descends très bas, on finit fatalement par revenir au milieu. Ma vie à souvent été en haut, parfois au milieu, et longtemps en bas mais là c'est très bas, je n'aurais jamais cru que ça puisse l'être autant, j'espère que la régression vers la moyenne s'effectuera rapidement car toucher le fond me va très mal au teint. Safa ne me parle toujours pas, elle boit de plus en plus et rentre à la maison defoncée. Avant-hier elle a vomi partout. J'ai dû nettoyer ! Papa ne serait pas fier d'elle mais qui suis-je pour juger ? Il ne serait pas fier de savoir que sa fille aime un juif non plus. Enfin bref elle part en cacahuète et ça me fait de la peine mais elle ne veux pas de mon aide. A chaque fois que j'essaie elle me repousse de manière plus méchante que la précédente. Et je n'ai plus la force de me battre pour un million de choses en même temps, je m'occuperais de son cas quand ma "what to do list" (liste de choses à faire) sera terminée. J'ai tellement mal au cœur, j'ai l'impression d'avoir voler la place de mon père, son siège. Et à la douleur morale, s'ajoute la douleur physique. J'ai tellement mal au ventre c'est un truc de fou. Des fois la nuit ma respiration commence par être saccadée puis elle se coupe pendant quelques secondes et reprends normalement. Les médecins m'ont prescrit un traitement qui selon eux ne fonctionnerait pas juste pour se donner bonne conscience. Ils veulent se dire "ok bon on a tout fait pour l'aider". Étant donné qu'il ne fonctionnera pas, et qu'ils le savent très bien, ils vont commencer un traitement invasif, des chimio-thérapies, etc.. Je n'en est pas parler à ma mère car j'ai peur de sa réaction, elle en a tellement sur le cœur. Elle ne me regarde même plus dans les yeux, je vois qu'elle m'en veux. Et elle a raison, je m'en veux aussi. Aaron m'a appeler tout à l'heure et étonnamment j'ai répondu. On a parler comme au bon vieux temps, il m'a raconter tout les ragots de l'USSEC. Et je dois admettre qu'il m'a changé les idées, le temps d'un instant je n'étais pas la personne la plus malheureuse sur cette terre. Il me rends heureuse, enfin ce n'est pas le mot approprié mais je ne trouve pas de mot pour décrire l'effet qu'il a sur moi. Il me rends moins misérable que je ne le suis. Il me change. En parlant de changement, je me suis coupée les cheveux, j'ai peter un câble et j'ai tout couper. Enfin pas tout, pas à la britney spears ! Je ne tiens pas particulièrement à faire les choux gras de la presse-poubelle. J'ai fait un carré j'en avais marre d'avoir La même tête depuis des années. Cette satanée tête qui me rappelle atrocement mon père. Peu à peu les souvenirs que j'ai de mon père s'effacent je me souviens à peine de nos conversations, j'ai peur qu'un jour ma mémoire s'amenuise et que je ne puisse plus voir son magnifique visage.
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La vie de Mia
ChickLitEntre strass et paillettes, la vie de Mia est glamour, opulente et pleine de luxe. En effet, Mia a tout pour réussir : une fortune familiale exorbitante, une maison digne d'accueillir Obama, un dressing à en faire pâlir Kim K, une gueule d'ange, d...