"Ma gentillesse n'a d'égale que mon mépris si tu as l'audace de trahir mon amitié et de briser ma confiance."
J'ai mûrement réfléchi quant à la tactique à adopter pour ma défense. A vrai dire je n'ai pas trouvé le bon filon. Contrairement à monsieur Fillon, je n'ai rien fait de répréhensible donc me justifier sur mes capacités serait mal venu. Je ne comprends pas comment Safa a pu me planter un tel couteau dans le dos. C'est même plus un couteau à ce stade, c'est une épée, une lance, et pas n'importe laquelle, celle d'Athéna. Je sais que lors de cette réunion je serais totalement incapable de feindre la gentillesse avec elle. Et je sais que également cela sera de mauvais augure pour moi. Les gens penseront de moi que je n'ai pas l'esprit familial ce qui est primordial dans mon travail, l'entreprise prône ces valeurs-là. Je ne devrais pas m'inquiéter du "qu'en dira t-on" mais c'est plus fort que moi. À chaque gestes, chaque actions, chaque mots, chaque situations, je dois peser les tenants et les aboutissants. C'est mon rôle de prendre soin de cette société après, c'est MON héritage. La seule chose qui me reste de papa.
Mardi 19 avril 2016, matinée :
Je n'ai pas envie d'affronter cette journée. Je peine à me lever de mon lit. J'aimerais trouver la solution à tous mes problèmes au fin fond de mes draps Jacquard Blossom. La tête recouverte par mon énorme couette en soie, - qui m'étouffe presque - j'essaie d'ignorer mon réveil. C'est comme si j'étais un condamné à mort qui savait qu'aujourd'hui tout allait prendre fin. Qu'il prendrait son dernier petit déjeuner, et que soudainement il disparaîtrait de la surface de la Terre. Je dois donc tout faire pour allonger le moment présent, et éloigner la fatalité, je traîne des pieds dans le long "couloir de la mort" comme ils l'appellent. Mais la sentence est irrévocable je me dois de prendre les armes et de me battre. De défendre mon honneur et celui de mon père coute que coute. Peut que, comme Lincoln Burrows, une aide extérieure interviendra. Michael Scofield ne serait pas de trop pour me porter main forte, c'est comme si je comptais m'évader d'une prison fédérale. Je me redresse péniblement et vais me préparer. J'ai mis mon magnifique collier de perles, je l'ai eu à mon quinzième anniversaire. Il m'est très cher. Je sors ma tenue de business woman, celle qui tue. Une robe griffée Zuhair Murad le célèbre designer libanais. J'ai copié sur Jessica Pearson je l'avoue. Elle est ma déesse de la mode. Tout le monde devrait prendre exemple sur elle, en matière de vêtement bien-sûr. Mais pas que, une avocate brillante comme elle, devrait être idolâtrée comme il se doit, elle est intelligente et magnifiquement belle. Ses plaidoiries sont in-cro-ya-ble, seriously. Bref je suis prête. Le trajet est des plus pénibles, j'ai envie d'appeler Aaron, mon sauveur, pour qu'il vienne à la rescousse de la pauvre Mia. Seule ombre au tableau : je sais que ce que je fais n'est pas honnête. Je ne m'efface pas assez de sa vie pour qu'il puisse passer à autre chose, mais je ne suis pas non plus assez présente pour qu'il y est une relation forte entre nous. Je l'empêche d'être heureux, il attends quelque chose de moi que je ne peut pas lui donner. J'ai l'impression d'avoir posé mon veto sur lui, mais peut-être que c'est lui qui a posé le sien sur moi. Je pense beaucoup à lui. Sûrement plus que lui ne pense à moi. Je n'ai pas le temps de dire "ouf" que je me retrouve devant les gigantesques portes en acier de mon imposant building. "Mon" building, bientôt ce sera celui de Safa. Les lettres "Ben Ali's Corporation" sont écrites en lettre d'or au dessus des portes, et tout en haut du building. J'ai peur de tout perdre. A présent cette entreprise n'est pas seulement mon gagne pain, c'est principalement un moyen de subsister, de me lever le matin. De me fixer des objectifs, d'atteindre mes buts, de surpasser des challenges, de rendre fier mon père. C'est ma raison de vivre. Mon oxygène. Ma drogue. Je n'ai jamais eu besoin de quelque chose qui me pousse à vivre. Je ne réfléchissais pas. Je me réveillais et faisais ce qu'on me disait de faire. Mais en y pensant, nos existences ont toutes un but. Aucune n'est fondamentalement vaine. Tout est remis en question à cause de Safa. Je vais lui sauter à la gorge dès que je la verrais. J'ai envie de lui faire comprendre que même dans ses rêves les plus fous elle ne réussirait pas à diriger une firme comme la nôtre plus de cinq minutes. Mais la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe c'est bien connu. Louis se dirige vers moi, il est placide comme à son habitude. Je ne sais pas comment il fait pour gérer la pression il fait preuve d'un self-control épatant.
- Mia, tu es splendide ! Me lance t-il, pantois d'admiration
- Merci beaucoup Tonton Louis. Je me suis dis que pour mon hypothétique dernier jour je pouvais m'endimanchée.
- Et bien tu as eu raison ma belle Mia. Mais ce ne sera pas ton dernier jour ! Tu es prête à entrer dans la fosse aux lions ? Glousse t-il
- Je l'espère Louis. Des lions ? Je dirais plutôt des crocodiles, les lions sont beaucoup trop fidèles. Je vais affronter les everglades sereinement, à tes côtés Louis, affirmais-je avec assurance
- Qui aurait cru que la progéniture Ben Ali établirait une déclaration de guerre pour l'entreprise familiale. Tu penses que Safa s'intéressait depuis longtemps à la société ?
- Je pense surtout que ses motivations principales sont l'appât du gain et bien évidement de m'enlever ce qui m'est le plus cher pour se venger.
- Se venger ?
- Oui, car je n'étais pas présente pour mon père lorsqu'il est ..
- Elle ne peut pas te blâmer pour cela voyons, c'est ta soeur !Je décide de garder le silence. Car quoi que je réponde, mes mots seraient insuffisants. Et les siens encore plus. Je suis comme un évier sans bouchon, tout ce qu'on me dis va directement aux égouts. Du moins, en ce qui concerne toute cette histoire.
- Mia ne t'en fais pas, je suis là. Comme ton père me l'a demandé.
- Merci Louis.
- Oh comme c'est mignon ! Un rire de sorcière détonne dans mes tympans
Cette voix est familière, je me retourne et c'est Safa !
- Mia, j'espère que tu t'es bien préparé. Pour sauvegarder ton honneur je te suggère d'abandonner maintenant, car tu n'a aucune chance !
- Safa, c'est toi qui n'a aucune chance. Le conseil me connaît bien maintenant. Ils voteront peut être ma destitution, mais ils ne voteront jamais ton investiture !
- Les filles calmez-vous. Mia viens.
- Je te déteste Safa. Je me suis toujours plié en quatre pour toi, et toi tu me fais ça !
- Aha, arrête je vais pleurer. Sortez les violons pour accompagner le petit Calimero du ghetto.
- Safa ! La blâme LouisNous voir nous déchirer doit lui briser le coeur.

VOUS LISEZ
La vie de Mia
Chick-LitEntre strass et paillettes, la vie de Mia est glamour, opulente et pleine de luxe. En effet, Mia a tout pour réussir : une fortune familiale exorbitante, une maison digne d'accueillir Obama, un dressing à en faire pâlir Kim K, une gueule d'ange, d...