La vie de Mia

Partie 21 : La loi de la jungle

"Dans les moments difficiles, lorsque tu as l'impression de porter le monde sur tes épaules, rappelle toi que les diamants naissent sous le poids des montagnes."

Napoléon disait que les nouvelles voyageaient vite à Paris, effectivement. Plus les rumeurs se propagent plus la société perd de sa valeur, de son influence et de sa crédibilité. La marque de fabrique Ben Ali a été balayé d'un revers de main par les critiques des médias et par les racontars. Je ne sais même plus qui je suis, pour certains une p*te, pour d'autres une fille de voleuse, une sale arabe, une "bad girl". J'ai beau douter, je sais que mon père est honnête et qu'il n'aurais jamais fait ce dont on l'accuse, "si un jour tu oublie que tu est Mia Ben Ali, souviens toi que je suis Mohammed Ben Ali et que je t'aime". Il me manque c'est atroce, c'est pas par vague, c'est constant. J'essaie de faire face à la situation, de redresser la barque même si c'est dur. Je veux rendre fier mon père, et laver son honneur.
J'ai l'état d'esprit de Churchill au début de la seconde Guerre Mondiale.  Son discours prononcé devant la chambre des communes m'a profondément marqué : "Je n'ai rien à offrir que du sang, du labeur des larmes et de la sueur". C'est le cas de le dire, je n'ai rien d'autre à offrir. Tout le monde va de l'avant, j'ai l'impression d'être en mode "pause" tandis que le monde entier et les gens autour de moi sont en accélérés. Mes frères et sœurs vaquent à leurs occupations, ils n'en ont rien à faire de toutes ces rumeurs, ils ne sont plus habitants de l'hexagone depuis belle lurette ! Puis les avoirs gelés, l'héritage et les capitaux sont le cadet de leurs soucis, papa les a aidé à démarrer leur carrière et maintenant qu'ils excellent et qu'ils ont des millions de côté ils s'en fichent. Ça me rends folle de les voir reprendre leurs vies respectives comme si de rien était, papa méritait-il autant d'ingratitude ? Alors c'est ça la vie ? On est tous condamné à l'oubli ? Papa a fait tellement de bien tout au long de sa vie mais on ne cherche qu'à lui coller des défauts et des erreurs qu'il n'a pas commise pour le diaboliser. Fait 23h59 de bien et une minute de mal, et tout ce qu'on retiendra c'est le mal que tu a fait. C'est tout à fait cela. Sauf que lui ne mérite pas ce déferlement de haine. D'autant plus que les gens crachent dans la fontaine où ils ont bu quand ils avaient soif, car il avait un très bon contact avec les journalistes et Avec le monde en général. Maman est partie au bled quelques temps car elle ne supportait plus la une du journal télévisé et les gros titres des magazines. Safa, elle, depuis que les vivres sont gelés et la maison sous hypothèque elle snap des fonds noirs estampillés "SOS dépress". Elle n'arrive pas à joindre les deux bouts, et en règle général elle aurait résolu tout ses problèmes par son traitement préféré : du shopping. Sauf qu'elle ne peut plus se le permettre. Mes frères l'entretiennent pour le moment seulement je sais que ça ne durera pas et qu'ils ne sont pas aussi généreux que papa. Safa souffre beaucoup de la disparition de papa et elle m'en veux toujours autant, j'aimerais être La pour elle mais je ne peut pas. Question de fierté ? Non pas vraiment. Je ne pense pas être enflée d'orgueil, au contraire, je m'en veux moi aussi, mais Safa devrait me rassurer et non pas m'enfoncer. Notre famille est ruinée, je me voyais deja entrain de dormir sous les ponts et de faire la queue a La Croix rouge pour un repas chaud. Je n'ai meme plus de quoi payer de l'essence, ça devient critique. L'entreprise concurrente nous vole tout nos clients, c'est la loi de la jungle. Le plus gros mange le plus petit, sauf qu'avant c'est nous qui mangions "les plus petits". Nous étions les indétrônables numéro 1. Nous en sommes arrivés la à cause de pures spéculations. Je dois établir un démenti en bonne et due forme. C'est ma seule chance de faire un mea culpa publique et de rendre à César ce qui appartient à César. J'ai du retourner en cours, j'ai eu un entretien avec le directeur au sujet de mon avenir. Il m'a fait comprendre avec diplomatie qu'il ne voulait pas que sa prestigieuse entité soit mêlée à quelconques malversations. J'ai essayer de sauver les meubles au maximum et logiquement je pourrais retourner en cours quand le nom de mon père sera totalement blanchi. Si tant est qu'il le soir dans un futur proche .. J'ai eu le, comment dirais-je ? Déplaisir de croiser Aaron. Je vous avoue qu'il m'a terriblement manqué mais le moins que je puisse faire c'est de rester célibataire a vie apres l'incident de l'hôpital et tout ce qui s'en est suivi. Mais le cœur à ses raisons que la raison ignore je dois bien l'admettre. Quand je l'ai vu débarquer au loin j'ai tout fait pour ne pas le croiser, je me suis précipitée au toilette. Pendant une bonne dizaines de minutes j'y suis restée enfermée en pensant qu'il partirais. Je me suis fourvoyée, quand je suis sortie il était la, devant la porte.
- Qu'est ce que tu veux Aaron ?
- Mia tu peux pas m'ignorer comme ça, tu peut pas me laisser sur le carreau des que t'a un soucis, je suis là pour toi ! Je l'ai toujours été !
- Aaron je m'en fiche ! On est pas fait pour être ensembles ! Laisse moi tranquille si je t'ignore c'est pour une bonne raison.
- Mia je ne peut pas te laisser.
- Ah bon ? Et pourquoi ? C'est pas compliqué pourtant.
- Parce que je t'aime Mia ! Et je sais que tu m'aimes aussi. Je ne suis pas aussi facile à décourager. Quand j'aime, je me bats, et pour toi je me battrais pendant des décennies. Je veux mériter ton amour, je serais toujours la Mia ce n'est pas que des paroles. Je sais que tu traverse des moments difficiles et que tu est le genre de fille qui se cache pour pleurer meme si son cœur saigne, tu n'aimes pas attiser la pitié, je sais tout ça. Tu a besoin de quelqu'un pour t'épauler et je suis ce quelqu'un. Laisse moi être là.
Je suis bouchée bée. J'ai peur du pouvoir qu'Aaron a sur moi. Un seul mot et il me contrôle. Je dois réfléchir.