4: Une menace asservie

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Sur la même planète...

La fenêtre offrait une magnifique vue sur la planète bleue.

Celle-ci tournait sur elle-même tout en continuant sa révolution autour de son étoile, dévoilant ses innombrables mers et océans. Il n'y avait pas de continents comme ceux des autres planètes, seulement des îles par ci par là.

Toute cette eau, recouvrant la quasi-totalité du corps céleste... Cela donnait des frissons de dégoût au commandant.

Comment pouvait-on montrer son courage, sa valeur et prouver que l'on méritait de vivre si on n'avait pas besoin de se battre pour accéder aux besoins primaires ? Sans nul doute que les espèces habitant cette planète étaient faibles, pathétiques et sans valeur : ses soldats ne risqueraient rien.

Ses minuscules yeux noirs observèrent les vaisseaux fonçant dans l'atmosphère pour aller remplir leur mission. 

Neînur avait bien cru qu'il ne pourrait pas remplir cette mission, sa mission, car, pour ce faire, il fallait rejoindre les peuples barbares habitant sur différentes planètes. Et pour les rejoindre, il fallait aller dans l'espace. Or, contrairement à leur Père, les dragons et démons ne pouvaient respirer dans l'espace.

Pour pouvoir convenablement réaliser les souhaits de leur Père, il avait fallu que les deux peuples en guerre éternelle fassent une trêve et s'allient : ainsi, la connaissance des démons s'était associée à la puissance des dragons. Travaillant main dans la patte, ils avaient pu créer ces formidables vaisseaux, assez grands pour contenir une demi-dizaine de dragons, assez résistants pour ne pas se dématérialiser durant la traversée des différentes atmosphères et assez rapides pour ne pas mettre à rude épreuve la patience des dragons : il était difficile d'assurer la sécurité des démons si, à être confiné de la sorte pendant des semaines et importunés par le gazouilli des démons, l'un des dragons décidait d'en croquer un ou deux. 

Ces géants reptiles n'obéissaient à aucune loi autre que la leur, ne rendant de comptes à personne. Du moins, à personne d'autre que leur Père, et Neînur lui-même :  il était le plus puissant de son espèce et nul n'oserait désobéir à ses ordres. Après leur Père, il était celui qui avait légalement le droit de vie et de mort.

En plus du petit maigrichon... soupira le grand dragon, en jetant un coup d'œil au commandant des démons qui faisait les cent pas.

Chaque espèce avait son commandant qui n'obéissait qu'à leur père. Si Neinur était un choix évident, Abakon l'était moins. D'une taille naine, ne dépassant pas les un mètre quatre-vingt, il n'était absolument pas effrayant. Ses muscles laissaient à désirer, de même que sa force, sa rapidité, sa technique. Il n'était même pas un fort tacticien comparé à ses compères : sans nul doute qu'il avait été choisi par leur Père pour rappeler aux démons que même leur représentant n'était rien face aux dragons. Ce qui était parfaitement vrai.

— Je pense toujours qu'il faudrait descendre... grommela le démon de sa voix fluette.

Vous savez donc penser... ricana le grand commandant en lui transmettant ses pensées.

Les dragons ne pouvaient parler comme les démons puisque leur articulation était quasi nulle. Ils s'exprimaient donc bien souvent par leurs rugissements, les plus bas étant ceux d'avertissement, les plus bruyants ceux de colère et de défi, les plus aigus ceux de peur et les plus doux ceux de tendresse. Pour le reste, s'ils jugeaient avoir besoin d'approfondir la discussion, ils transmettaient leurs paroles par la pensée. Tout était une question d'entrainement, les plus forts pouvant les transmettre en même temps à un grand nombre de personnes.

La Bataille des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant