3: Un amour menacé

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Sur une autre planète

~Eurydice puis Jonathan~

Une nouvelle vague fit onduler ses épais cheveux rouges, tandis qu'elle soupirait de satisfaction.

Tout se déroulait comme prévu.

Tous ses proches étaient auprès d'elle pour ce grand jour qu'était celui des lumières. Les dix premières années de la vie de tout enfant étaient dites "brouillardeuses" car il apprenait tout seul et selon ses expériences. Le peuple sirène pensait qu'il fallait laisser l'enfant analyser son environnement par lui-même, avant de lui apprendre l'Histoire et les dangers. Ainsi, nul ne pouvait l'influencer, pour qu'il puisse se forger sa propre opinion et en discuter durant le service civil. 

Celui-ci se déroulait pendant un an, durant la dixième année de vie de l'enfant. Ainsi, chaque année, toutes les sirènes et tritons âgés de dix ans quittaient leur famille pour rejoindre le conseil des Sœurs, les sirènes les plus âgées qui souhaitaient se retirer de la société. Ils apprenaient donc l'Histoire de leur planète, de l'univers, du peuple sirène, du peuple humain. On leur expliquait alors pourquoi les humains étaient dangereux et pourquoi il fallait sans cesse les gronder.

A la fin de l'année, la journée des lumières concluait l'apprentissage par une grande fête : celle d'Eurydice se déroulait sur la place de son village, une belle étendue à plus de dix mètres de profondeur, au sable fin et doré dans une eau turquoise. Quelques coraux étaient établis par ci par là et des poissons tropicaux nageaient en banc. 

La petite sirène aperçut au loin sa mère habillée chiquement puisqu'elle portait la nouvelle collection de son mari. Sa mère était coiffeuse tandis que son mari était styliste. Des coquillages étaient accrochés tout le long de sa queue de poisson. On retrouvait ainsi des bigorneaux, des palourdes, des moules ; différents types de mollusques. C'était la nouvelle mode qu'avait lancé le père d'Eurydice : « soyez stylé en aidant la vie marine ».

Sa tante, aux cheveux vert pomme, travaillait dans le marketing. C'était elle qui promouvait sa sœur et son beau-frère. Accompagnée de son mari qui était comptable, ils formaient à eux quatre l'entreprise Bigorneaux family qui était en plein essor.

Eurydice regarda sa marraine qui tentait de convaincre le cuisinier de lui resservir des algues confites. Avec ses cheveux bleu électrique, on aurait pu penser qu'elle était chanteuse, mais non, c'était une vétérinaire. Elle était l'idole de sa filleule, qui rêvait elle aussi d'aider les animaux car les blessures n'étaient pas choses rares à cause de ces satanés humains ! Étaient-ils obligés de sans cesse mettre en danger leur belle planète Okéanos ?

Plus loin, elle put voir son cousin, aux cheveux rose corail, une couleur qui lui allait à merveille. Si les tritons avaient du mal à porter les cheveux courts, pour son cousin, ce n'était pas un problème. Bien qu'ils soient sans cesse décoiffés, ça lui donnait justement une signature propre. Etant aventurier, il chassait les trésors, du moins se le disait être.

Quant à la sœur de cet aventurier, elle n'était toujours pas là.

Eurydice savait où elle était et surtout avec qui.

Ne pas venir à ma fête, alors qu'elle est avec ce stupide humain...

La sirène aux cheveux rouges se détourna de sa fête et nagea vers la crique, à quelques minutes de là. 

Sa cousine Nymphéa était bien trop inconsciente ! Elle l'était à vrai dire depuis sa visite à la cour. La société sirène reposait sur différentes monarchies, qui s'occupaient de diverses régions d'Okeanos. Chaque monarchie était dirigée par une reine et son conseil. Il n'y avait nulle taxe, nul impôt. Il fallait seulement leur offrir un certain prix lorsqu'on requérait leur attention, pour un problème rencontré. Après tout pourquoi devait-on sans cesse verser un tribut à une cour qui ne nous aidait pas tout le temps et non à une coiffeuse ?

La Bataille des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant