La Bataille des Éléments

9: Une jeune fratrie

Des éclats de rire retentissaient alors que les quatre enfants jouaient ensemble : ils lançaient différents projectiles sur une cible comme au bon vieux temps, lorsqu'ils étaient encore dépendants de leur mère et qu'ils vivaient chez elle.

Ainsi, deux équipes s'opposaient : l'ainé associé à la benjamine jouaient contre leurs deux autres frères. Celle-ci était émerveillée par la rapidité et la précision de son grand frère. Dès qu'il lançait, son tir faisait mouche. Il était le plus fort de la fratrie et ce depuis toujours. Ses cheveux naturellement noirs étaient à présent rouges. Elle ne savait pas d'où lui était venu cette envie mais il avait fière allure. L'adolescent avait pris des couleurs depuis et son teint était à présent hâlé.

Elle, n'avait pas changé. Ses cheveux restaient toujours aussi blonds que le blé, ses yeux verts rappelaient les forêts et sa peau brune la terre nourricière.

La benjamine jeta un coup d'œil à ses deux autres frères. Le cadet arborait toujours ses cheveux naturellement blancs, avait gardé sa peau diaphane. Ses yeux gris compétaient ce tableau enneigé. 

Son dernier frère avait laissé ses cheveux noirs pousser, depuis. Ses yeux d'un bleu océan analysaient toujours n'importe quelle situation, tandis que son cerveau bouillonnait. Il était sans cesse en train de penser ou faire quelque chose. Il était impossible pour lui de rester tranquille, sans bouger.

L'adolescent aux cheveux rouges se retourna vers elle et sourit, chose rare : il avait tendance à être grognon et de mauvaise humeur, mais près de sa petite sœur il était heureux.

—  Prête, Terre ?

La petite fille acquiesça et rattrapa la météorite qu'il lui lançait. Elle sauta du satellite de Bellum, sur lequel ils étaient, et la lança dans l'étoile. Son tir fit à son tour mouche.

— Et c'est la victoire pour la meilleure équipe de tous les temps ! s'écria Feu tandis que sa petite sœur se jetait dans ses bras.

Leurs deux autres frères râlaient dans leur coin. Le second de la fratrie n'aimait pas les jeux de force bien qu'il soit plutôt agile : sa météorite ferait toujours mouche s'il la lançait avec plus d'entrain. Mais en tant que grand flemmard, il ne faisait pas plus d'effort. De son côté, le troisième de la fratrie râlait car nulle connaissance de l'Univers lui permettrait de vaincre son grand frère à ce jeu. Et il détestait plus que tout la facilité de son ainé à entreprendre quelque chose sans se renseigner à l'avance.

— Je suis un peu fatigué personnellement, bailla Air en s'étirant. Vous ne voulez pas rentrer ?

Les trois autres acquiescèrent et ils prirent leur première forme d'entité.

Toute entité possédait deux formes. La première était la primitive, celle qu'ils utilisaient pour se déplacer rapidement : leurs particules étaient regroupées en nuage, de différente couleur selon l'entité. La deuxième était plus matérielle. Ainsi, ils prenaient une forme humanoïde et pouvaient porter des objets ou s'assoir. Leur taille dépendait de leur envie.

Leurs peuples étaient à leur image : humanoïde, avec des caractéristiques distinctes selon la personnalité de leur créateur : Terre, centrée sur la nature, avait fait de ses elfes de parfaits compagnons des animaux ; Air, un brin flemmard, avait permis à ses anges de voler, plutôt que de marcher sur de longues lieues ; Eau avait offert à ses sirènes une queue de poisson pour qu'elles se déplacent efficacement sous l'eau ; Feu avait donné à ses démons des cornes pour qu'ils puissent se défendre. Seuls les dragons s'écartaient de ce schéma.

Les quatre nuages descendirent sur Bellum, la planète-image de Feu. Massive, on y trouvait des déserts de sable doré, rouge ou orange, ou encore des étendues désertiques : des hautes falaises rouges les parsemaient. On pouvait aussi tomber sur des volcans, effusifs comme volcaniques.