Chapitre 18

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Impossible. Impensable ! Ils ne pouvaient être là, déjà ! C'était trop tôt, beaucoup trop tôt ! Ils n'étaient pas prêts...

-Papa... Gémit Maddie dans un souffle apeuré.

Aless attrapa la main de sa sœur et la serra fort. Ils avaient peur. Très peur. A l'instant même où la porte avait été fendue en deux, un froid intense s'était engouffré dans toute la maison et avait prit possession d'elle, comme si, maintenant, elle n'appartenait plus à la famille Greyver mais à leurs poursuivants.

Des bruits de pas lourds se firent entendre, accompagnés de grognements hideux, bestiales. Aux respirations rauques, on pouvait très facilement deviner que les Goodrins étaient une bonne douzaine.

Une bonne douzaine.

Non ! Non ! Il ne fallait pas céder à la panique, pas maintenant !

-Papa... ? Demanda Madoka dont la voix montait dans les aiguës, que... Qu'est-ce... Que fait-on ?

Mais avant que Célio ai pu répondre à sa fille, une voix grave et forte, venant des escaliers, parvint à leurs oreilles :

-Inutile de vous cacher, héritiers de Tenmagia et d'Eaôsse. Je sais que vous êtes ici. Notre chère troupe de Goodrins retourne en ce moment-même toute votre maison. Allons, ne faîtes pas vos capricieux et venez.

Comme pour confirmer ses dires, un bruit de fracas se fit entendre du salon. Les bêtes devaient être en train de saccager le rez-de-chaussé.  

Lentement, Célio ferma la porte à clef, sans bruit, tandis que, dans l'escalier, les pas de l'inconnu se rapprochaient, angoissants, comme les messagers d'un malheur proche. L'homme resta une minute sans bouger, adossé contre la porte. Les jumeaux attendaient, plus inquiets que jamais, leurs mains entrelacées devenues moites à cause du stress et de la force avec laquelle ils s'accrochaient l'un à l'autre.

-Madoka, Alessandro, murmura Célio sans bouger, je vais vous dire comment fonctionne un Poignard d'Aömbre. Ensuite, je ferais diversion tandis que vous, vous partirez pour Aranïi.

-Quoi ?? S'écria Alessandro.

Son père se retourna, un doigt sur ses lèvres. En bas, il y eut de nouveaux bruits de meubles fracassés, et l'inconnu donna l'ordre de monter. Il n'y avait plus de temps à perdre.

-Les enfants, écoutez, continua Célio en essayant de garder le contrôle de sa voix, le temps nous est compté, et les Goodrins vont d'une minute à l'autre s'attaquer à l'étage. Vous ne pouvez plus attendre.

-Mais tu dois venir avec nous ! Répliqua Madoka, crois-tu vraiment que nous aurons la force de t'abandonner aux griffes de ces bêtes ? Et puis comment ferons-nous, Aless et moi, une fois à Aranïi ? Nous ne connaissons rien de cet endroit !

Célio regarda ses enfants et ses traits se tordirent de tristesse. Il essaya tout de même d'afficher un sourire. Un tout petit.

BAM ! BAM ! BAM ! On montait les escaliers. Des ordres - ou plutôt des aboiements - furent donnés, suivis de grognements hideux et de claquements de mâchoires secs. Puis, une série de beuglements gras répondirent aux ordres.

-Vous ne pouvez pas vous cachez ! Ricana la voix de l'inconnu humain - mais était-ce bien un humain ? -, venez à nous sans faire d'histoire. De toute façon, ce n'est plus qu'une question de temps avant que nous vous retrouvions ! 

Célio se détacha de la porte pour se pencher vers ses enfants. Ils étaient tellement paniqués... Mais il n'avait pas le choix. Il leur montra le Poignard.

-Fondez l'air d'un coup sec, sans hésitation, leur expliqua-t-il, de la tension dans la voix alors que les bêtes s'attaquer aux chambres, une fois que la Brèche se serra ouverte, partait immédiatement, ne vous retournez pas. Cela vous mènera à l'Ouest de Capréïa, dans une forêt, si la géographie n'a pas changée. Ensuite, il devrait s'écouler cinq à dix minutes avant que le passage ne se referme. Je devrais occuper nos assaillants durant ce laps de temps.

Madoka se précipita dans ses bras. C'était impossible... Impossible ! Elle allait se réveiller ! Pourtant, les bruits provenant du couloir étaient bien réels, signe que les Goodrins les recherchaient et, bientôt, les trouveraient. Certes, il n'y avait pas une minute à perdre, mais... La jeune fille ne pouvait pas abandonner son père. Pas comme ça.

-Pas question que tu restes là ! S'indigna Alessandro en pleurant, on part tous ensemble, ou nous restons tous ici !

Son père agrippa les épaules du jeune garçon et le secoua brièvement. Derrière lui, les pas étaient de plus en plus proches et on commençait à taper à la porte.

-Aless, vous devez partir. Il est trop tard pour l'héroïsme. 

Un éclat de la porte fusa, manquant de peu Madoka.

-Nous les avons trouvés !!! Hurla la voix du meneur de la troupe, triomphante et excitée.

En un geste vif et précis, Célio s'empara du Poignard d'Aömbre et déchira l'air. Une brèche s'ouvrit alors, blanche, aveuglante.

-Prend soin de ta sœur, souffla-t-il à son fils qu'il tenait toujours par les épaules.

-Non, attends !!! Hurla celui-ci.

Mais trop tard. A peine eut-il comprit ce qu'il se passait que son père le poussa à travers le passage. Sous les yeux affolés de sa jumelle, Alessandro avait été avalé par la lumière.

-Papa, je... Murmura alors la jeune fille.

Son père regarda un bref instant les beaux yeux de Maddie. Les mêmes qu'Izora, sa mère, la femme qu'il avait jamais aimé. 

-Sachez que vous avez toujours été mes uniques enfants. Et vous le serrez toujours.

La porte explosa en un million de copeaux de bois, et Maddie eut juste le temps de voir un homme habillé de noir et aux traits de visage tordus par la colère - ou la peur ? - suivit par des bêtes hideuses et difformes, avant de plonger dans le néant de l'espace.

Aranïi tome 1 : Les héritiersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant