Chapitre 26

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Ils n'y arriveront pas... Ils n'y étaient pas préparés... Que fallait-il faire ?

-Veuillez nous donner vos noms et prénoms complets, ainsi que votre ville ou village et date de naissance, je vous prie, ordonna le Premier ministre de Capréïa, Chiaro Bastia.

Les jugés se regardèrent, l'angoisse se lisant sur le visage de chacun. Finalement, Lugio prit la parole le premier :

-Lugio, Piero Moritti, né au village Prechto, le 23 Zenpal, répondit-il en s'éclaircissant la gorge.

Aussitôt, un homme assis dans les tribunes tapota les informations donnés sur une tablette d'argent très fine, et hocha la tête en signe d'accord.

-Il dit vrai, Excellence.

Chiaro se tourna alors vers les jumeaux, lesquels baissèrent la tête, désemparés.

Que fallait-il faire ? Que dire ? Ils ne pouvaient pas continuer à mentir.

Madoka s'avança alors, la tête haute, essayant de paraître le plus sincère possible. Hélas, les tremblements de ses bras et jambes affirmaient le contraire.

-Je... Je suis... Madoka Fuego... Greyver, et je suis née... à...

Alessandro la regardait gravement. Qu'espérait-elle en mentant de la sorte ? Elle ne pouvait pas inventer une ville ! Elle ne devait pas... Elle ne pouvait pas...

-Oui ? L'encouragea la femme aux cheveux courts, à côté de Chiaro.

-Je suis née à...

Personne ne les croirait.

 Ils allaient finir en prison.

Et tout cela n'aurait servi à rien.

Madoka se tourna vers son frère, lequel continuait à la fixer, une expression froide gravée dans ses yeux. Elle ne devait pas faire ça. 

Soudain, Alessandro remarqua la lueur de peur qui scintillait dans le regard de sa sœur. C'était petit et très faible, mais bien là. Et le jeune garçon comprit : Madoka ne savait pas quoi faire. Pour peut-être la première fois, Madoka, sa parfaite sœur jumelle à qui rien n'échappait, et dont les problèmes finissaient toujours par être résolus dans la plus grande maîtrise, ne savait pas quoi faire. Et avait peur de parler.

C'était donc à lui de lui venir en aide. Et de s'imposer.

-Eh bien, mademoiselle, que vous arrive t-il ? Lui demanda alors le Premier ministre, en se redressant sur son siège et fixant ses yeux de braises sur une Madoka paniquée.

-Nous ne venons pas de Capréïa, Monsieur, s'écria soudain Alessandro en s'avança.

Tous les regards pivotèrent vers lui.

-Ni même d'Agapé, d'ailleurs, poursuivit-il.

Des murmures fusèrent dans toute la salle. Partout ce n'était que protestations et affirmations de démence, tandis que d'autres se posaient des questions entre eux ou à qui voulait bien les entendre. Même la femme aux cheveux courts se penchait en avant pour parler à l'homme, que l'ambiance semblait aussi avoir réveillé. Seul le Premier ministre, Chiaro, ne parlait pas et fixait d'un œil indéchiffrable Alessandro, lequel le regardait également, sûr de lui.

-SILENCE !!! Cria soudain Chiaro.

L'assistance se tut instantanément face à la voix de stentor du Premier ministre. Leurs regards sautaient de leur Premier ministre au jeune garçon, qui n'avait toujours pas bougé. Madoka, quant à elle, ne cessait de jeter des coups d'œil partout où ses yeux pouvaient se poser, et Lugio, pareil aux hommes et aux femmes assis dans les tribunes, gardait la tête tournait vers Alessandro.

Aranïi tome 1 : Les héritiersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant