Chapitre 23

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Alessandro ouvrit les yeux, réveillé par des cris d'oiseaux étranges provenant des arbres aux alentours. Il se redressa dans son lit, et regarda autour de lui : Madoka dormait toujours, dans le lit voisin. Il ramena son regard vers la pendule accrochée au mur, la même que celle se trouvant dans la salle à manger. Apparemment, l'heure ici sur Aranïi était la même que celle de la Terre, malgré un simple décalage horaire. Il était donc six heures quarante-trois. Le soir précédent, Lugio leur avait dit qu'ils devraient se lever vers sept heures, pour que son père puisse les emmener à Prechto à temps. Là-bas, ils loueraient un jett, lequel les conduiraient à Ourjud, une grande ville commerciale, où ils dormiraient, avant de repartir et arriver en fin d'après-midi à la capitale Kaldia. Aless soupira. Lui qui n'avait pas l'habitude des grands voyages, voilà qu'il se retrouvait propulsé sur une planète inconnue, et parcourir tout l'Ouest de celle-ci ! De quoi casser ses habitudes...

Et puis, il y avait Lugio, dont le jeune garçon se méfiait. Bien sûr, il avait accepté de les conduire à Kaldia, contre le simple achat d'une Blase - un autre problème à régler - mais ce n'était pas une raison pour lui accorder sa confiance. Au départ, Aless avait eu peur que, à l'inverse de leur fils, les parents de Lugio ne prennent pas au sérieux l'histoire racontée par Maddie. Mais finalement, Bianca et Duke Moritti s'étaient montrés très gentils et compréhensifs. Le soir, après que le frère et la sœur aient prit une douche dans deux salles de bains différentes - la maison était encore plus grande de l'intérieur que de l'extérieur - Bianca s'était étonnée des drôles d'accoutrements dont étaient vêtus les jumeaux, et, étant une fine couturière à Prechto, elle avait insisté pour leur confectionner des habits légers mais robustes, digne des vrais habitants de Capréïa. Cela lui avait prit une bonne parti de la nuit, Alessandro ne voyant la lumière de l'atelier de la femme s'éteindre seulement à partir d'une heure du matin, quand il était parti chercher de l'eau dans la cuisine. Le jeune garçon avait alors ressenti un pincement au cœur, en pensant à ce que cette famille faisait pour eux, eux qui étaient de simples inconnus.

Alessandro se laissa retomber sur son oreiller. Pour le moment, tout se passait bien : personne ne se doutait qu'ils étaient des "aliens" venant d'une planète jumelle à celle sur laquelle ils se trouvaient, aucune attaque de Goodrins à l'horizon - les créatures avaient dû perdre leur trace - et ils avaient l'opportunité de se rendre à la capitale. Et en toute sécurité.

Oui mais, une fois arrivés au palais royal, que se passerait-il ? Qui était le dirigeant de Capréïa, maintenant ? De plus, lui et Maddie ne pourrait pas se présenter à lui en prétendant être les enfants d'Izora et de Brihms, l'ennemi juré de celle-ci. Personne ne voudrait les croire.

D'après Madoka, il fallait laisser le temps au temps. D'abord ils devaient atteindre la capitale, et ensuite ils verront pour ce qui était de la question des "héritiers perdus". Son frère, quant à lui, ne pouvait s'empêcher de voir négatif. Et tout ce qu'il pouvait faire pour se rassurer, c'était d'espérer que la jeune fille avait raison.

De grands coups à la porte le sortirent de ses pensées. Aussitôt, Aless bondit de son lit, prêt à attaquer, se rappelant alors de la porte d'entrée qui avait exploser en milliers de fragments de bois, lors de l'offensive des Goodrins pour s'emparer de lui et de sa jumelle.

-Debout, là-dedans ! Cria alors la voix froide de Lugio, c'est l'heure de se lever !

Le jeune garçon soupira et se radoucit, en même temps que Lugio s'éloignait dans le couloir.

Madoka se réveilla, péniblement.

-Que... Qu'est-ce qu'il se passe ? Marmonna-t-elle d'une voix endormie.

-On doit se lever, répondit son frère, qui alla ouvrit les volets en même temps que les fenêtres.

Sa jumelle grommela et disparut une seconde sous les couvertures. Puis, elle réapparut, toute joyeuse et réveillée, en allant ouvrir la porte. Au moins, elle ne changeait pas, toujours fidèle à sa nature optimiste.

Aranïi tome 1 : Les héritiersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant