Aranïi tome 1 : Les héritiers

Chapitre 31

Aless n'en revenait pas. Des autographes. Il signait des autographes ! De dizaines d'élèves, qui plus est...

Alors qu'Eméra emmenait les jumeaux à la rencontre du professeur Mirin, dans les couloirs Est, une troupe d'étudiants, sans doute âgés de seize à dix - huit ans, avait comme surgis de nulle part, crayons et feuilles en l'air, harcelant presque les jumeaux pour qu'ils leur signent des dédicaces et autres mots. Enfin, seulement Alessandro avait droit à toutes ces éloges, les étudiants prenant grand soin d'éviter Madoka qui restait en retrait, bras croisés et mains rentrées contre sa poitrine en un geste frustré.

-Pouvez - vous nous faire une démonstration de votre pouvoir, prince ? Demanda alors un des étudiants, un grand blond à lunettes démesurées.

Les élèves acquiescèrent à leur tour. Ils avaient l'air très excités à l'idée qu'Alessandro puisse faire apparaître le feu sacré, le Don de Capréïa que l'on croyait à jamais disparu.

Le garçon, si encouragé et félicité par des plus grands que lui, se sentit confiant et remonté à blocs.

Il signait des autographes, pardi ! En fait, il se sentait de plus en plus confiant, lui qui n'avait jamais vraiment trouvé sa place sur Terre, toujours rejeté et seul... Et voilà que, arrivé sur une autre planète, on le traitait comme le prince qu'il était et il signait des autographes ! Comme cette sensation d'être quelqu'un était grisante !

-Je serai ravi de vous montrer toute l'étendue de mon pouvoir, avoua t-il à la cantonade, malheureusement nous sommes attendus par le professeur Mirin, et il serait dommage de le faire attendre. Un autre jour peut être ?

Les étudiants semblaient déçus. Ils n'avaient pas eu l'occasion de voir de leur propre yeux le Don Sacré de Capréïa brûler de vie, eux qui en avaient entendu parler toute la journée ! Cependant, ils ne s'éclipsèrent pas pour autant, restant bavarder joyeusement avec l'héritier du trône.

-Hum hum... Toussota Eméra, Alessandro ?

Le jeune garçon signa trois ou quatre papiers et cahiers et s'extirpa de la cohue non sans lancer un dernier salut princier.

Eméra chassa la foule et conduit les jumeaux à la grande salle de classe dorée de Mirin.

Après avoir frappé au lourd battant de bronze, l'homme vint leur ouvrir, son visage plissé par la peur et la timidité - pour changer de d'habitude.

-Oui ? C'est pour... ? Marmonna t-il.

Lorsqu'il aperçut Aless et Maddie son regard s'éclaira.

-Oh ! Mes jeunes élèves ! Je vous attendais avec impatience, entrez, entrez, les pressa t-il.

Eméra adressa un sourire rassurant au frère et à la soeur pour les convier à entrer. Aless suivit donc sa jumelle qui entra avec empressement dans la salle de classe.

-Je te confie donc nos héritiers, Mirin, dit - elle en restant au pas de la porte. Pour ma part, je dois retrouver Chiaro. Avec toute cette histoire, nous en avons du pain sur la planche !

Sur ce, elle esquissa un de ses sourires charmeurs et disparu dans le couloir.

-Bi-bien, bégailla le professeur. Aujourd'hui, nous ne ferons pas de cours à proprement p - parler. Il faut que nous construisons un emploie du temps en fonction de tout ce que vous avez à apprendre sur notre monde. Êtes - vous d'ac-c-cord ?

Les jumeaux hochèrent la tête à l'unisson.

Mirin afficha un sourire satisfait et s'avança alors vers l'immense tableau vert, lorsque l'ouverture à la volée de la porte lui fit faire un bon d'un mètre quarante.