Super Mal éradiqué ?

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Le truc avec l'espoir c'est qu'on ne peut pas le tuer.

Et le truc bien c'est que parfois, on a pas besoin de souhaiter sa mort.

Je pensais avoir cessé d'espérer lorsqu'une blouse blanche me retira les liens de mes poignets. Alors que j'allais charger comme une furie, (enfin essayer puisque mes forces devaient être égales à celles de la mère de Bambi après qu'elle se soit prit une balle) je reconnus les yeux d'Hell. Il me fit signe d'être discrète et je bénissais les cieux, me promettant de faire des offrandes à Jésus, Rha et même Zeus !

Hell m'aida à me mettre debout, puis vu mon échec lamentable à tenir debout, il du me porter. Pendant ce temps, Nox jetais la gamelle d'eau à la tête de Véro avant de lui mettre une main sur la bouche pour étouffer son cri.

J'aimerais pouvoir précisément décrire la suite mais je suis tombée dans les vapes tant de fois que je suis étonnée de ne pas avoir été abandonnée en chemin.

Véro revêtit elle aussi une des blouses blanches, et moi, on me mit dans un brancard sous un drap et je devais jouer à la morte. A partir de ce moment-là, je n'entendis plus que des portes s'ouvrirent, le bruit des roulettes sur du carrelage, et parfois quelques voix étouffées. 

" Que transportez vous ? demanda une voix inquisitrice."

Sous mon drap, ma respiration se coupa d'elle même et mon corps devient aussi rigide que celui d'un cadavre tant tout mes muscles étaient tendus (et douloureux.)

" Il s'agit d'un cobaye qui n'a pas survécu à l'étape quatre, expliqua Nox, très convaincant dans son rôle d'acteur.

_ Quel numéro ? s'acharna la voix.

_ 08, répondit Nox."

Le silence se fit. Et je bouillonnais sous mon drap. Pense cadavre Grenie, me flagellais-je. Un bruit sourd rompit le silence.

" Maintenant, ordonna Nox."

Mon brancard roula à vive allure, et des pas de courses résonnèrent sur le carrelage. Je m'interdisais tout mouvement, ne serait-ce que celui d'ouvrir les paupières ou mes poumons, jusqu'à sentir l'air froid sur ma peau. Une fois dehors, mon repos fut de courte durée.

Hell ôta le drap, et m'aida de nouveau à me mettre debout. Nous étions derrière une clôture de fils barbelés. Je voyais enfin l'ensemble du bâtiment dans lequel j'avais passé les pires jours de ma vie. Un banal entrepôt qui hanterait tout mes rêves à présent.

Un vanne noir s'arrêta devant nous et mon cœur s'arrêta. Judas le conduisait, et les portes arrières s'ouvrirent. Sans que je ne puisse dire quoi que ce soit, Hell et Nox nous chargèrent, Véro et moi, à l'intérieur.

" Judas nous a aidé à vous sortir de là, expliqua Nox, il nous a dit quoi dire, et comment agir."

Toutefois, je ne faisais absolument pas confiance à Judas, mais je n'avais pas vraiment d'autre option en ce moment là.

" Juste éloignons nous de cet endroit, dit Véro froidement."

J'allais ajouter quelque chose, mais ma voix resta bloquée au fin fond de mes cordes vocales. Je portais mes mains à ma gorge, et je compris que c'était grave à travers les yeux tristes d'Hell. 

Il y avait donc d'autres cobayes comme moi, et ces fous avaient mit au point des étapes, un protocole... J'essayais tant bien que mal de me concentrer sur ça, de réfléchir, mais mes méninges ne m'étaient pas plus utile qu'une serpillière.

Nous nous arrêtâmes dans un ancien motel, maintenant abandonné comme tout le reste. J'en profitais, avec effort, pour prendre une douche et me retrouver un peu seule. L'eau froide me fit du bien, atténuant un peu la douleur que je ressentais. 

Une fois sortie de ma douche, la première chose qui me frappa fut la pâleur de ma peau. Je n'avais jamais été aussi pale, même quand j'avais choppé la méningite il y a deux ans. Des cernes bleues entouraient mes yeux, et un abrutit avait dessiné des pointillés au feutre sur mon crane rasé, comme on le fait pour une chirurgie esthétique. La marque des ventouses me faisait l'effet de corne poussant sur mon front, j'étais brûlée à certains endroits. Une importante cicatrice me barrait le côté gauche. Quel organe m'avait-il prit ? Un rein ? L'appendice ? Mes veines étaient bleues elles aussi, à cause des seringues. Mes jambes squelettiques peinaient pour supporter mon corps. Mais le pire de tout, c'était les gonflements au niveau de ma gorge. Judas m'a dit qu'on m'avait coupé les cordes vocales parce qu'ils en avaient marre de m'entendre crier lors de la phase trois. Je ne sais même pas ce qu'est la phase trois. Je ne m'en souviens plus. 

Des larmes roulèrent sur mes joues tandis que j'enfilais les vêtements trop grands qu'on m'avait trouvé. 

Nox entra dans la pièce, et il se contenta de me prendre dans ses bras, sans rien dire. Aucun mot ne devait venir sans doute, il n'y avait rien à dire.

Il me tendit mon carnet. J'en avais des choses à écrire, c'est sûre.

Peu de temps après, on abandonna le vanne et on partit à pied, pour ne plus se faire repérer. Nox et Hell se tenait par la main, et menaient la marche, tout sourire, une hache fixée dans le dos de chacun. Et je me surpris à sourire aussi. Véro me soutenait, mais j'arrivais presque à marcher seule à présent. Elle semblait abattue, sans doute par le poids de la culpabilité, mais elle avait reprit des formes et des couleurs. On allait mieux. On pouvait s'en sortir, j'en étais sûre. Judas fermait la marche, une faucille en main, et ne cessait de jeter des regards en arrière. Il avait des comptes à me rendre, des réponses à fournir.

Demain. Demain je m'en soucierais. Aujourd'hui, je voulais juste profiter de la douceur du soleil sur mon visage, des rires de mes amis à mes oreilles, et de l'espoir battant dans mes veines.

Un son guttural se fit entendre, et un bouffeur-d'organe apparut à la lisière des bois. 

Et c'est reparti pour un tour !

Une Cinglée parmi les ZombiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant