13.

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Ce n'était pas la première fois que ça me prenait. Pas la première fois que je désirais mettre fin à tout. J'y pensais même depuis des années, durant de longues périodes cette idée ne me lâchait jamais. Elle venait emplir mon esprit tout entier sans vouloir jamais s'en détacher. J'avais dû imaginer un nombre incalculable de scénarios. Tous plus dramatique les uns que les autres. Mais il y avait toujours cette idée au fond de moi qui revenait : je ne mourrais pas vraiment. Je louperais mon coup. Je n'envisageais pas le fait de ne jamais me réveiller. De sombrer pour toujours. D'être enseveli dans le néant. Je croyais fermement que si d'une manière où d'une autre je tentais quoi que ce soit pour attenter à ma vie... il y aurait toujours une main pour me secourir. Et, je crois que c'est justement cela qui m'empêchait de faire un seul faux pas. Parce que j'aimais beaucoup trop les autres pour leur infliger une telle peine... Une telle colère aussi. Je savais bien que je les blesserais et les ferais abominablement souffrir. Moi même, je connaissais cette douleur qui s'était emparée de mon être depuis très longtemps.

J'avais besoin de temps... j'avais besoin de ce quelque chose que je n'arrivais pas à trouver et que personne ne me donnerait si je ne forçais pas sur la corde... seulement, je ne pouvais pas par un caprice d'enfant gâté ruiner une partie de ces vies qui m'entouraient... de leur faire lâcher leur espoir. Ce n'était juste pas possible. Je le comprenais bien. Et j'avais moi même trop peur de leur réaction et de la proportion que pourrait prendre ma vie propre... 

Pourtant hier... toutes ces idées me sont revenues. Mais plus fortes que jamais, sans aucune lueur. Il n'y avait que de l'ombre et des abysses autour de mon corps, recroquevillé sous ces couettes. Je n'arrivais même plus à imaginer un futur. Je me disais juste que j'allais mourir et que ce serait tout. Que j'allais cesser de respirer pour toujours, et que mon coeur cesserait de battre. Il n'y avait plus une once de possibilité que cette mort. C'était la première fois que je le désirais autant, à m'en couper la respiration. Parce que j'étais incapable de bouger. Paralysée parce que j'étais beaucoup trop consciente. Parce que je savais que si je faisais un geste ce serait fini.
Hier, je me suis endormie avec cette pensée que rien ne pouvait être mieux que de dire adieu, que de faire une dernière révérence. Toute cette mort m'emplissait en entier. Je crois même que lorsque j'ai fermé les yeux j'ai cru que j'avais cessé d'être.
Pourtant je vis encore...

Je Néant Vide RienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant