Je Néant Vide Rien

38.

Ces moments d'errances au crépuscule où l'on assiégeait le monde en feu me manquent. Lorsque l'ont croyait en tout, que rien ne nous ralentissait. Quant on bravait le noir, et déchirions la nuit de nos rires pour aller narguer le monde de notre innocence... 

Et même si déjà à cette époque on savait que tout était en train de perdre son équilibre, on avait la force d'espérer que tout irait bien. La lueur qui dansait et nous faisait vibrer ne s'éteignait que rarement. On découvrait l'univers entier et c'était passionnant. 

Quand je repense à ce temps là, j'ai l'impression qu'une éternité s'est passée. C'était pourtant il y a seulement quelques années, mais je me sens comme d'avoir vécu dix ans depuis. Le temps nous a marqué plus que l'on ne le pensait . Et beaucoup a disparu depuis. 

On hurlait aux étoiles à quel point on était invincible, à quel point rien ne changerait : qu'on resterait les mêmes. On croyait en nous, et c'est cela qui était magnifique. Tout ce qui était en nous où à l'extérieur on réussissait à le rendre magique. Tout avait de l'importance encore. 

Je voudrais retourner au temps où j'étais persuadée de posséder des pouvoirs magiques qui se révèleraient un jour. Au moment où j'étais Wendy et je jouais avec Peter Pan. À cette période où j'escaladais le toit de mon collège me sentant affranchie de toute autorité. 

Tout me manque. Je reste hantée par mes souvenirs. Je n'ai plus la force de rêver seule. Je voudrais que l'on me tire par la main pour me faire découvrir de nouvelles aventures, que l'on me montre tout ce que j'ai encore à découvrir, que l'on m'entraîne pour contempler la vie.