La quête de l'île céleste

Chapitre 18 : L'énigmatique cristal azur

Les gardes s'écartèrent pour laisser apparaître un vieil homme de taille moyenne à la démarche emprunte d'assurance. Une aura sereine et charismatique émanait de lui. Il portait un fin pull gris et un pantalon noir standard un peu distingué. Des cheveux grisonnants mis longs recouvraient son crâne et une barbe de même couleur taillée en pointe occupait le bas de son visage basané et peu ridé. Ses yeux perçants attiraient le regard. Ils semblaient bleus mais de très légers reflets orangés leur donnait un aspect étrange – pour peu que l'on ait remarqué ce détail.

- Monsieur, commença l'un des gardes de la porte en s'inclinant. Cette intruse a affirmé être envoyée par M Tulkas. Elle désirait vous voir mais elle s'est trahie en disant être arrivée par la route alors que ce n'était pas le cas. Cela n'a pas été très difficile de la démasquer ; elle n'a aucune autorisation.

- Pas d'autorisation ? releva le vieil homme en fronçant les sourcils.

- C'est cela même Monsieur. Elle répétait qu'elle devait vous parler.

- Ce ne sera pas nécessaire, trancha-t-il. Nous ne devons courir aucun risque et je n'ai pas de temps à perdre. Renvoyez là.

- Bien Monsieur Ergail.

- Attendez !!

A la mention d'Ergail, la jeune fille poussa à moitié les deux gardes qui se trouvaient devant elle et s'avança vers le propriétaire – car c'était bien le détenteur d'Eldarion, il n'y avait plus de doute. Aucunement intimidée, elle alla se planter devant lui.

- C'est donc vous Monsieur Ergail ? s'écria-t-elle en le fixant de ses grands yeux pourpres.

En la voyant se dévoiler ainsi, le vieil homme recula soudain, comme frappé par un fouet invisible. Il se reprit aussitôt et l'observa intensément quelques secondes. Quoique surprise de cette réaction Ilywen soutint son regard. Ce face à face figé dura jusqu'à ce qu'une rafale plus forte que les autres perturbe le singulier équilibre qui s'était tissé. Un murmure indistinct s'échappa des lèvres du vieux Ergail. Il secoua légèrement la tête et détacha ses yeux de son interlocutrice.

- Reprenez vos places, ordonna-t-il aux gardes à la surprise générale. Continuez votre travail et ne vous souciez plus de cet incident.

- Monsieur... ?!?

- Je m'en occupe, articula-t-il d'un ton sans appel. Faites ce que je vous ai dit.

Il se tourna ensuite vers la jeune fille qui était aussi abasourdie que les gardes.

- Suivez moi, lui intima-t-il en se dirigeant vers la grande porte de bois.

Elle cligna des yeux, trop stupéfaite pour dire quoi que ce soit. Parvenant à reprendre ses esprits, elle s'ordonna mentalement de ne pas réfléchir à outrance et trottina derrière le propriétaire de l'Institution pour le rattraper. Elle n'avait aucune idée de la raison pour laquelle celui ci avait soudainement changé d'avis, mais cette opportunité inespérée était à saisir immédiatement.

Elle passa ainsi la grande porte. A l'intérieur, la chaleur diffusé par les imposants poêles contrastait avec les températures qu'elle venait de traverser. Après avoir slalomé entre les colonnes d'un hall d'entrée sombre, le vieil homme l'emmena dans un couloir, puis un autre avant qu'ils ne débouchent tout deux dans un second hall plus lumineux entouré d'autres portes sculptées et majestueuses. Quelques unes étaient entrouvertes et Ilywen vit fugacement les salles remplies de hautes étagères qui se trouvaient derrière. Le sol était couvert d'une fine moquette auburn qui étouffait les pas des membres du personnel et donnait un aspect plus chaleureux à l'endroit. Des débris de conversation s'entendaient mais la jeune fille ne put s'approcher davantage de ces salles car Ergail l'attendait près d'un ascenseur au fond du hall.