Chapitre 17 : Une entrée bien gardée

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« L'essentiel est de paraître sûre de moi, se morigénait-elle. Si mon prétexte est bancal, il sera plus probable de le faire avaler aux gardes si je parais certaine de ce que je fais. Je n'ai pas droit à l'erreur. »

Si elle était habituée à porter un masque en permanence en public, cela ne l'empêchait pas d'être affolée intérieurement. Ce masque là était bien plus dangereux après tout. Fort heureusement, son apparence restait trompeuse.

Ce fut avec une surprise non dissimulée que les gardiens virent arriver cette jeune fille dont la présence semblait si incongrue en ce lieu. Elle avançait à un rythme régulier et confiant au milieu de la route, ses longs cheveux torrentiels flottant au vent de chaque côté de son visage rougit par le froid. Enveloppée de ces raides versants aux herbes et aux falaises obscures qu'aucun rayon de soleil n'atteignaient, elle aurait pu faire partie d'un tableau figé.

Mais Ilywen était tout sauf figée et lorsqu'elle atteignit le sommet des marches de marbre, les deux gardes réagirent.

- Halte ! s'écria le premier d'un ton autoritaire en saisissant le bras de l'intruse. Que faites-vous ?

Cette dernière leva la tête vers lui d'un air faussement étonné.

- Bonsoir, commença-t-elle. Et bien, c'est la première fois que je viens ici, je ne m'attendais pas à être accueillie de la sorte.

Elle les regarda à tour de rôle avec des yeux parfaitement innocents.

- Vous ne me laissez pas rentrer ? questionna-t-elle sur un ton ingénu.

Abasourdis par ce comportement, les deux sentinelles se concertèrent silencieusement.

« - C'est à dire que vous ne rentrez pas vraiment dans la critères des visiteurs que nous recevons, reprit la première. Vous avez une autorisation au moins ?

- Si vous entendez par là une autorisation papier, non, je n'en ai pas, répondit aimablement la jeune fille.

- Dans ce cas je vous demanderais de repart...

- Et c'est tout à fait normal, poursuivit-elle imperturbable.

- Pardon ?

- Je n'ai pas d'autorisation papier spéciale mais j'ai un droit de passage. Et il y a une raison à cela, je vous l'expliquerais bientôt. Voyez-vous, je suis envoyée par M Tulkas. Il tenait à examiner un ouvrage qui se trouve ici. Étant bien trop occupé pour se déplacer, il m'a chargé de venir le chercher. J'ai également un message pour votre patron et je dois m'entretenir avec lui au sujet de cet ouvrage. Et...

- Et bien entendu, celui qui vous envoie ne vous a pas fourni une autorisation, l'interrompit suspicieusement le même garde tandis que son acolyte consultait une tablette numérique. Et singulièrement, il ne nous a pas non plus averti de votre venue... bien que les règles soient formelles à ce sujet. Et si ce M Tulkas fait réellement partie de nos visiteurs, il va sans dire qu'il connaît ces règles. »

Ilywen se voyait déjà raccompagnée dans la vallée encadrée par un escadron de gardes, mais elle réussit à garder sa confiance apparente. Elle savait qu'elle s'aventurait sur un terrain dangereux en prenant autant de risques dans ses affirmations. Après tout elle n'avait aucune idée de la façon dont fonctionnait Eldarion et tout son mensonge était fondé sur ses suppositions. Peut être que les invités ne venaient jamais pour « examiner des ouvrages ». Seulement... si elle voulait avoir une chance d'entrer, elle n'avait pas le choix. Avec un peu de chance et de logique, les sentinelles chargées de garder l'entrée n'en savaient pas beaucoup plus qu'elle sur l'Institution. Vu sa personnalité, le propriétaire ne devait certainement pas leur en dire énormément. Ou du moins, il fallait l'espérer pour les duper. Car elle ne pouvait pas rester trop flou sans apparaître plus suspecte encore.

La quête de l'île célesteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant