Chapitre 15 : Plus loin

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Liam toussa lorsqu'elle le serra entre ses bras. Elle ouvrit son étreinte et le détailla avant de demander inquiète :

-Est-ce que ça va?

Il sourit, soulevant les cernes noirs qui s'étaient dessinés sous ses yeux embrumés.

-Je vais bien, j'ai juste passé un mauvais quart d'heure en prison.

Il ouvrit ses bras pour accueillir Afaël qui se blottit contre sa poitrine tout en côtes. Les petites infusions qu'on lui avait fait avaler n'avaient pas suffi à combler bien évidemment tous ses besoins alimentaires. Il appuya son menton anguleux sur la tignasse blonde d'Afaël.

-Je pense que nous allons vous laisser, dit Wellan tout en se dirigeant vers la porte de la chambre.

Igrim la suivit, un sourire radieux sur son visage ridé. La chouette qui les suivait depuis la forêt fit irruption dans la pièce, soulevant des sourcils surpris sur son passage. Elle se posa sur une petite table et fourragea dans ses plumes avec son bec.

Le visage blotti contre la poitrine de Liam, elle savourait les palpitations cardiaques qui battaient à ses oreilles. Elle avait eu si peur de le perdre. Elle avait fait son deuil une première fois lorsqu'on lui avait annoncé qu'elle était la seule rescapée. Elle avait espéré de nouveau lorsqu'Igrim avait suggéré une mission de sauvetage. Elle avait été consternée lorsqu'il avait ramené ici un Liam comateux. À cet instant, rien ne pouvait ternir le bonheur qui bondissait dans sa poitrine.

Liam caressait doucement ses bras.

Il était bien. Par tous les saints, il était bien.

Afaël, ce rayon de soleil énergique, lui avait manqué. Comme elle lui avait manqué, perdu dans les ténèbres des prisons qu'il avait visitées.

Elle releva doucement la tête pour plonger ses prunelles bleu azur dans les siennes.

-Tout ira pour le mieux maintenant.

Afaël était accoudée au bar d'une petite auberge chaleureuse. Un feu ronflait dans l'âtre d'une cheminée de pierres rousses. Entre le bar et le mur de gauche se trouvaient des tables rondes de bois patiné qui étaient disséminées dans la grande pièce. Les rires gras des marchands coulés dans leurs chaises se mêlaient aux conversations animées des autres tables. Aucun soldat n'était présent, l'ambiance aurait été autrement beaucoup plus austère.

Les armées du roi avaient gagné plusieurs batailles, conquérant plusieurs villes et villages. Le roi avait mis des années à préparer ses armées tout en ralliant à sa cause les cités de moindre importance proche d'Héliomande.

Aujourd'hui, la guerre était véritablement commencée. Seules les grandes cités semblaient leur résister. Dilvjina, érigée au-delà de du désert du Corridor, opposait au soldat du roi une farouche résistance. Construites à flanc de montagne, les défenses naturelles étaient exceptionnelles. De plus, elle était soutenue par les cités plus au sud ainsi que Sagara, la cité des mers.

Comme la guerre ne semblait pas pouvoir se passer de la barbarie et d'un esprit de supériorité mal placé, les soldats revenants du front ou ceux qui défendaient la cité enteraient le torse bombé partout où ils allaient, ricanant et parlant de façon tonitruante. Ils douchaient l'ambiance, se laissant plus de manœuvre pour l'occuper avec leurs obscénités.

Il était peut-être exagéré de mettre tous les œufs dans le même panier, mais la présence d'un seul soldat de ce type semblait entrainer tous les autres du groupe dans cette spirale d'indécence virulente.

L'aubergiste s'approcha d'elle tout en essuyant un pichet de bois.

-Que puis-je vous servir?

Une vague d'excitation la secoua alors qu'elle commandait d'une voix posée :

Les anges d'Héliomande (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant