Altaïr s'approcha de Gauean avec toute la douceur dont il était capable dans son état de rage bouillante. Le cheval se cabra légèrement à l'approche de son maitre. Il flatta sèchement l'encolure de sa monture avant de lui murmurer quelques mots apaisants, mâchoire crispée, qui détendirent Gauean presque immédiatement. Il claqua la croupe de Gauean qui partit au galop par le sentier d'où ils étaient arrivés. Il exécuta les mêmes manœuvres auprès de Qamn qui détala.
Altaïr contracta ses poings jusqu'à blanchirent ses jointures.
Il fulminait.
Il n'avait jamais pu sentir Liam depuis le départ et voilà où il se retrouvait! Il l'avait supporté seulement parce qu'il avait été l'ami d'Afaël. Si seulement il avait écouté son instinct!
Altaïr se frotta le visage et soupira bruyamment.
Non, il n'aurait jamais pu renvoyer Liam chez lui, les membres du conseil n'auraient jamais été en accord. Igrim avait en plus trouvé en lui un apprenti.
Afaël émergea des bois à ce moment, les épaules voutées et les yeux hagards. Cette expression raviva la flamme de colère qu'Altaïr tentait d'apaiser un moment plutôt. Il s'approcha à grandes enjambées d'Afaël qui sembla rapetisser davantage. Il saisit ses épaules sans ménagement et lui donna une secousse.
-Regarde-moi, ordonna-t-il.
Ses cheveux, maintenant rabattus devant son visage, ne bougèrent pas d'un millimètre et continuèrent de le séparer d'Afaël. Altaïr posa sa main sous le menton de la jeune femme et le souleva. Sa crinière dorée glissa sur ses joues humides.
-Ressaisis-toi bon sang! Nous devons retourner au camp avant qu'il ne soit trop tard, l'admonesta-t-il.
Cette remontrance ainsi que la rage d'Altaïr semblèrent ranimer Afaël qui repoussa son compagnon rudement.
-Comment peux-tu, à tu conscience de qui je viens de laisser derrière moi dans ses bois, cria-t-elle.
Une envolée furieuse d'oiseaux répondit à ses vociférations. Leurs battements d'ailes semblèrent se répercuter tout autour d'elle avant qu'ils ne soient que de petits points dans le ciel. Afaël serra les lèvres.
Comment peut-il se permettre un commentaire celui-là?
Altaïr interrompit le fil de ses pensées en déployant ses ailes bleutées. D'une voix à peine plus posée, il lui demanda :
-Alors, tu viens? Je n'ai pas le temps d'argumenter avec toi.
Afaël inspira profondément pour diminuer la colère qui ne cessait d'enfler dans ses entrailles. Malgré le culot d'Altaïr, elle savait ce qu'elle devait faire. Elle franchit la distance qui les séparait et elle s'agrippa à son dos. En une fraction de seconde, les ailes puissantes d'Altaïr les avaient propulsés parmi les nuages.
****
Les houppiers des arbres qui surplombaient Liam semblaient se refermer sur lui comme un tombeau.Il n'était qu'un raté. Il avait déçu tout le monde, même Afaël qui lui avait tant donné et qui ne semblait jamais vouloir désespérer de lui.
Des larmes se roulèrent sur sa chair meurtrie, creusant des sillons de feu sur les boursouflures. Sa vision se brouilla et le feuillage des arbres se fondit en une chape d'encre. Le froid de la terre s'insinuait dans son corps, engourdissant ses membres qu'il refusait de bouger.
Il avait tout perdu.
Pourquoi moi? Qu'est-ce que j'ai fait? Dites-le moi. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça?
Les larmes coulèrent plus abondamment et Liam serra les paupières.
Faiblard, tu pleures comme un piteux enfant.
Une voix d'homme l'avertit que quelqu'un s'était approché de lui.
-Ils sont enfin partis, informer leurs très chers anges de l'attaque imminente.
Liam ouvrit les yeux et les contours d'un visage se dessinèrent, chapeautés d'un casque de soldat. Une tunique frappée des armoiries du roi couvrait une cotte de mailles. Une lueur haineuse couvait au fond du regard du soldat et Liam sut.
Il mourrait ce soir.
Même si ce soldat n'avait pas les traits du roi, son expression ne mentait pas. Ce sourire cruel était inimitable.
-J'ai réellement cru un instant que tu ne dirais rien, mais lorsque j'ai vu ta petite amie partir à tirs d'ailes... En somme, tu m'as trahi, susurra-t-il.
Il abattit son pied sur le visage tuméfié de Liam dont le cri de douleur déchira la nuit.
-Tu es pitoyable.
Liam agrippa la botte de son agresseur, mais le roi se dégagea aisément de sa prise avant de lui asséner un coup du même pied dans les côtes. Liam échappa une autre plainte alors qu'il roulait mollement sur le côté. Le sang s'était remis à emplir sa bouche.
Le roi retira un couteau d'un fourreau dissimulé derrière son dos et s'accroupit. Il posa une main de fer sur l'épaule de Liam et le plaqua solidement au sol. Liam se débattit, raclant le sol de ses pieds alors qu'il tentait de desserrer la prise du roi. Seulement, les doigts s'enfonçaient dans son épaule comme des serres.
-Bonne nuit, Liam, vilipenda-t-il.
Liam croisa les bras devant son visage et attendit que le couteau trouve sa gorge. Mais le coup ne vint pas.
Un gargouillis visqueux poussa Liam à baisser sa garde. Il ouvrit les bras sur le soldat, une flèche au travers de la gorge. La terreur avait envahi le regard du soldat qui porta une main tremblante à sa gorge.
Liam recula prestement alors que son assaillant basculait vers lui. Il frappa le sol avec un son mât.
Liam déglutit péniblement alors que lui aussi passait une main sur son cou.
-Eh bien, ce n'est pas passé loin, affirma une voix mielleuse.
Liam redressa la tête pour constater qu'une mince silhouette, un arc perché sur l'épaule, s'avançait entre les troncs. C'est une femme qui s'approchait de lui. Pas même un bruissement aurait pu lui signaler sa présence, elle qui avançait avec l'agilité et la grâce d'un chat. Une tresse d'ébène se balançait dans son sillage, fouettant ses hanches. Une tunique noire ajustée au haut du corps s'élargissait à partir de sa taille et des fentes dans le tissu laissaient entrevoir un pantalon de cuir luisant. Sa tenue, manifestement de bonne facture, était complétée par des brassards de cuir teint du même noir que le reste.
-Un merci ne serait pas de trop, je pense, suggéra-t-elle d'une voix claire.
Liam releva encore légèrement la tête.
Elle souleva les commissures de ses lèvres charnues et Liam détourna le regard, conscient d'avoir dévisagé sa sauveuse un temps au-delà de ce que la politesse permettait.
-Merci, bredouilla-t-il.
Elle découvrit ses dents blanches parfaitement alignées avant d'ajouter :
-Tout le plaisir est pour moi.
Elle s'approcha et s'accroupit avant de poser une main effilée sur son épaule. Liam se tendit au contact et elle rit doucement.
-Ne t'en fait pas, je ne t'ai pas sauvé pour te tuer. Tu peux me faire confiance. Maintenant, viens, nous avons des choses importantes à faire.
Hypnotisé par son charme, Liam se leva pour la suivre sans poser de question.
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Allo tout le monde, je suis de retour.
Alors voilà, ce chapitre est un peu plus court, mais je voulais que vous ayez quelque chose à vous mettre sous la dent :).
N'hésitez pas à mettre des commentaires et bonne journée.
M
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Les anges d'Héliomande (Terminé)
FantasyLa guerre s'est répandue comme la peste alors que le roi d'Héliomande tente d'assouvir son plus cher désir, créer un empire couvrant toute les terres connues d'Hektoth. L'armée conquérante qui ne semble pas connaître la défaite avance inexorablement...