Sa réaction fut instinctive. Ses ailes se matérialisèrent et elle volait déjà au-dessus du sol bien avant que les radulas noires aient fait fondre le marbre de la place où elle se tenait.
Les soldats de la garde royale arrivèrent sur l'entrefaite, affluant du palais par dizaines, comme des orages venant noircir une journée qui présageait du beau temps. Le roi se leva dignement de son trône pour descendre lentement les marches qui y menaient. Il énonça haut et fort et presque avec condescendance :
-Pensiez-vous me surprendre avec une tactique aussi peu élaborée? Les questionna-t-il rhétoriquement.
Il avança vers la délégation où tous avaient tiré au clair leurs armes. Il les dévisagea tour à tour, son expression empreinte d'un mépris évident.
-C'est pathétique. Vous n'y connaissez rien en magie et vous vous aventurez tout de même ici pensant qu'un simple costume camouflerait votre « championne ».
Un rictus défigura son visage, le barrant comme d'une fine cicatrice. Il leva la tête vers Afaël qui n'avait pas quitté sa position.
-J'espère que tu ne crois pas en tes chances cher enfant, car tu n'es rien de plus alors que j'ai vaincu ton père, un homme et un guerrier accompli.
Afaël ne laissa pas ce manège d'intimidation s'éterniser.
Elle battit des ailes et généra une bourrasque dorée qui s'écrasa sur un mur plus noir que la nuit qui avait apparu dans la seconde.
Les gardes du roi n'en attendaient pas plus et foncèrent à renfort de cris de guerre sur le groupe. Les anges qui s'y cachaient ne se firent pas prier non plus et amplifièrent le brouhaha de leur voix, dévoilant leurs ailes à leurs assaillants
Afaël profita du fait que la vision du roi soit obstruée pour piquer vers le sol. Altaïr y était encore et il lui lança une épée qu'elle attrapa avant de la levée d'au-dessus d'une épaule pour asséner un puissant fendant au roi. Le mur s'étant rétracté, il laissait le champ libre à Afaël lorsqu'elle arriva à la hauteur de son ennemie.
Elle balança la lame alors qu'elle ouvrait ses ailes pour ne pas percuter sa cible. Alors que son arme volait vers le cou de sa victime, une lame surgit de derrière le reste de la poisseuse protection.
Afaël serra les dents, alors que le rictus du roi s'étendait, encore plus déplaisant aux yeux d'Afaël qui dut réagir promptement. Il repoussa l'arme de son assaillante et pointa la sienne vers sa poitrine avant de la propulser afin de l'empaler. La jeune ange glissa sur le côté et para l'attaque du roi félon qui enchainait les mouvements d'une précision mortelle.
Afaël peinait à suivre la cadence. Le roi était un escrimeur d'une expertise qui dépassait largement la sienne. Si elle ne faisait rien, il aurait tôt fait de l'embrocher comme un poulet rôti.
Elle s'éloigna d'un battement d'ailes, projetant un vent de particules dorées. Ces dernières percutèrent la protection que le roi invoqua face au revirement de situation. Elles grésillèrent au contact de la matière huileuse, la faisant fondre et perçant par le fait même le bouclier.
Afaël redoubla d'efforts.
Elle accéléra le mouvement de ses ailes qui formèrent une auréole autour de la jeune femme. Le vent décrivit des circonvolutions, s'amplifiant.
Les armures des gardes claquaient sur le passage du vent, comme les dents d'un enfant qu'on effraie.
Une lumière aveuglante força les spectateurs en attente de la chute de la situation à abriter leur rétine sous une main passée en visière.
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Les anges d'Héliomande (Terminé)
FantasiaLa guerre s'est répandue comme la peste alors que le roi d'Héliomande tente d'assouvir son plus cher désir, créer un empire couvrant toute les terres connues d'Hektoth. L'armée conquérante qui ne semble pas connaître la défaite avance inexorablement...