Les anges d'Héliomande (Terminé)

Chapitre 5 : Prison

L'expression bienveillante de Wellan se craqua pour laisser place à un air grave

-Liam sera mis à mort sur la place publique dans peu de temps sans aucun doute.

Le cœur d'Afaël se fendilla. L'expression composée qu'elle avait pris soin d'afficher vola en éclat.

-Cependant, cette question ne répond pas à la mienne, rajouta Wellan.

Le ton se voulait bienveillant, mais ne camouflait pas son désir de passer à un autre sujet.

Celle-ci venait de mettre fin à sa délibération interne.

Qu'ils aillent se faire voir!

Alors que la colère empoisonnait son sang qui battait de plus en plus fort à ses tempes, Afaël répondit avec défiance:

-Je ne vois pas pourquoi j'accepterais cette offre. Je ne voudrais pas faire partie d'un ordre qui a aussi peu à cœur le sort des innocents qu'elle met en danger par ses activités.

Le visage de Wellan se ferma sur cette accusation, mais c'est Igrim qui prit la parole :

-Allons, allons, pardonne-nous ce manque de délicatesse, apaisa Igrim d'un ton doux. Cet ami, comment s'appelle-t-il?

-Liam, répondit Afaël laconiquement, la colère bouillant toujours dans ses veines.

-S'il est aussi important à tes yeux, je ne vois pas pourquoi le sauver de ce mauvais pas serait un problème. Au contraire, libérer Liam pourrait même être une épreuve adéquate, vous ne pensez pas?

Wellan et l'homme le plus imposant de la pièce le considérèrent d'un air étrange, comme s'il venait d'énoncer une aberration. L'homme aux apparences d'ours à cause de sa pilosité effarante énonça d'ailleurs avec ferveur son point de vue :

-C'est absurde! Elle n'a même pas une heure d'entrainement et un bandage lui enserre encore la tête, s'exclama l'homme à la droite de Wellan en abattant son poing sur la table.

Un caillou tomba sur le sol et la carte se roula, comme offusquée par cette agression.

Excédée, Afaël lâcha avec conviction :

-Peu importe si j'ai votre appui ou non, je ne laisserai pas Liam être mis à mort. Peu m'importe de faire partie de votre groupe si c'est pour le laisser mourir!

Tous les yeux se braquèrent sur Afaël qui releva légèrement son menton et ne se laissa pas intimider par les regards sévères de l'homme imposant et de Wellan.

Il n'est pas question que je reste ici les bras croisés! J'ai risqué nos deux vies sur un coup de tête et je ne l'abandonnerai pas, se résolut-elle.

Sans se départir de son calme, Igrim répliqua comme si elle n'était pas intervenue:

-Je pense qu'il y ait un malentendu. Cette épreuve ne serait pas pour elle bien entendu, mais pour nos jeunes oiseaux. Plusieurs n'attendent qu'une bonne occasion pour montrer qu'ils méritent leur titre d'anges. Si elle est entourée des bonnes personnes, les risques pour notre jeune amie sont minimes. Elle n'a qu'à rester à l'écart du combat. Et puis, ce n'est pas comme si elle ne savait pas se défendre, elle a combattu les soldats avec Altaïr, argua-t-il en insistant sur le mot avec.

L'homme ours grogna et gratta sa barbe rêche. Le second inconnu dit d'une voix posée :

-Je suis d'accord avec Igrim ...Car il semble hors de question de la laisser derrière nous.

D'un gracieux mouvement de tête, il se tourna pour l'observer. De son regard calme, il tempéra le bouillonnement orageux qui agitait Afaël. La contemplation de ses iris sereins et étals finirent de souffler les dernières bribes de son énervement.