Chapitre 22 : Révélation

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Afaël était sur le champ de bataille. Les rugissements des flammes se faisaient entendre même si elle était encore à des dizaines de mètres du camp. Le soldat était là. Elle se précipita vers lui et en une poignée de secondes, elle l'avait rejoint. Elle lacéra une première fois le plastron de son adversaire. Déséquilibré, il se renversa sur le sol. Son regard habité par l'effroi, il leva une main tremblante vers elle.

Afaël connaissait cependant trop bien la suite. Ses bras s'animèrent sans son consentement et elle trancha cette main qui barrait la route de sa lame vers son pectoral recouvert des armoiries du roi qu'elle maudissait.

Arrête-toi, arrête-toi! s'ordonna-t-elle.

Son esprit semblait être seulement spectateur des actes cruels qu'elle perpétrait. Le soldat avait fermé les yeux et un filait de s'écoulait de ses lèvres entrebâillées sur le dernier râle qu'il avait exhalé déjà un moment plutôt. Il n'était plus qu'un amas de chair qu'Afaël ne pouvait s'empêcher de découper en plus petits morceaux comme un boucher.

Afaël se réveilla en sursaut, en nage. Elle se redressa vivement et pressa sa tête contre ses cuisses toujours à plat contre le mince matelas. Elle respira profondément pour reprendre le contrôle de son souffle affolé par son rêve.

Son rêve.

Elle serra les dents, sa mâchoire saillant sous la pression. Malheureusement, ce n'était pas qu'un simple cauchemar. Elle ne put réprimer un haut-le-cœur alors que les images du meurtre rejouaient dans sa tête et elle se pencha sa tête par-dessus la litière avant de vomir de la bile faute d'avoir autre chose dans l'estomac.

Elle n'avait rien avalé depuis des heures, peut-être même des jours.

Mon dos! S'alarma-t-elle alors que le reste de la confrontation lui revenait en mémoire.

Sa main se porta instinctivement à l'endroit de sa blessure et palpa, à son grand étonnement, de la peau.

-Igrim t'a guérie à l'aide de runes, sinon... intervint Altaïr d'une voix douce.

Afaël se tourna promptement vers Altaïr qu'elle n'avait jusque-là pas remarqué.

Il était assis sur le sol, au même niveau que sa litière. Ses épaules étaient penchées vers ses jambes croisées, mais ses yeux cernés de marques bleuâtres criaient sa fatigue plus que sa posture.

Il gigota, malaisé par l'examen d'Afaël dont les yeux étaient attendris par la compassion. Il détestait quand elle faisait ça, il n'était plus un enfant. Il reprit pour chasser son inconfort :

-Une chance tu as choisi le bon côté de la litière pour dégobiller, dit-il tout en maudissant son manque d'inspiration.

Un sourire en coin se dessina sur les lèvres gercées de son amie et Altaïr se dit que ça ne devait pas être si pire comme diversion.

Altaïr s'apprêtait à lui proposer d'aller lui chercher un peu de nourriture, mais Afaël fronça soudainement les sourcils et le devança :

-Igrim a utilisé des runes alors qu'il répugne leur usage, c'était si grave?

Oui ce l'était et j'ai eu peur que tu ne t'en sortes pas, pensa Altaïr, frissonnant en se remémorant les airs cadavériques d'Afaël.

Si Igrim n'était pas intervenu, tu aurais probablement rejoint les bras de Marem.

Il s'entendit seulement dire :

-Oui, c'était grave à ce point.

Afaël hocha la tête sans conviction, ses yeux fixant quelque chose qu'elle seule pouvait voir.

Les anges d'Héliomande (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant