Afaël cligna des yeux comme pour chasser la scène de sa rétine, mais le ver avait bien gobé Altaïr et continuait son érection.
Pour une seconde fois, Afaël s'élança vers le monstre, son sang enflammé par un accès de colère. Elle pouvait même entendre le léger crépitement de ses ailes qui semblaient réagir à son courroux.
Elle s'approcha du ver à une vitesse vertigineuse, celui-ci s'épaississant jusqu'à obstruer totalement son champ de vision. Il n'y avait plus que cette chitine noire, ce mur qui était la limite d'un enfer gastrique acide et toxique.
Les mètres s'amenuisaient entre elle et le monstre, mais elle ne ralentit pas. Avant qu'elle ne s'écrase sur la peau de la bête, elle effectua un virage serré vers le ciel, jouant sur l'angle d'inclinaison de ses ailes qui frémirent sous l'effort qu'elle leur imposait. Son estomac sembla descendre dans son bas ventre et une force incroyable comprimait son corps en entier, mais elle ne se ménagea pas pour autant.
Maintenant orientée vers le ciel, elle s'éleva comme une flèche, ses ailes battants plus puissamment chaque fois, augmentant la vitesse de son ascension. La peau de son visage se tendit contre l'air qui se pressait devant elle et les anneaux de la bête s'empilaient à la limite de son champ de vision.
Altaïr ne se retrouverait pas dans l'estomac du monstre. Un feu d'émotions alimentait sa détermination, lui procurant une puissance grisante qu'elle n'avait jamais expérimentée auparavant.
Soudain, le corps du ver ne fut plus à ses côtés et elle pivota pour faire face à l'immonde gueule bordée de crocs acérés décorés de filets de bave visqueuse. Les dents du ver tranchaient sur le gouffre qu'était sa bouche. Au milieu de cet abysse, un léger éclat aviva l'espoir de la jeune femme.
Altaïr luttait pour dépasser la frontière de dents qui le séparait de la mort.
C'est à ce moment que tout devint clair.
Le bouillonnement d'émotions qui l'habitait plutôt fut soufflé par un calme qu'elle n'aurait pas cru pouvoir atteindre en de telles conditions.
Elle relâcha la bride de ses pouvoirs et plongea dans la gueule du monstre.
****
Altaïr pestait.
Il se dirigeait vers Afaël lorsqu'une barrière noire s'était dressée devant lui. Il avait réagi au quart de tour. Il s'était élancé vers le ciel. Ces ailes battaient furieusement afin de le propulser toujours à plus grande vitesse vers la gueule du monstre.
L'odeur fétide des acides gastriques lui donnait des haut-le-cœur et brouillait sa vue de larmes. Mais il devait faire abstraction de la gêne qu'occasionnait ces relents indésirables, car seul le cercle étoilé eux reflets encore rosés au-dessus de sa tête avait de l'importance, il représentait son salut.
Seulement, sa porte de sortie diminuait de diamètre de secondes en secondes.
Tu ne te laisseras tout de même pas prendre de vitesse par ce stupide ver!
Il redoubla d'efforts, ses ailes se mouvant si rapidement, qu'elles n'étaient plus qu'un nuage bleuté.
Malgré toute sa volonté, il commença à douter. La portion du ciel encore visible ne diminuait plus, mais la bouche du monstre était toujours aussi loin.
Mourrait-il vraiment ainsi?
Il chassa aussitôt ses interrogations, se refusant à avoir des pensées aussi dramatiques.
Mais on peut plus réalistes.
Alors que le désespoir commençait à le gagner, une forme indistincte tacha la toile du ciel. Son éclat doré le renseigna immédiatement sur l'origine de la perturbation.
VOUS LISEZ
Les anges d'Héliomande (Terminé)
FantasíaLa guerre s'est répandue comme la peste alors que le roi d'Héliomande tente d'assouvir son plus cher désir, créer un empire couvrant toute les terres connues d'Hektoth. L'armée conquérante qui ne semble pas connaître la défaite avance inexorablement...