Chapitre 4 : Un nouveau départ

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 Afaël triturait une de ses mèches de cheveux. Elle avait dormi par intermittence les deux derniers jours. À chacun de ses réveils, ses bandages avaient été changés. Aujourd'hui, une soupe avec de gros morceaux de gibiers avait été déposée sur un plateau de bois. L'odeur chatouillait ses narines, mais le fumet du plat n'arrivait pas à délier son estomac.

Liam, qu'est-ce qu'ils allaient faire de lui? Pour ce qu'elle en savait, c'était la peine de mort qui l'attendait.

Elle ramena ses genoux sur sa poitrine et enfouit son visage dans le petit espace les séparant, essuyant ses larmes silencieuses sur le tissu de ses pantalons. Son souffle se régularisa et elle s'assoupit dans cette position.

Des cliquetis et des bruits étouffés se frayèrent un chemin jusqu'à ses tympans.

Taisez-vous, roumagea-t-elle.

Elle souleva la tête et constata que la porte était entrouverte. Son repas avait été débarrassé et des bandages propres étaient étendus à leur place, un enduit vert luisant sur le tissu poreux.

On a sûrement mal fermé la porte, surtout si la personne était embarrassée du plateau.

Maussade, elle s'étendit sur le matelas dans un frottement de paille. Elle ajusta sa position, les lattes de bois de la base du lit lui labourant le dos.

Les cliquetis et les ahanements bourdonnèrent dans ses oreilles qu'elle boucha en plaquant ses mains le plus hermétiquement possible.

Ce n'est pas bientôt fini oui!

Elle se leva rageusement, ses pieds martelant le sol de frustration. Elle allait claquer la porte, mais le chant de l'acier qui fracasse l'acier la stoppa net. Le souvenir du martèlement de ses outils alors qu'elle forgeait une arme se superposa au bruit ambiant.

Elle inhala profondément.

Franchir le pas de cette porte s'apparentait à ses yeux à un acte de haute trahison. Ses larmes affluèrent alors qu'elle s'imaginait Liam enchainé, gisant sur le sol suintant l'humidité, sa peau constellée d'ecchymoses violacées.

Elle les refoula et le fracas des armes la ramena dans l'instant présent.

Qui pouvait bien s'entrainer? D'autres anges? À moins qu'ils ne soient attaqués?

Elle chassa rapidement cette possibilité. Elle mordilla sa lèvre, des images de Liam hantant toujours son esprit. Malgré un pincement au cœur, elle ne put s'empêcher de pousser la porte.

Désolé Liam

Celle-ci tourna sur ses gonds pour dévoiler un couloir qui s'étirait sur quelques mètres à peine. Ses pieds nus foulèrent le plancher de bois poli par les allers- retours. Sans bruit, elle se dirigea vers la porte grande ouverte sur l'extérieur.

Le soleil de midi déversa ses rayons sur elle et leur douce chaleur nappa son corps tout entier. Elle savoura cette sensation et respira pleinement l'air chargé des parfums piquants de la forêt. Des taches ocre dansèrent dans le paysage alors qu'elle ouvrait ses yeux.

Des combattants abattaient des épées au fil émoussé sur leur adversaire. Des plastrons rembourrés étreignaient leur torse qui se soulevait difficilement sous l'effort. Des taches de sueur proliféraient sur le tissu.

Afaël s'assit sur les quelques marches de bois fissuré par les intempéries. Celles-ci protestèrent sous son poids, mais ne montrèrent pas de signe d'affaiblissement.

D'autres habitations aussi fatiguées que les marches sur lesquelles elle se tenait cerclaient la cour d'entrainement. Des arbres aux fûts épais, enracinés entre les cabanes, déployaient leur houppier au-dessus des toits, prodiguant de l'ombre sur le village. La cour, épargnée de cette bénédiction, cuisait sous l'astre sans pitié. La verdure jaunie ne cessait d'être piétinée sans vergogne.

Les anges d'Héliomande (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant