Chapitre 28 : Caravansérail

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Afaël frottait les taches de sang qui maculaient encore sa peau au-dessus de la bassine en cuivre.

Après avoir défait le ver géant, ils avaient dû se presser pour quitter les lieux. En effet, s'il désirait passer inaperçu, il n'aurait pas fallu qu'une patrouille les trouve sur les lieux de la bataille. Altaïr et Afaël avaient donc troqué leurs linges devenus loques. Ceux d'Afaël étaient couverts de sang du monstre et ceux d'Altaïr, troués par les acides gastriques.

Pendant ce temps, les survivants du groupe avaient rassemblé les dromadaires qui avaient détalé. Afaël avait couvert ses cheveux d'un châle et Wellan lui avait passé une gourde afin qu'elle élimine de son visage les dernières traces de sang visibles.

Ils s'étaient ensuite rapidement mis en selle pour atteindre le caravansérail. Leur épuisement et le chemin qui leur restait à faire ne leur avaient pas permis de chercher d'où venait cette bête immonde sortie de nulle part. Mais, elle n'avait plus d'importance aux yeux de la jeune femme, elle l'avait vaincue et elle avait le sentiment qu'elle ne rencontrerait plus pareil monstre.

Tout avait semblé se passer comme dans un rêve aux yeux de la jeune femme. L'énergie qui avait enflammé ses veines pendant le combat ne s'était résorbée qu'à moitié et elle sentait encore cette chaleureuse présence en son sein. Cette puissance extraordinaire l'avait enivrée jusqu'au bout des doigts, lui procurant une telle assurance et une telle lucidité. Elle avait instinctivement su, comme si elle maitrisait depuis des années ce don encore inexploré.

Altaïr et elle partagèrent la selle d'un dromadaire, certains ayant disparu dans le désert. Encore euphorique, elle avait passé le voyage à se laisser bercer par la démarche de leur monture.

Ils avaient atteint le caravansérail sans autre incident.

La nuit était tombée et seule une silhouette imposante se dessinant dans des tons plus sombres de bleus marine témoignait de la présence du refuge des voyageurs.

Les gardes ne s'étaient formalisés pas de leur arrivée et ils étaient entrés sans encombre dans l'enceinte. Tout le monde s'était détendu dès que les murs les avaient enveloppés de leur allure rassurante. La journée avait été rude et ils n'avaient pas encore eu le temps de faire leur deuil de leur compagnon disparu.

La liste des morts dans le combat contre le roi ne cessait de s'allonger, ce qui ne diminuait pas la douleur de chaque perte.

Wellan s'était chargée de leur réserver des chambres pendant qu'ils déchargeaient les dromadaires et les amenaient dans les stalles prévues à cet effet, dans une des nombreuses alcôves qui perçaient les murs à intervalle régulier.

Dès qu'elle avait posé le pied au sol, la fatigue s'était répandue dans tous ses membres, brisant le charme qui l'avait maintenue dans une douce euphorie tout au long du trajet.

Un feu vrombissait au centre de la place, cerclé d'un muret de pierre. Des bancs étaient ancrés autour du feu, accueillant les voyageurs qui bavardaient, tissant une trame sonore qui meublait le silence profond du désert.

Wellan les rejoignit dans les stalles alors qu'ils terminaient de ranger le harnachement des dromadaires, qui avaient semblés aussi dolents qu'à l'ordinaire, comme si rien ne s'était produit.

Tout le monde avait sa propre chambre, il suffisait de s'en dénicher une libre.

Ils étaient donc tous montés sans tarder, chacun souhaitant un moment de repos après ce fol combat. Seuls Lan et Wellan étaient restés autour du feu, sûrement pour discuter de la suite.

Afaël était donc montée aux suites du groupe, trainant des pieds, à la lueur dansante des quelques chandelles disposées dans des cavités creusées dans les murs. Après quelques essais, elle avait trouvé une chambre vide. Les dimensions modestes de la chambre ne pouvaient accueillir qu'un lit et une petite table poser à la tête de ce dernier. Les draps de lin grossiers étaient tirés sur un lit étroit qui lui sembla bien plus accueillant qu'une couchette moelleuse. Mais avant de soupirer d'aise dans les bras de ce matelas, elle devait se débarrasser de toute la crasse qui souillait sa chevelure ainsi que sa peau au niveau de sa poitrine et de sa nuque.

Les anges d'Héliomande (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant