Chapitre 29 : Nuit dans le désert

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Altaïr se tenait devant la porte de la chambre d'Afaël, à quelques centimètres du battant clos.

Tu es ridicule.

Et pourtant, il n'avait jamais ressenti de tels sentiments, ceux qui vous retournent l'estomac à la vue de la personne désiré.

Il ne pouvait s'empêcher d'avoir une pensée pour elle, ou de chercher son regard. Ce regard aussi changeant que l'humeur de la mer.

Dans un second état depuis le combat dans le désert, elle était montée sans demander son reste et il avait décidé de faire de même.

Seulement, il n'avait pu fermer l'œil.

Et si c'était la dernière nuit? s'était-t-il fait la réflexion.

Jamais il n'avait eu aussi peur de mourir qu'aujourd'hui. L'abysse l'avait enveloppé et malgré tous ses efforts, la gueule du monstre qui s'ouvrait sur le ciel avait rapetissé inexorablement, jusqu'à ce qu'Afaël plonge dans les entrailles de la bête et l'anéantisse.

Il avait alors réalisé qu'il ne l'avait embrassée qu'une fois. De tout ce qui aurait pu lui traverser la tête, son seul regret devant la mort avait été qu'il ne l'avait embrassé qu'une fois.

Cette réalisation l'avait rendu inconfortable et une bouffée de désir s'était emparée de lui, incontrôlable.

Alors, comme dans un rêve, il avait donc renfilé une chemise et était sorti pour aller rejoindre Afaël.

Il était maintenant debout devant la porte de la chambre, n'osant pas cogner. Et si elle le repoussait, ne voulait pas être dérangée après tout ce qu'elle venait de vivre, ce serait bien normal.

-Altaïr, mais qu'est-ce que tu fais là?

Surpris, Altaïr se retourna vers la personne qui l'avait interpelé. C'était Afaël, les bras croisés et un de ses sourcils arqués en signe d'interrogation.

Les yeux d'Altaïr glissèrent le long de son cou. Ses bras relevaient ses seins, légèrement découverts par l'encolure délassée de sa chemise.

Il releva la tête aussitôt.

Altaïr tenta de s'expliquer, mais aucun son ne franchit la limite de ses lèvres. Afaël sourit et fit la remarque :

-Il est rare que tu sois sans mots, est-ce que tout va bien? rajouta-t-elle plus sérieusement.

La jeune femme s'était approchée et à chaque pas qu'elle faisait, les nouvelles répliques qu'ils trouvaient se délitaient, effilochées.

Il abandonna l'idée de justifier sa présence. Il combla l'espace qui les séparait et enlaça la taille de la jeune femme avant de l'embrasser avec fougue. Instinctivement elle passa ses bras autour de sa nuque et se pressa davantage contre son torse.

Il savoura le contact de ses lèvres douces qui voyageait sur les siennes ainsi que la chaleur de leur étreinte.

Il la poussa contre la porte sans pourtant laisser un centimètre se glisser entre eux.

Tout en continuant de partager le même souffle entre leurs lèvres scellées, il chercha à tâtons la poignée de la porte. Une fois trouvé, il tourna la poignée et poussa le battant.

Afaël rompit leur baiser à ce moment. Tous les deux haletants, le temps sembla se suspendre et seule la légère brise du soir animait cette pause hors de tout, simplement eux.

Altaïr caressa la cambrure des reins de sa partenaire pour descendre jusqu'à ses cuisses. D'une impulsion, elle entoura sa taille de ses jambes. Ses cheveux glissèrent de ses épaules et s'étirèrent comme un fin rideau autour d'eux, les coupant du reste du monde.

Cette nuit, fût-elle la dernière, serait leur nuit.

****

Une suite de coup à la porte tira Afaël du sommeil.

Elle ouvrit ses paupières encore lourdes et le torse d'Altaïr, se soulevant à rythme régulier se dessina dans son champ de vision.

Sa tête était appuyée sur son pectoral et elle avait passé son bras autour de son ventre. Quant à lui, son bras épousait la courbe de son dos et sa main s'appuyait sur sa hanche.

Un frisson de plaisir hérissa son corps nu.

Ils avaient fait l'amour.

Les coups se répétèrent et Afaël se tira à contrecœur de la couchette. Elle se mouva doucement pour ne pas réveiller Altaïr qui dormait encore à poing fermé.

La petite chambre était baignée du soleil d'après-midi et la température avait considérablement grimpé.

Nue, Afaël attrapa sa chemise et son pantalon qu'elle enfila contre le mur troué d'une fenêtre de sa petite chambre. Elle ne souhaitait pas qu'on puisse l'observer de la place centrale.

Elle se rendit sur la pointe des pieds à la porte et l'entrouvrit. Wellan se tenait derrière la porte. Celle-ci lui adressa un sourire radieux.

-Bonjour Afaël, bien dormi?

Afaël sentit le rouge lui monter aux joues. Elle se pressa de répondre avant que Wellan puisse identifier son malaise.

-Oui, j'étais épuisé après ce qui s'est passé hier.

Wellan hocha la tête.

-Je n'en doute pas une seconde. L'utilisation de ton don doit être exigeante pour ton corps, surtout qu'il ne s'est réveillé que depuis peu. Il faudra que tu t'entraines...

La phrase laissée en suspens lui fit l'effet d'une douche froide. Le plan de Wellan reposait en grande partie sur ses épaules, car personne d'autre qu'elle ne pourrait rivaliser avec les pouvoirs du roi. Bien qu'elle en fût consciente, elle avait relayé cette pensée à l'arrière-plan, les conditions de voyage dans le désert étant éprouvantes tant physiquement que mentalement.

Mais maintenant que cette étape de leur voyage tirait à sa fin, la nécessité de développer ses pouvoirs se faisait de plus en plus pressante. Elle allait devoir mettre les bouchées doubles, car elle ne comptait pas échouer.

Ayant probablement remarquée que son visage s'était fermé, Wellan continua, pour la sortir de ses pensées :

-Nous partons ce soir, ce caravansérail est le plus proche de la limite sud du désert. Dans quelques jours, nous devrions atteindre notre destination. Nous nous rejoindrons sur la place centrale à la tombée du jour. Nous marcherons un peu et nous assurerons d'être hors de vu avant de pouvoir voler.

Afaël assentit d'un hochement de tête.

-Bien.

Wellan allait se retourner, mais interrompit son mouvement.

-Oh, j'allais oublier, si tu croises Altaïr, tu lui feras le message, il est introuvable.

Afaël rougit jusqu'à la racine des cheveux, mais par chance, Wellan s'était déjà retournée. 

*****

Alors, je sais que ce chapitre est cours, mais je ne voyais pas le terminer autrement. 

N'hésiter pas si vous avez des commentaires, la réécriture s'en vient, j'en aurai besoin :)

Les anges d'Héliomande (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant