Chapitre 23 : Doutes

55 11 3
                                    

Le visage décomposé par la révélation de Lan, Afaël quitta la cabane. Afaël décida de se réfugier dans les bois. La forêt silencieuse était accueillante. Il n'y aurait qu'elle et ses pensées tourmentées. Elles s'apparentaient à des acteurs qui défilaient tour à tour sur la scène de son esprit, rajoutant leur tirade au discours déroutant et terrifiant qu'elles véhiculaient

Des ailes dorées !? Elle posséderait des ailes depuis tout ce temps sans en avoir conscience?

Elle s'arrêta quand elle s'estima assez loin du camp. Elle repéra une pierre dodue aux arrêtes émoussées où elle s'échoua sans plus de cérémonie. Elle massa ses tempes, tâchant d'éteindre la frénésie de ses pensées.

Des ailes hein?

Elle expira lentement et se concentra sur son dos. Elle roula des épaules, faisant jouer ses omoplates pour prendre conscience de tous les muscles qui s'activaient et se contractaient sous sa peau qui s'enflait par endroit alors que des dépressions se créaient à d'autres comme des dunes de sable portées par le vent.

Elle ne sentit rien d'autre que la mécanique de son corps.

Comment était-elle supposée appeler un pouvoir qu'elle ne connaissait pas?

-Hey...

Afaël sursauta, mais se détendit quelque peu lorsqu'elle aperçut Altaïr.

Ils n'échangèrent aucun mot et les minutes s'écoulèrent. Afaël profita de la présence de son ami malgré le désir de solitude qui l'animait plus tôt. Elle avait besoin d'être réconfortée, même si elle ne l'aurait avoué pour rien au monde.

Au bout de quelques instants, Altaïr déclara sans préambule et d'une voix dure :

-Tu es pathétique.

Une douche froide s'abattit sur Afaël. Le choc passé, elle bondit pour se positionner face à Altaïr. Il continua son accusation, une lueur brûlante au fond de ses prunelles :

-Tu es pathétique et lâche. Tu viens de fuir la salle du Conseil!

Elle explosa avant qu'il ait pu aller plus loin et rétorqua avec véhémence :

-De quel droit tu m'accuses de la sorte! Ce n'est pas sur tes épaules que le sort de toutes une ville et ses habitants est tombé! Te rends-tu seulement compte de ce qu'il me demande? Les conduire à la bataille et, si on remporte ce combat, de régner!

Ces mots prononcés tout haut ne semblaient pas avoir de substance, pas de sens.

Altaïr se leva à son tour et pointa son index sur elle :

-La Afaël que je connais a foncé la tête la première au combat pour tenter de faire la différence. En quoi est-ce différent aujourd'hui.

-Il y a beaucoup plus d'implications! répliqua-t-elle. Tout a changé!

Altaïr s'approcha encore, articulant chaque mot avec une énergie enflammée :

-Rien n'a changé. Dès que tu as passé l'initiation, tu es devenue l'une des nôtres, acceptant par le fait même le combat que nous menions. Que tu diriges ou que tu suives les ordres, ça n'a pas d'importance. Tu nous donnerais une chance de nous sortir de l'enfer avant même que le roi réussisse à le propager à tout le continent.

-Je ne sais même pas comment diriger! lui cria-t-elle alors qu'il n'était plus qu'à quelques centimètres d'elle.

-Mais tu n'es pas seule, soupira-t-il.

Leurs poitrines se touchaient presque, se soulevant au rythme de leur profonde expiration due à leur polémique enfiévrée. Afaël pouvait même respirer les doux effluves subtils, boisés et épicés qui émanaient d'Altaïr. Elle n'avait jamais remarqué, jusqu'à ce moment précis, où tout autour d'eux perdait de son importance.

Les anges d'Héliomande (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant