Ils atteignirent la cité quelques heures plus tard, Afaël s'était avancée à la hauteur d'Altaïr et avait réussi à lui arracher quelques mots et à converser avec lui. De cette manière, elle évitait de s'appesantir sur le comportement étrange de Liam qui se tenait en retrait.
Ils passèrent sans encombre la porte est, se fondant dans la masse anonyme parfaitement. Les avis de recherche émis à leur encontre s'effritaient sur les babillards maintenant qu'un an avait passé. Ils n'avaient plus à prendre autant de précautions, mais Afaël respirait toujours mieux lorsqu'ils avaient pénétré l'enceinte.
La foule de gens était plus clairsemée qu'à l'habitude et ceux qui bravaient la fraicheur de la température étaient emmitouflés dans des pelisses ou des capes. L'automne n'avait pas épargné les bâtiments qui semblaient plus ternes qu'à l'habitude en plus de se couvrir de petites lézardes, les matériaux se dilatant ou se contractant au gré de la température. Ils empruntèrent quelques ruelles désertées avant d'arriver au soleil levant.
Comme il restait encore quelques heures de clarté, ils décidèrent de ne pas s'attarder. Liam semblant être seulement présent physiquement, Afaël demanda donc à Altaïr d'attacher Gauean aux côtés de Qamn à la carriole préparée à leur intention. Altaïr monta en s'aidant du marchepied et empoigna les rênes. Afaël s'assit à la droite du jeune homme qui claqua sa langue contre son palais pour signifier aux chevaux qu'ils étaient prêts. Le cheval de Liam les suivit malgré le fait que celui-ci, qui n'avait pas quitté son dos, n'avait pas bougé d'un cil.
Afaël soupira, préoccupée.
Ce soir, je lui parlerai, se promit-elle.
Ils franchirent les remparts une deuxième fois, mais par la porte Nord, débouchant sur la longue route, nommée ainsi par la distance qu'elle couvre, soit d'Héliomande jusqu'aux terres plus au Nord.
Le producteur était à trois jours, dans un petit village établi proche d'un bosquet d'albal. Afaël n'avait jamais vu une telle quantité de ces arbres réunis et il lui tardait de s'y trouver. De plus, avoir là du travail ne ferait que du bien à Liam.
Le ciel se teinta rapidement des couleurs pastel propres aux couchers de soleil. Les feuilles rouges et or piquetaient cette toile de fond où le soleil bouillonnait.
-On s'arrête à la prochaine clairière, avisa Altaïr.
Des petites ramifications s'éloignaient de la longue route pour rejoindre des clairières au milieu des arbres. Les villages étaient clairsemés dans cette région et les clairières étaient donc prisées par les voyageurs. Des panneaux plantés aux intersections de ces chemins annonçaient leur présence.
Dès qu'Altaïr aperçut l'un de ces panneaux fendillés au milieu des fourrés, il tira sur les rênes pour ralentir leur monture. Il fit bifurquer la carriole qui émergea sur une étendue d'herbe piétinée par endroit et cerclée d'arbres aux troncs élancés.
Ils profitèrent des dernières lueurs du soleil pour organiser un campement. Liam se chargea d'aller récolter du bois pendant qu'Altaïr et Afaël brossaient les chevaux et déchargeait les couvertures de la carriole.
-Je te laisse terminer, informa Afaël.
Altaïr hocha la tête alors qu'il fourrageait dans la carriole à la recherche des dites couvertures.
Elle franchit la dizaine de mètres qui la séparaient du boisé. Une odeur de terre humide émanait du sol spongieux qui s'accrochait à ses bottes à chaque pas, laissant une trace gluante. Liam avait toutes les allures d'un spectre. Sa toge se mouvait autour de ses pieds invisibles. Il se penchait à intervalles réguliers pour saisir de ses mains pâles une branche qu'il rajoutait au ballot qui s'était formé dans ses bras.
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Les anges d'Héliomande (Terminé)
FantasíaLa guerre s'est répandue comme la peste alors que le roi d'Héliomande tente d'assouvir son plus cher désir, créer un empire couvrant toute les terres connues d'Hektoth. L'armée conquérante qui ne semble pas connaître la défaite avance inexorablement...