Divagations d'une insomniaque

Toujours là

Progrès ?
Non
Régression ?
Non
Où en sommes-nous ?
Nulle part, toujours sur le quai, à regarder passer les trains, à regretter tout ce que nous aurions pu vivre. Si seulement...
Si seulement quoi ?
Tu n'avais pas été toi
C'est ma faute ?
Peut-être, je sais pas, je n'ai jamais bien su. Mais cela aurait été rassurant, pouvoir se dire que ce n'était pas ma faute mais un peu la tienne. Partager ce fardeau, se sentir... Tu vois ce que je veux dire...
Non, je ne comprends.
Un peu plus libre, tu sais, pouvoir faire comme ces gens, dormir d'un sommeil plein et pourtant vide, sans rien qui ne te hante.
Mais tu ne vois ce que je veux dire.
C'est vrai, excuse-moi, tu ne passes pas tes nuits en insomnie. Tu ignores ce que c'est. Et tu es heureux.
Dis tu es heureux non ?
Oui, je le suis.
Voilà. Alors tout va bien, tu es heureux, le ciel est beau, rien à redire.
Et pourtant, je suis là. Oui, moi, tu sais celui que tu croises sans y prêter attention. Oui, tu sais celui qui est ton ombre.
Mais personne ne se préoccupe des ombres. On les écrase, on les piétine sans la moindre considération.
Et pourtant j'ai toujours été là pour toi.
Est-ce que tu t'en rends compte ? Toujours, jamais je ne t'aies abandonné. Mais personne ne prêt attention aux ombres. Pas vrai ?
...
Oui, j'ai raison. Personne ne nous remarque c'est étrange. Cependant on est tous bien content qu'elles soient là pour nous cacher le soleil pour ne pas être ébloui.
Jamais un mot, un regard, rien. Juste ton indifférence. C'est lourd à porter tu sais.

Bien sûr, tu peux pas le savoir, peut être que tu ne le veux même pas. Hé tu as vu ?

Non

Regarde bien, écoute bien. En même pas quelques minutes qu'on est là, on entend plus que moi déjà. Étrange pas vrai ? Et même en quelques minutes, je suis déjà en train d'imaginer tout  ce que tu peux bien penser de nous.

Nous ?

Nous. Tout à fait, parce que même si tu ne veux pas le voir, on est relié, toi et moi. Mais MOI, pour une fois, je crois que je comprends. MOI j'en ai marre de toujours te regarder marcher devant, j'en ai marre de devoir te suivre, de faire de longs monologues, je ne peux me parler qu'à moi puisse que tu n'écoutes. Tu m'entends maintenant, c'était la dernière fois, c'est fini.

Qu'est que tu fais ?
Je pars.
Où ça ?
Loin

Tu t'en vas ?

Tu me laisses ?

Reviens ! Ne me laisse pas pas tout seul...

J'ai besoin de toi