Trop-plein

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Rester allongée  ?  Impossible.
Fermer les yeux ?  Il y a des choses que l'on voit au-delà des paupières. Des images pareilles à des fantômes.
Se lever  ?  Pour faire quoi  ?
Pour vivre ?  Impossible.
C'est la nuit tout le monde dort.
Pourquoi tu ne dors pas comme les autres ?
Les autres... est-ce que tu t'entends parler  ?  Les autres, c'est toi qui n'empêche de dormir. Pas les autres.
Comment ? Je n'ai rien fait.
Tu crois vraiment ? Tu te crois innocent ? La bonne blague, tu es aussi coupable que moi.
Coupable de quoi au juste ?
Regarde, tu les vois toutes ces plaies sur ma peau ? C'est toi, tu me brûles. Mais toi, tu t'en fiches tu fais semblant de ne rien voir. Avec ta conscience toute propre. Ah, ça t'arranges, de ne rien avoir à te reprocher. Ce n'est pas toi qui a la tête trop-pleine jusqu'à ne plus pouvoir dormir. Mais ça finit par déborder... Je n'en peux plus.
Dis-moi quand me redonneras-tu ma liberté ?
Mais, tu es libre.
Non, je le crois, je le veux, je me mens pour, tu sais. La nuit, j'essaie de me rassurer en me disant que je le suis... Je ne le suis pas. Ce n'est que du vent. Je ne le serai jamais plus. Prisonnier volontaire. Puisque je t'ai tout donné puisque j'ai tout perdu jusqu'à mon sommeil.
...
Tu ne dis plus rien, du moins à moi. Je suis encore seule.
Mais toi, tu dors ? Tu rêves, tu vis  ?
Oui.
Et moi je meurs.

Trop de pensées tournent dans ma tête, seule dans la nuit je parle aux les ombres, la tienne, la mienne.
Trop de mots que personne n'entend.
Trop de maux et trop de silence.
Mon esprit déborde, l'espoir meurt.

Divagations d'une insomniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant