Les flots où l'on se noie

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Une heure, deux heures, des journées entières, elle est capable de tenir.
Sans s'arrêter, sans respirer, sans discontinuer,
Elle est capable de remplir le vide, de sa voix, de faire peur au brouhaha, de le dominer pour que l'on n'entende plus qu'elle.

Parle, parle, parle comme une petite fille,
Parle et tue le silence qui t'effraie,
Parle pour cacher que tu as peur,
Parle pour oublier que tu as souffert et que cela va continuer,
Parle pour leur montrer que tu es là, que tu existes, que tu es vivante,
Parle pour les autres,
Parle pour toi car tu es sacrée.

Tu parles sans jamais t'arrêter, tu chasses le silence comme on chasse les nuages.

Mais à qui parles-tu ? A moi, à eux ? Mais qui peux bien t'écouter ?
Non, tu as raison, tu ne penses pas, tu parles juste.
Tu alignes des mots, puis des phrases et plus tu parles plus tu t'éloignes.
Tu n'es plus là, tu parles.

Alors parle, continue jusqu'à ce que tu n'aies plus de voix, ce qui ne peux pas t'arriver.

Parle, mais moi je ne peux qu'écouter.

Divagations d'une insomniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant