Jusqu'au fond de l'océan. (3)

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Ces cormorans flottant sur l'eau calme... Ces corps mourants en surface. Quelle idée, pour ces stupides volatiles, de vouloir flotter alors qu'ils pouvaient voler.
Mais, ce calme apaisant émanant d'eux alors qu'ils brouillaient la surface du miroir donnait à Charlie l'envie d'être à leur place. Peut-être que, même si elle ne pouvait accéder aux abysses, elle pouvait flotter paisiblement, à l'effigie de ces oiseaux ? Était-ce aussi agréable qu'elle ne se l'imaginait ?
Encore que, la jeune fille n'avait pas de plumes, peut-être que l'eau frappant sa peau pouvait davantage ressembler à une caresse qu'à un coup...
Seulement, était-ce son âme, comme toujours, qui décidait de flotter, où son corps qui le lui réclamait ?
La jeune fille hésitait. Seul son corps serait responsable de son maintien à la surface de l'eau, tout dépendait de lui. Hors, Charlie le haïssait, ce corps. Mais sans lui, elle ne pouvait pas flotter. Alors, que faire ?
Son corps tentait pourtant de la réconforter, en lui offrant tant bien que mal un moment agréable, mais elle ne savait qui écouter. Coupant alors court à ses réflexions, la jeune fille entra simplement dans l'eau, laissant tomber son débardeur poussé par le vent sur une dune de sable. L'eau fraîche roula sur ses pieds, puis, au gré de ses petits pas, le liquide gagna du terrain. Ne comprenant pas elle-même ce qu'elle cherchait et voulait, elle s'immergea entièrement dans l'océan. Les vagues la percutaient encore, mais cette fois, Charlie ne nagea pas. Fatiguée de son combat contre elle-même, elle abdiqua, elle lâcha prise. Flottant à la surface, le visage tourné vers le ciel, Charlie était perdue. Perdue, car, pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait en paix avec elle-même... Là, les yeux tourné vers le bleu du ciel, les rayons solaires réchauffant sa peau claire et ternie.
Son âme et son corps étaient... En accord ? Elle n'en croyait pas ses yeux. Qui aurait pu croire que cela arriverait ?
Certainement pas elle... Elle n'y croyait plus depuis longtemps.
Et alors, serrant les poings, Charlie s'en rappella. Que ce corps n'était qu'une fichue cage, une prison. Peu importe les sensations nouvelles qu'il lui faisait vivre, il n'en restait qu'une ordure.
Et puisque de toute les manières, son corps retenait son âme prisonnière... Le bonheur retrouvé grâce à lui n'avait aucune importance.

Charlie. [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant