La flamme de ta bougie.

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Grelottante, entourée par un souffle glacé et caressant sa peau nue, Charlie se releva. Tirée du sommeil par une température qu'elle avait espéré plus clémente, elle plaqua ses bras contre son corps, tentant de se faire toute petite face au monstre de glace voulant s'emparer d'elle et glacer ses veines. S'approchant alors lentement des escaliers boisés, elle prit appui sur la rambarde, souhaitant faire le moins de bruit possible. En contrebas, sa mère ayant entendu les grincements des nombreuses marches empruntées se faufila silencieusement dans le salon, le regard inquiet.
-Un cauchemar ? Murmura-y-elle alors.
-Non... rien que le souffle du vent qui me paralyse le corps. Répondît simplement l'enfant.
Faisant alors doucement glisser sa veste le long de ses bras pour les retrouver découverts, la femme s'avança sur la pointe des pieds vers sa fille. Et, Charlie, étonnée, senti une autre bulle prendre la place de la précédente, dans son coeur. Cette nouvelle vague de chaleur dans le ventre, transmise par la douceur du coton rouge nouvellement enroulée autour d'elle, mais surtout provenant de l'amour d'un être, un amour extraordinairement puissant. Avant qu'elle ne puisse le lui en demander la raison, sa mère extirpa une boite d'allumettes d'un tiroir, suivi de près par une bougie à l'apparence aussi rouge que la nouvelle parure de la douce Charlie.
-Le feu réchauffe le corps et le coeur, Charlie... Voudrais-tu le contempler avec moi, ce feu apprivoisé ?
L'adolescente acquiesça du bout du menton, son coeur en fit tout autant, emprunt d'une sensation nouvelle et dangereusement affective.
L'allumette craqua dans les paumes de la mère, le feu naquit de cette embrassade ardente. Léchant la tige de bois, puis venant se loger sur la mèche blanche et impeccable de la bougie gorgée de cire froide au gré des mouvements de la mère de Charlie, la torche commença à vivre. Consommée par la chaleur de la flamme mais persévérant encore pour survivre, la mèche se noircissait. Et la jeune fille, approchant ses mains de la flamme, commençait lentement à se réchauffer.
-J'ai longtemps cru que mon âme était aussi perdue que la mèche de cette bougie... Souffla alors Charlie.
Sa mère hocha la tête, soucieuse d'en apprendre davantage.
-Seulement, il suffit d'un souffle, pour que cette mèche soit sauvée des flammes... Juste... Un souffle. Un minuscule souffle, qui semble parfois, pourtant, envelopper toute la cage thoracique. Mais elle n'en reste pas moins ce qu'elle est, une brise d'air...
Alors, se penchant en avant, Charlie souffla. La fumée voltigeant autour d'elle fut la preuve de la fin de vie de cette flamme. Alors, en un regard doux, Charlie souffla à l'attention de sa si chère mère:
-Maman ? Pourrais-tu rendre mon corps prisonnier de tes bras, pour que mon âme puisse se consumer d'amour pour toi ?
La serrant alors fort dans ses bras en une accolade des plus puissantes, Charlie comprit que même le plus puissant des feu ne pourrait jamais égaler la chaleur d'une étreinte provenant d'une personne que l'on aime, et ce, d'une manière éternelle...

Charlie. [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant