Elle voulait parcourir le monde, traverser la profondeur des abysses, percer les nuages puis frôler les étoiles... Et c'était une sensation si étrange, de se rendre compte que ces fragments de paradis, son but ultime était bien là, depuis le début, posé sous ses yeux. Car, ici, les yeux posés sur l'univers, elle avait désormais envie de découvrir, de laisser le monde reboucher les trous béants creusés auparavant par la douleur et la mélancolie qui l'avaient habitée. La vérité, si toutefois il y en avait une, était que toute l'immensité du monde était présent en elle, tout comme il l'était en n'importe qui peuplant ses terres. Parcourir le monde était une étape envisageable et enviable, toutefois, parcourir les landes et les paysages tantôt arides tantôt regorgeant de miracles et de richesses que son esprit contenait s'avérait être l'un des périples les plus merveilleux que nous pouvions espérer vivre. Et ce périple, celui de la connaissance, celui d'une vie meilleure, plus belle, c'était le choix de Charlie. Un choix final, un choix gravé d'une encre ineffaçable dans sa chair, un choix qu'elle ne regretterait jamais. Aujourd'hui, elle avait compris que tout ne dépendait que d'elle, qu'elle était le point de départ de tout changement, la molécule d'oxygène indispensable au bon fonctionnement de son âme et de son corps, car, il était temps de l'accepter, ils étaient, pour l'heure, indissociables. De même, l'amour perçu, reçu, les rencontres, l'humanité, la vraie, cachaient en leurs seins l'un des trésors les plus inestimables, précisément l'un de ceux recherchés par la jeune fille : la profondeur et l'authenticité des océans, des océans inviolables, insondables, secrets et mystérieux. Chaque être était la matérialisation physique et corporelle des abysses qu'elle souhaitait tant observer. C'était dans le trouble des yeux de sa mère, dans ceux de son entourage, qu'elle percevait des marées montantes, de la pluie qui tombait, puis le soleil, un soleil éclatant se levant sur une éternité de songes et de murmures. C'est dans ces orbes d'une beauté infinie que se trouvaient les abysses, dans le creux de ses pupilles, couchés sur sa rétine, que se situait les nuages et les étoiles. Des galaxies complètes fleurissaient dans son cœur et dans ses iris à chaque inspiration, à chaque appel à la vie qu'hurlait son organe vital. Elle voulait danser, danser jusqu'à en perdre haleine, jusqu'à s'écrouler dans une mer de sable, jusqu'à se sentir capable de nager. Elle voulait chanter, crier jusqu'à s'en briser la voix, elle voulait tout comprendre, tout savoir, tout voir. Elle voulait vivre, vivre comme personne ne l'avait jamais fait avant elle. Et elle y était parvenue. Même perdue dans un torrent de larmes, même lorsqu'elle était inconnue à elle-même, même lorsqu'elle s'était sentie à bout, à bout de force, à bout de tout, elle avait continué.
Parfois, une main nous est tendue. Non pas par une présence physique, mais par l'espoir. Et parfois, lorsque nous attrapons cette main, que nous entremêlons nos doigts avec les siens, nous ne faisons qu'un. C'est alors que notre nom et le sien fusionnent, élevant notre condition bien plus haut que tout ce que nous avions pu espérer. Aujourd'hui, et avec ces quelques lignes, ces quelques mots, et ce point qui viendra achever cette histoire, l'espoir portera un autre nom, un nom simpliste, aussi simpliste que pourrait l'être le titre d'une histoire, aussi simpliste que peux l'être un prénom. Un prénom symbolisant beaucoup. Ce prénom, vous le connaissez sans doute aussi bien que moi, et je pense ne pas vous surprendre en vous laissant murmurer ce dernier, comme une dernière promesse, juste un dernier souvenir avant de refermer une histoire. Charlie...
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Charlie. [Terminé]
Historia CortaMais puisque de toute les manières, son corps retenait son âme prisonnière... Pour elle, plus rien n'avait aucune importance.