Une toile glissée sous le bras, de multiples types de pinceaux dans la main droite et des tubes de gouaches dans l'autre, Charlie était d'humeur sauvage, indisciplinée. Elle se sentait prête à voguer aux vents des saisons, prête à affronter la brise fraîche de l'automne. Sa toile posée en appui sur le massif tronc d'un arbre, ses cheveux relâchés et dansant tout autour d'elle, ses yeux attentifs, elle se sentait prête à redécouvrir le monde. En écho à cette autre expérience menée il y a peu de temps, elle voulait ressentir ce bien-être une nouvelle fois. Elle s'en rappelait encore, lors de son retour ce jours là, la pluie avait délavé le tableau humain qu'elle avait prit tant de plaisir à tracer, si bien qu'il ne lui restait en ce jours que défuntes réminiscences de ces belles arabesques bourrées d'espoir et de rébellion. Et elle sentait déjà, ce manque de couleurs et de formes abstraites creusait de légers sillons sanglants dans sa tête. Ce n'était pas si simple de guérir, surtout lorsque votre maladie reste invisible et presque indétectable aux yeux du reste du monde.
Décidant que sa main serait une palette des plus parfaite et performante, elle appliqua de nombreuses gouttes de peinture de différentes formes et tailles sur sa peau pâle, puis embaumant le tout de la pointe de son pinceau, elle traça.
La toile blanche paru alors vivre, vibrer sous la main experte de Charlie, elle semblait satisfaire tout ses désirs, toutes ses exigences avec une simplicité remarquable. Heureuse de pouvoir enfin représenter ce morceau de paradis automnal, la jeune fille sourit. Vraiment, l'art la soulageait, et pensait ses plaies bien mieux que n'importe quel traitement qui ne lui avait jamais été offert. Elle se sentait revivre, et, même si la crainte que tout ne s'affaisse ne cessait de la tirailler, elle pouvait désormais l'affirmer:
"Même si son corps retenait son âme prisonnière, ils allaient guérir, ils allaient se rétablir, peu importait le temps que cela allait encore prendre."
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Charlie. [Terminé]
Historia CortaMais puisque de toute les manières, son corps retenait son âme prisonnière... Pour elle, plus rien n'avait aucune importance.