Duperie augmentée

deux.

Etre en couple ça fait mal que quand t'y tiens hein hein

La musique était abrutissante et je me doutais bien qui pouvait avoir eu l'idée d'en écouter de bon matin. Je me levais alors avec difficultés, titubant encore sous l'effet du sommeil. L'odeur des œufs brouillés me parvenait en franchissant le pas de la porte de ma chambre, dix heures cinq, Mathieu était bien matinale. Une fois dans la cuisine, je pris place sur un des nombreux tabouret autour de l'îlot central de notre cuisine. Il se retournait et ses yeux prenaient la forme de deux soucoupes.

- Mais, t'es pas à ton casting ? Me demande-t-il, sa panique étant alors contagieuse au moment où je me rendais compte qu'en effet, je devais y aller.

- Oh merde, putain !

Je filais en vitesse vers mon armoire pour y prendre un pantalon cargo kaki, un haut à manches longues gris et mes vans classic ainsi que mes sous-vêtements pour ensuite aller directement vers la salle de bains où je ne pus prendre la peine de me doucher ; me contentant d'un coup de déodorant et un chewing-gum pour l'haleine. Pour la coiffure, un chignon négligé fera l'affaire. Mon blouson en cuir sur les épaules et mon sac dans les mains, je courrais en dehors de mon appartement pour aller tout droit vers l'endroit où je devais passer mon casting.

Quelle idiote, mon téléphone avait bien sonné à l'heure où je devais initialement me lever mais, je m'étais rendormie, bien évidemment. Dans le métro, j'étais en stress, je vérifiais que j'avais tous mes papiers d'identité et bien sûr, le script... Ce dernier manquait ! La belle affaire, j'étais vraiment poissée jusqu'au bout. Mon téléphone vibra, m'indiquant alors que j'avais plusieurs messages, un venant de mon frère, un autre de Mathieu, sûrement pour m'avertir que j'avais oublié le script et un de Nekfeu, enfin, Ken.

« Alors ? »

Je poussais un soupir malgré moi. Je ne savais pas combien de personnes allaient être présentes au casting et sincèrement, j'espérais passer le plus vite possible, sauf que j'étais bien trop utopiste là-dessus et que bien souvent, ça leur arrivait même d'avoir du retard... Mes doigts survolaient l'écran en cherchant quoi lui répondre, puis arrivée à ma station, je me décidais de la réponse :

« Ce soir, ça te vas ? »

Mon téléphone retrouvait ensuite ma poche et s'ensuivit ma course folle à travers les rues de Paris pour me rendre sur le lieu du casting. Comme je l'attendais, c'était bondé de monde et heureusement pour moi, ils redistribuaient le script. Deux types de personnes étaient apparemment recherchés : une fille blonde et un garçon à l'air un peu je-m'en-foutiste. Je correspondais fort heureusement au critère physique mais restait à voir pour le jeu...

- Léna ? Entendis-je d'une voix masculine pendant que je recherchais un énième chewing-gum en relisant mon texte.

Cette voix m'était familière et pour cause, c'était mon coup de cœur du lycée... Mon « crush » comme on dit. Je n'imaginais même pas la couleur de mes joues à cet instant et préférais ne pas m'en préoccuper.

- Hé, Gaspard, comment tu vas ? Demandé-je tandis qu'il prenait place à côté de moi.

- Très bien et toi, tu passes le casting ?

- Ça va et oui, j'espère qu'il en ressortira quelque chose !

Physiquement, j'avais l'air en totale confiance, complètement sûre de moi, sauf que intérieurement, c'était vraiment tout le contraire. Je réfléchissais à tous mes faits et gestes, en espérant ne pas paraître idiote, une véritable phobie depuis un moment.