vingt, part.1.

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Bien évidemment en période estivale, tout partait en couilles. L'équipe entière m'avait suivi pour aller vers Nice, endroit où se déroulait le mariage. Autant avouer que trimballer tout ce monde était un exploit de sportif et encore plus quand la SNCF faisait des siennes. On avait sans doute passé plus de trois heures à attendre qu'une putain de panne soit réparée et j'en avais marre. Je regrettais ma décision de me la jouer façon prince charmant sur son grand cheval blanc. J'aurais pu attendre qu'elle rentre à Paris pour pouvoir la détourner et non pas détourner carrément son mariage.

-    Qu'est-ce qu'on ferait pas pour ta blondasse, me dit Deen avant de rentrer dans le nouveau train, chargé de sa valise.

-    Non, c'est surtout qu'est-ce qu'on ferait pas pour un peu de drama, reprend Adèle ce qui provoque un ricanement de ma part.

La suite du voyage se déroulait sans encombres. Je m'imaginais surtout comment tout ceci allait se passer. Est-ce que je déboulerais dans la salle en criant « je m'y oppose ! » ? Ou bien, est-ce que je me tromperais pas d'église même ? Enfin, si cela se passe dans une église... Puis je tranchais en m'arrêtant complètement de penser à ça, me disant que j'allais bien voir le moment venu. Je me mis surtout à repenser à toutes les motivations qui me poussent à faire ça. Déjà, il y a l'enfant qu'elle porte qui est le mien et je comptes bien ne pas la laisser s'en tirer ainsi. Ensuite, il y a ce mec, à l'air complètement factice, un américain quoi, avec son sourire faux, ses faux cheveux, son faux bronzage, sans imaginer en plus sans doute son orientation politique...

-    Tiens, c'est pas son fiancé ? me demande Adèle en coupant le fil de mes pensées, elle feuillette un magazine people dans lequel il y avait une photo de ce plouc avec un enfant de trois ans dans les bras, prise à Los Angeles.

-    Ouais, c'est lui, je rétorque en détournant mon regard de la page, me retenant ainsi de prendre le magazine et le déchirer.

-    Il a déjà un gosse en plus, elle commente alors que je replonge dans mes pensées.

Enfin, il y avait cette foutue bonne femme que je n'appréciais pas tant que ça au début. Elle m'horripilait avec ses manières de princesse, ses rêves bien trop ambitieux et ses insécurités. Au final, tout ce que je lui reprochais était tout ce que j'aimais chez elle. Je lui ai déjà dit une fois et je détestais le fait que je devais me répéter encore et encore avec cette fille. Mais elle était la mère de mon enfant, je ne pouvais pas la laisser m'échapper.

Une fois sur le quai de la gare, Matthieu et Daphné vinrent à notre rencontre. Les banalités échangées avec mes frères, je restais à l'écart comme ces sept dernières heures. Les deux tourtereaux se tenaient par la main tout en marchant vers l'extérieur et je me surpris à les envier. C'était donc ça être aigri... La vieillesse ne me réussira pas, encore pire si je ne serais pas à ses côtés.

-    Elle est grave sur les nerfs, rien ne va comme elle veut, m'informe Matthieu alors qu'on se met à l'écart du groupe qui remplit d'ores et déjà les voitures de leurs valises.

-    Tu penses que je pourrais la voir ? je demandes, ignorant complètement ce qu'il me dit.

-    Je suis pas sûr qu'elle veuille, tu sais... Mais dans le pire des cas, sans son accord je vous ai tous mis sur la liste des invités, elle est pas au courant... il m'explique ensuite en grimaçant.

-    Je vois... était tout ce qui pu sortir de ma bouche.

Un peu plus tard dans la journée, nous étions tous au bord de la piscine, tous rigolaient de tout et de rien, l'ambiance était au beau fixe. Quant à moi, mon téléphone patientait bien gentiment entre mes mains que mon courage pointe le bout de son nez et éloigne ainsi ma fierté. Les paroles de Matthieu me revinrent en tête et je devais admettre que je voulais savoir si elle pensait à moi autant que je pensais à elle, même si il avait pu me dire qu'il ne valait mieux pas lui parler. J'avais bientôt trente ans et toujours des agissements d'un gosse de quinze...

Duperie augmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant