dix, part.2

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Les rêves. Les miens je les avais atteints, non sans encombres. Ces chimères à l'importance vitale m'ont bercé d'illusions durant toute mon enfance, même encore maintenant. Mon nom est Samaras, Ken Samaras. Mon rêve était de devenir un rappeur connu et reconnu, c'est chose faite. Aussi ridicule que cela puisse paraître, j'y pensais depuis mes dix ans. Qui est à blâmer ? La vie, peut-être. Ces galères dans lesquelles je m'étais engouffré pour seule motivation : m'en sortir. Les problèmes à l'école, me faisant virer d'établissements en établissements, tout cela à cause de mon arrogance, quand les profs ne cessaient de me dire : « Mais que vas-tu devenir ? » et que je leur répondais que j'étais déjà quelqu'un, que je leur prouverais à l'avenir. Les problèmes avec mes parents, ayant fugué à l'âge de dix sept ans, trop de pression, je voulais que cela cesse. Mais maintenant, c'était fini. Tout cela était réglé.

Et j'étais encore capable de me fourrer dans des problèmes. Pardonnez moi d'être plus émotif que logique. Les ambitions logiques, je ne connais pas. Mes ambitions logiques étaient de réussir dans ce milieu, pas autre chose. Pour finir assis derrière un bureau ? Avocat ? Médecin ? Et finir avec une balle dans le crâne ? Non merci, très peu pour moi. Les galères que je connaissais maintenant étaient moindres mais non sans quelques désagréments. Et je nomme ce désagrément : Léna Colin et ses humeurs lunatiques. Je ne perdais jamais mes moyens avec une femme et ça n'allait pas commencer maintenant, surtout pas avec une gamine pareille, une petite conne.

Mais putain, Nek, t'essayes de tromper qui comme ça ?

Enième soupir que je poussais en cette soirée de festivités. Je devrais me réjouir selon Mekra, le PSG avait gagné, pourquoi je tirais la tronche ? Peut-être à cause de cette conne qui me retournait le veau-cer. « On risque de se gâcher la vie », ouais, en tout cas tu gâches bien la mienne connasse.

Menteur.

Peut-être. En tout cas c'était l'ascenseur émotionnel avec elle. Un jour c'est blanc, l'autre c'est noir. Sans doutes demain changera-t-elle encore d'avis sur la nature de notre relation. C'était pourtant clair : nous étions amis. Bon, pas besoin de me redire la même chose. Menteur. Je ne sais faire que ça, mentir. Surtout avec mes sentiments. Mais quand est-ce qu'elle cessera de me faire tourner en bourrique comme ça ? Quand le tournage sera fini, railla ma conscience, elle aussi était une connasse. Une connasse empreinte de vérité ceci dit.

-    Matt ! entends-je crier alors que j'étais dans l'appartement de la principale intéressée, elle ne m'accorda aucun regard, devines qui j'ai croisé ! s'exclame-t-elle tandis que son visage de poupée ne reflétait que de la joie.

-    Hm, Spielberg ? répond Mathieu, un peu bourré, tout le monde rit sauf elle.

-    Non ! Réfléchis un peu !

-    Si c'est pas Spielberg, ça m'intéresse pas... rétorque-t-il en se servant un énième verre de whisky, ça fait le septième si mon compte est bon.

-    T'es sûr ? Si je te dis Xavier Dolan, t'es certain de ne plus être intéressé ? demande-t-elle, Mathieu recrache toute la gorgée qu'il a avalé, quel gâchis.

Le reste de la conversation m'importa peu. Elle ne voulait plus m'adresser la parole, on ne fait que se disputer, on n'est pas des amis, on est des collègues plus qu'autre chose, on fait semblant. Semblant putain, c'est le putain de principe ! Si ça se trouvait, elle était tombée amoureuse mais elle ne voulait pas se l'avouer, j'avais bien pensé, les femmes ne suivent que cet instinct, elles suivent leurs cœurs au lieu de suivre leurs raisons.

Duperie augmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant