dix-neuf.

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La MZ dans les oreilles je sortais du tour bus afin de faire le soundcheck dans la salle dans laquelle j'allais jouer ce soir. L'adrénaline rien qu'à la vue du Zénith s'emparait de mon corps et c'était sans doute la plus bonne drogue à laquelle je devais adhérer. Cinq mois, cinq putains de mois que Léna m'avait quitté comme une grosse merde pour se remettre avec un acteur américain tout de suite après. Quand j'avais appris la nouvelle, je dois vous avouer que j'ai très mal pris qu'elle me remplace aussi vite alors que moi, j'avais encore du mal à baiser d'autres meufs. Je ne suis qu'un faible et j'ai envie de me tirer une balle rien qu'à cette perspective. Ou du moins à la perspective de ne plus jamais l'avoir dans mes bras. Je suis resté approximativement deux semaines enfermé chez moi, plus personne ne me voyait puis j'ai finalement pris mon courage à deux mains, j'avais pas d'autres choix avec la tournée alors m'y voilà. Depuis, je me noie dans le travail pour ne plus y penser, même si quelques semaines après j'ai eu une altercation avec l'abruti de Gaspard qui cherchait la merde, il s'est finalement retrouvé à l'hôpital à cause du fennec, autrement dit, moi.

Le soundcheck terminé, je retournais en loge, la musique de nouveau dans mes oreilles, n'étant pas tellement d'humeur à parler. Les regards des gars sur moi ne m'annonçaient rien qui vaille mais ils s'arrêtèrent dès lorsqu'ils avaient capté mon air interrogateur... Très bizarre tout ça... Les conversations allaient bon train mais je sentais toujours quelques regards sur moi, comme si j'avais un truc sur le visage, je m'étais même regardé à plusieurs fois dans le miroir pour vérifier mais rien... Qu'est qu'ils ont tous ?

Le concert fini et de retour en loge, j'étais le seul à avoir le sourire jusqu'aux oreilles grâce au bonheur que j'avais pu éprouver sur scène et tous me regardaient encore avec un air grave. Comme toute bonne drogue, l'adrénaline partit et la réalité revenait aussitôt avec ses effets négatifs.

-    Bon, y a quoi depuis tout à l'heure vous tirez une tête de déterré là, je demandes, excédé avant de prendre une petite bouteille d'eau pour en boire le contenu.

Tous soupirèrent et Sneaz fût celui qui s'arma de courage. Il trafiqua quelque chose sur son téléphone et le brandit devant mon nez sans ajouter un mot. Mes sourcils se froncèrent en voyant une photo d'une blondinette que je connaissais très bien mais qui paradoxalement était méconnaissable et pour cause, elle arborait un ventre arrondi, y abritant un petit être depuis quelques mois déjà. Mon cœur se serrait instantanément à cette vue, ce fameux acteur avait maintenant tout ce que j'aurais voulu avec elle, manquaient plus que la grande barraque avec le chien...

-    Ça va Nek ? j'entends de la part de Mekra, en relevant les yeux, je remarque à peine qu'ils étaient larmoyants.

-    Ouais, bien sûr, tant mieux pour elle, je fais en redonnant le téléphone à Mo', évitant leurs regards, je retournes dans le bus, les informé-je ensuite, n'ayant même pas la force de prétendre être bien suite à cette annonce.

Une fois dans le bus, la furie me gagnait et tout ce qui me passait sous la main finissait sur le sol de façon assez violente. Cela faisait bien longtemps que cette facette de ma personnalité n'avait pas pointé le bout de son nez. Ce qui me rendait fou c'était sans doute le fait que j'avais l'impression de prendre conscience qu'après tout, si ça se trouvait, elle en avait rien à foutre de moi et que j'lui avais donné tout mon amour comme un con, un pigeon, voilà l'image que ça donnait de moi. Mais pire encore, c'est cette capacité qu'elle avait eu de tourner aussi vite la page alors que moi, je penses à elle matin, midi et soir. Léna c'est pas le genre de fille qu'on oublie comme ça, du jour au lendemain. C'est un putain d'ouragan, elle a laissé sa marque, ses traces sur son passage, sur ma mémoire, de partout, une tornade. Elle a semé ses petits bouts d'elle pour se casser, comme ça, me laissant comme un putain de con et je me défoulais sur ce pauvre bus de tournée qui n'avait rien demandé. Elle était et restera un putain de vieux souvenir que j'arriverais pas à oublier, le genre de fille qui reste ancrée dans le regard des gens, dans leur réalité et j'ai envie de la tuer rien que pour ça.

Duperie augmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant