Duperie augmentée

onze.

-    Qu'est-ce qu'elle t'as dis ? s'empresse-t-elle de me demander.

Un soupir m'échappait pour la cent cinquantième fois sans doute. Ma main rencontrait mon visage afin de le frotter pour me donner un peu de courage tandis que je tombais de fatigue. Je ne voulais pas qu'elles se disputent, mais alors pourquoi j'avais ouvert ma bouche ?

-    Elle m'a... Elle m'a expliqué pour les traces sur tes poignets, même si je penses que ce n'est pas la vraie raison...

-    Qu'est-ce qu'elle t'as dis exactement, Ken ? s'impatiente-t-elle, son visage ayant de plus en plus des airs d'une déesse en colère.

De nouveau un soupir, je posais le pour et le contre rapidement. Devrais-je lui dire de laisser tomber ? Devrais-je lui raconter ? Je n'aimais pas la savoir tourmentée mais j'aimais encore moins la savoir en présence d'une fille comme Sophia.

-    Que les traces sur tes poignets, je commence en me faisant délicat, tu te les étais infligé toute seule pour... j'hésite un moment puis me lance : faire croire qu'on te harcelais...

Je remarquais alors qu'elle s'était figée, crispée et qu'à la fin de mon explication, tout son corps se détendait pour qu'elle soit happée par des sanglots incontrôlables. La voir dans un tel état me désolait et je ne savais pas quoi faire. Elle semblait tout d'un coup si frêle, si fragile, la véritable image d'une poupée en porcelaine. Avec peu d'assurance, je la pris dans mes bras afin de la rassurer.

-    Non, laisses moi, appelles Matt, sanglote-t-elle en ne m'accordant aucun regard, me rejetant totalement.

-    Léna... commencé-je, ne voulant pas m'avouer vaincu aussi tôt.

-    Ken, je t'ai dis d'appeler Matt, me coupe-t-elle en essayant de lever la voix sauf qu'elle se brise au final.

Ma mâchoire se contracta sans que je ne le contrôle et m'empêchais de devenir méchant. Je m'exécutais finalement, allant chercher le meilleur ami de ma supposée petite amie en train de pleurer à ne plus en pouvoir. Il courra la voir tandis que je restais figé, les bras le long de mon corps, ne sachant quoi faire.

J'avais besoin d'un bon petit remontant je crois bien.

***

-    Wesh Nek, comment ça se fait que tu reprends la tise ? me demande Framal alors que je portes une nouvelle fois mon verre à mes lèvres.

-    Ta gueule, lâché-je en ne lui accordant aucun regard, je le sens écarquiller les yeux.

-    M'parles pas comme ça, hé il est fou lui ! s'étonne-t-il en criant pour que tout le monde l'écoute, je lève les yeux au ciel.

-    Laisses le, il a le cœur brisé à cause de son actrice là, ajoute Burbigo, me faisant relever les yeux vers lui aussitôt.

-    Mort, d'où j'suis un fragile moi ? rétorqué-je, provoquant le rire de toute l'assemblée, manquait plus qu'ils me fassent chier eux aussi.

Voyant que leurs rires ne s'atténuaient pas, je me levais pour me resservir à boire, ils riaient d'autant plus. Mais qu'est-ce qu'il me passe par la tête parfois ? Comme si j'allais me changer les idées comme ça en un claquement de doigts. Ils étaient tous joyeux et d'humeur festive tandis que la mienne était maussade voire grognonne et plongé dans mes pensées.

-    Elle a quoi ? me demande une voix surgissant de nulle part, c'était Mekra.

-    Ah, frère, même moi j'sais pas, avoué-je à Hakim après avoir poussé un long soupir, pour ne pas changer, en haussant les épaules.