quinze.

2K 118 89
                                    

Comme prévu, les jours qui ont suivis notre séparation, je n'avais plus eu de nouvelles de Léna. J'essayais de faire en sorte que cette situation ne m'accable pas en redevenant l'hyperactif que j'étais, ne cessant de faire des allers retours entre le studio, l'appart' de Mo' et la salle de sport. Oui, la salle de sport, comme si j'étais un sportif de haut niveau...

Cependant, ma nature curieuse reprenait le dessus, je ne pouvais pas m'empêcher de surveiller ce qu'elle faisait sur n'importe quel réseau social. Elle me rendait masochiste, complètement fou. Chaque commentaire venant d'un mec que je ne connaissais pas, passait au crible, je me renseignais du mieux que je pouvais sur lui et je l'imaginais déjà dans ses bras. J'étais dans le pathos profond. Etait-ce cela qu'elle ressentait ? Souffrait-elle aussi de voir toutes ces filles graviter autour de moi ? En tout cas, je la comprenais maintenant.

N'empêche, il fallait que je me la retires de l'esprit. C'est pour cela que je saisissais n'importe quelle occasion qui s'offrait à moi de sortir avec les gars, histoire de fêter nos victoires en buvant, même si j'avais mis un frein à ma consommation d'alcool. Un soir, alors que l'ambiance était au beau fixe, Framal eut la bonne idée de se rendre chez Daphné, nous nous y étions rendus pas mal de fois, elle organisait les meilleures fêtes que pouvaient voir la Capitale. C'était Daphné quoi... Ma Daphné...

Je n'étais pas tellement partant au départ, les gars savaient très bien ce qu'il s'était passé entre nous, un gros foutoir en somme. Un foutoir dans lequel nous avions tous les deux souffert, je ne saurais pas dire en revanche qui a le plus eut mal. Peut-être que c'était ex-aequo. Daphné avait été mon premier amour, c'est cliché et sans doute niais, mais c'était ainsi. Elle m'avait tellement marqué que dans mes écrits, les plus connus d'ailleurs, elle avait été ma muse. Suga, Risibles Amours et Galatée et d'autres encore, elle en avait été la précurseuse.

De cette façon, j'avais raconté le début de notre histoire avec Suga, racontant nos premiers émois amoureux, les week-ends dans ses bras, mes rêves étant hantés par sa peau soyeuse, ses tennis en toile puis les maintes fois où tout ceci n'avait plus d'importance. Nos nombreuses disputes où je ne cessais de me dire que je la détestais et nos nombreuses ruptures où cette idée se confirmait.

Puis le temps est passé et là rentre en scène Risibles Amours, une autre fille est mentionnée dans ce texte, mais le deuxième couplet concerne Daphné. Pendant une période de temps, on s'était revu, simplement pour retrouver les sensations d'antan sur l'oreiller. Elle m'avait confié que son mec l'avait frappée, je suis allé lui rendre visite, je l'ai cogné, elle s'est remise avec... Phénomène anormal. Elle ne m'avait plus donné de nouvelles, sauf les rares fois où elle était bourrée aux cocktails et qu'on se donnait rendez-vous à l'hôtel, ganja calée dans le porte-jarretelle.

Enfin vint Galatée, elle avait quitté son mec, on s'était revus pendant quelques mois, elle était jalouse, peut-être trop, provoquant les distances que j'avais mis entre nous. Durant ces quelques mois c'est là que j'ai remarqué à quel point elle tenait à moi. C'est pour cela que des fois je la taquinais en sous-entendant que les autres filles m'intéressaient alors que moi, j'voyais qu'elle. Quel fragile je faisais avec les gonzesses quand même... Ces quelques mois pendant lesquels nous refaisions les quatre cents coups, comme plus jeunes, escaladant les grilles d'un parc, les nuits pleines d'embrouilles rue de Rivoli pour les finir sur des notes frivoles au lit, je pensais que c'était bon, qu'elle était la femme de ma vie. Simplement, à côté il y avait ma carrière, les tournées et les filles qui remplissaient les salles, les absences de six mois... Elle n'appréciait pas, alors, on s'était disputés, se crachant les pires horreurs possibles au visage, encore. Elle a jeté tous les livres que j'avais pu lui prêter, même J'ai un visage pour être aimé. J'avais fait le dur, je lui ai proposé qu'on se tire, que j'arrêtes le rap juste pour ses beaux yeux, mais elle n'a pas voulu, elle ne m'a pas cru : « C'est faux, tu le feras jamais, c'est moi que tu quitteras. » Vérité retentissante. C'est la vie et de toute façon, le génie est souvent seul.

Duperie augmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant