quatorze.

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L'inquiétude m'avait tenu éveillé pendant au moins trois heures, l'aube n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Je ne savais pas ce qu'elle faisait, j'en avais des hauts le cœur, elle m'avait échappé pour je-ne-sais-quelle raison. Sans doute toute cette histoire de séparation la bouleversait tout autant que moi, que c'était sa seule façon de gérer ce qui allait se produire. Une boule s'était formée dans mon estomac, je guettais le moindre appel sur mon téléphone, en clair : je me faisais un sang d'encre.

C'est sur les coups de cinq heures du matin que la porte d'entrée s'ouvrit, me faisant bondir du lit pour voir si il s'agissait d'elle ou de Mohamed. Je la voyais au bout du couloir en train de retirer ses talons aiguilles, elle venait de rentrer de soirée. Comme si elle pouvait pas prévenir...

-    Un message ça te tuerais ? je lui demande, la faisant sursauter alors qu'elle retirait sa deuxième chaussure, venant ensuite à ma rencontre, un sourire au coin des lèvres.

-    Tu t'es inquiété chaton ? elle rétorque avec malice, je lui en ficherais de son chaton merdique.

-    Non, simplement je voulais savoir si tu rentrais, c'est tout, je réponds simplement en haussant les épaules en guettant l'heure sur mon téléphone, cinq heures cinq.

Sans m'y attendre, elle me fit m'allonger sur mon lit pour s'asseoir à califourchon sur moi. Qu'est-ce qu'elle faisait ?

-    T'as bu ? je lui demande en arquant un sourcil.

-    C'est aussi bizarre pour toi que je fasses ça en étant sobre ? elle demande en mettant ses mains sur ses hanches, ne bougeant pas de mon ventre.

-    Non, pas du tout... Juste que... Je pensais qu'on était des amis, non ?

Son regard s'assombrit. Avais-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je ne savais jamais avec cette bonne femme. Enfin, avec toutes les bonnes femmes que j'ai pu rencontrer après réflexion... Elle se pencha sur mon visage, son souffle se répercutant sur ma joue, elle sentait la fraise. Nos lèvres étaient à quelques centimètres, elle allait les sceller et je restais spectateur, comme un puceau.

-    Est-ce que des amis s'embrassent comme on le fait, Ken ? Est-ce que des amis se touchent comme on se touche ? Tu penses encore qu'après tout ce temps on reste des amis ? elle demande, comme blessée.

Peut-être pensait-elle que je ne ressentais pas la même chose qu'elle, sauf qu'elle se trompait. Ou alors, elle le savait mieux que je ne pouvais le penser et qu'elle tentait de me faire cracher le morceau. Je basculais nos deux corps de façon à être au-dessus d'elle.

-    Pardon Boucle d'or... je donne pour seule réponse en passant une main dans ses cheveux.

Elle prit ma main pour la passer sur ses lèvres, je pouvais y lire un message : « Embrasses moi » me disait-elle silencieusement. Je m'exécutais alors, faisant de notre simple baiser, un baiser passionné. Ses mains quant à elles se logèrent dans ma crinière, tirant légèrement sur mes cheveux. Notre baiser passionné devint alors fiévreux.

-    Disons nous adieu comme il se doit, susurre-t-elle entre deux baisers, me frustrant plus qu'autre chose.

J'acquiesçais par un grognement peu classe. Je ne voulais pas lui dire au revoir, ou adieu comme elle me laissait entendre. Elle devait rester auprès de moi, pour toujours. Mais elle était sans doute bien trop abattue par toutes les épreuves par lesquelles elle était passée, de telle façon qu'elle n'acceptait plus aucune forme d'affection. Elle n'acceptait plus d'être aimée.

Duperie augmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant