Duperie augmentée

sept.

-    Oui, comme ça Bella, très bien, pose comme ça, demande-t-il en mettant sa main sur sa hanche en guise de démonstration.

Le grand jour était là, il faisait beau, les gens étaient agréables, jour parfait pour un shooting photo. L'ambiance était cependant un peu tendue mais grâce à l'opportunité que Mathieu avait flairé, il était plus cool, malgré l'incident avec Gaspard. De ce fait, j'arrivais à me concentrer, enfin, ce n'était pas comme si il fallait un énorme effort pour poser pour une photo. J'avais l'impression d'être Elle Fanning dans The Neon Demon, le sang en moins. L'atmosphère et l'esprit du shooting étaient néanmoins similaires. C'était sombre, mon maquillage était exagéré et l'esthétique des photos me faisait passer pour un ange démoniaque. Assez curieux pour une Une d'un magazine aussi emblématique. La promotion pour le film avait d'ores et déjà commencé alors que nous n'avions même pas finit le tournage. Seulement, tout le monde y trouvait son compte, mon manager, le réalisateur, la société de production...

Puis il y avait ces relations que je n'arrivais pas à gérer. D'abord mon amitié avec Sophia et Mathieu, avec celui-ci, la partie professionnelle était beaucoup plus de mise, à mon grand regret, ensuite le pseudo couple que je devais former avec Ken qui ne répondait plus à mes appels, encore, et enfin le couple, le vrai couple naissant de Gaspard et moi. Du moins, je l'imaginais. Il était impossible que l'on se voit pour discuter de ce qui s'était passé entre nous, des zones d'ombre planaient toujours au dessus de nous et j'avais bien envie de les éclaircir.

Le shooting fini, j'avais tenté de le joindre pour qu'on puisse boire un café, il n'a pas pu répondre et m'a répondu d'emblée par message qu'il était je cite « avec des potes. » Bien. Mon téléphone sonna, m'indiquant que ce n'était pas mon potentiel bien aimé mais bien mon bien aimé fictif.

« - Hallelujah, je te croyais mort.

-    On doit parler, fit-il assez sèchement, que se passait-il ?

-    D'accord, je sors du studio du shooting et j'arrive, répondis-je aussitôt. »

Il raccrocha sans autre forme de procès. Je m'attendais de ce fait au pire. Une fois changée, je ne pris pas la peine de saluer Mathieu, il était trop occupé à vérifier le photoshop effectué sur les photos, puis, c'était un peu compromis étant donné que nous étions en froid. Un Uber m'attendait alors que je sautais dans celui-ci, je lui indiquais alors que le trajet changeait et il m'emmenait chez Sneaz où Ken se trouvait. Plusieurs soupirs d'appréhension m'échappaient sur la route alors que je pensais aux milles choses qu'il pouvait me dire. Etait-il au courant pour Gaspard et moi ? Mais... Pourquoi m'en souciais-je même ?

Une fois arrivée, je montais presque en quatrième vitesse à l'étage de l'appartement de Mohamed, bien que tout ce que je voulais c'était partir à reculons. Ken m'ouvrit la porte, le visage impassible. Cela n'annonçait rien qui vaille. Ses amis étaient-ils là ? J'espérais en franchissant le pas de la porte que non, je ne voulais pas que l'on ait une « scène de ménage » devant eux. Il se dirigea vers le salon, je l'y suivis. Les garçons étaient en effet là, pas tous et pas dans le salon, sur la terrasse. C'était un bon début déjà, j'allais m'accommoder de cela.

-    Il paraît que t'as couché avec Gaspard, il t'es passé quoi par la tête ? demande-t-il d'emblée, sans même me demander comment j'allais.

-    Comment tu sais ça ? rétorqué-je en croisant les bras sur ma poitrine, restant debout tandis qu'il s'était assis sur le canapé, feignant la détente alors que son regard annonçait la tempête.

-    C'pas le sujet, tu réponds à ma question, Lana, ajoute-t-il, faisant exprès de se tromper sur mon prénom, sachant que j'allais tiquer, gardons notre calme.