✯ Chapitre 37 ✯

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Je t'aime. Il pensait que je dormais lorsqu'il me l'a dit. Maintenant, je ne sais pas ce que je dois faire. Lui dire que j'ai entendu...ou faire genre de ne rien savoir. Dans les deux cas, je sais, et l'une de ces deux propositions, demanderait une réponse. Et je ne suis pas encore sûr de mes sentiments. Enfin si, mais...je ne suis pas encore en phase avec moi-même.

            Levi dort paisiblement, à moitié allongé sur moi. D'une main je m'amuse avec ses boucles, de l'autre je trace le contour d'une colombe tatouée sur son omoplate. Il ouvre les yeux, me sourit et passe la main derrière la nuque pour attirer mon visage jusqu'au sien. Sa langue titille la mienne, et il se colle à ma jambe.

— Tout doux mon grand...déjà que tu m'as privé d'un bon barbeuc, je crève la dalle.

— J'ai faim de toi, moi.

            A deux doigts de me laisser convaincre, mon ventre me rappelle à l'ordre en gargouillant, comme un loup hurle à la lune.

— Tu as très faim à ce que j'entends, raille-t-il.

            Nous commandons à dîner, et le mangeons au lit.

— Que signifie celui-là, je lui demande en traçant un cercle autour du nœud marin.

— Ma mère, Layton et moi.

— Comment vous êtes-vous rencontré Layton et toi ?! Parle-moi de ton passé...

— Pourquoi faire ?! On ne peut rien y changer.

— Je veux tout connaître de toi, ton passé, triste comme heureux...ne me laisse pas sur le bas-côté, s'il te plaît.

            Il nous fait rouler, de façon à ce que ce soit lui au-dessus.

— Je te raconte tout ce que tu veux savoir, à une condition...

— Laquelle ?!

— Tu me laisses noircir ta peau, ce n'est rien de définitif...juste au marqueur, précise-t-il en voyant mon air paniqué.

            J'accepte, et il s'empresse de dégoter un marqueur.

— Je n'ai pas tout de suite été placé. Prendre conscience que ma mère m'avait abandonnée, m'a fait tomber dans une phase sombre. Comment vendre au parfait petit couple, un gamin dépressif et suicidaire ?! Impossible. Je suis donc resté dans un service de soins spécialisés. Deux fois par semaine, une assistante sociale, et un psychothérapeute, venaient évaluer mon état. Commence-t-il en traçant une fine ligne noir sur ma hanche.

— Comment, t'en es-tu sorti...de cette phase sombre.

— J'y suis sorti comme, j'y suis entré...en réalisant que ma mère m'avait abandonnée, et que je devais compter uniquement sur moi-même.

            Mon cœur se brise pour ce petit garçon.

— Au bout d'un an, j'ai arrêté de compter le nombre de familles d'accueils par lesquelles je suis passé. J'étais un enfant sauvage, je me bagarrais, souvent avec des bien plus âgés. Ma rencontre avec Layton, cela faisait un mois que l'on m'avait renvoyé d'une énième famille d'accueil. Lors d'une crise, j'avais presque mit le feu à la maison. Je pensais qu'ils avaient abandonnés l'idée de me placer dans une famille.

— Pourquoi...tu ne voulais pas avoir une famille qui prenne soin de toi.

— Ils m'ont toujours abandonnés suite à une crise...donc non, à cette époque, je ne comptais que sur moi-même.

— Mis à part moi, il y avait déjà cinq enfants. J'étais le plus jeune. La bonne femme qui devait être notre « nouvelle maman », apportait plus d'importance à son paquet de cigarette qu'à nous. Au début, les autres enfants me posaient tout un tas de questions, mais voyant que je ne leur répondais pas...ils ont abandonnés, et m'ont laissé seul. Layton, était petit et chétif. Malgré notre différence d'âge, je le dépassais d'une bonne tête. Il me suivait partout où j'allais, mais restais à distance. Une fois, j'ai fait le mur, et je me suis attiré des ennuis...pour ne pas changer.

Mine [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant