✯ Chapitre 11 ✯

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Je devrais normalement être au lit afin d'être en forme pour le match de demain. Mais je me retrouve sur le terrain vague avec Levi. Il jubile, croyant que je vais perdre le défi, moi je n'en dit rien. Il sort son attirail et je lui pique la bombe de couleur noire.

— Prépare-toi à amener ma tête de premier de la classe à l'un tes combats de rue !

Il sourit, et s'installe nonchalamment sur le sol.

— Va s'y, balance !

Je me poste devant lui un sourire aux lèvres, tout en jonglant avec la bombe de peinture.

— Toi, tu vois le monde différemment d'une personne lambda. Là où quelqu'un verrait un simple mur, tu vois un espace...une toile à remplir.

Je fais un demi-tour sur moi-même et écris assez grossièrement sur le mur « tu es un artiste ». Il m'applaudit et se relève.

— Je suis loin, très loin même, d'être un artiste...mais oui, j'aime tout ce qui se rapporte à l'art.

Intérieurement j'ai fait un tour de terrain pour célébrer ma victoire.

— Tu as gagné le droit à ce que je t'y amène...mais avant cela, il faudra revoir quelques points.

— Comment ça « revoir quelques points » ?!

— A commencer par cette mèche...elle te va bien mieux lorsqu'elle te tombe négligemment sur le devant des yeux.

Il ébouriffe ma mèche comme il sait si bien le faire, puis attrape le bas de ma chemise, tire dessus jusqu'à ce qu'un pan sorte de mon pantalon.

— Voilà...là, c'est déjà un peu mieux !

— Touche à ma mèche si tu veux...mais ma chemise reste telle quelle !

Il sourit, et tire encore dessus. Je pose ma main sur la tienne, celle qui tire le côté restant de ma chemise. Il s'arrête, caresse du pouce le dos de ma main.

— Vient, je vais te montrer comment faire mieux que ce gribouillis.

— Hey...ce n'est pas si mal.

Levi prend ma main, et glisse une bombe de peinture dans l'autre. Il se place juste derrière moi, et répète les mêmes gestes que j'ai utilisés pour lui apprendre à se servir de ses baguettes.

— Tu ne dois pas laisser l'aérosol trop longtemps sur la même zone, à moins que tu fasses un remplissage m'explique-t-il en appuyant légèrement avec moi sur la buse. Et même là, il est préférable de faire de bref mouvement.

— Où as-tu appris à taguer ?!

— Je n'ai techniquement pas appris à taguer. Un jour en rentrant, je suis tombé sur un groupe de jeune, ils salissaient les murs, me raconte-t-il tout en continuant d'utiliser ma main. Leurs dessins n'avait rien d'harmonieux, mais j'ai aimé comment avec une simple bombe de peinture ils réussissaient à faire passer un certain message.

Il arrête le mouvement de nos mains et recule d'un pas, en m'entraînant avec lui. Il a repassé mon texte, qui est vraiment mieux maintenant, et y a ajouté une petite palette de peinture comme celle tatouée sur son poignet gauche.

— N'as-tu jamais pensé à te faire tatouer ?! Me demande-t-il en retraçant la ligne de ma clavicule avec son index.

— J'ai une peur bleu des aiguilles, je l'informe.

— On ne sent pratiquement pas la douleur, souffle-t-il alors que son nez me chatouille le cou.

Mon corps est secoué par un long frisson que j'aimerais, vraiment, qui soit dût à la brise de début soirée.

Mine [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant