✯ Chapitre 3 ✯

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Mise à part le foot, ce que j'aime dans ma vie ici c'est mon boulot à mi-temps au Starbucks. Je n'ai pas vraiment besoin de travailler, mais j'aime le côté relationnel et le contact humain. J'ai mes habitués, comme une gentille femme qui vient tous les jeudis pour un café noir ainsi qu'un chocolat viennois avec un supplément de crème.

— Voilà pour vous. Lui dis-je en lui tendant le support contenant les deux gobelets. Vous continuez à me faire des infidélités, j'ajoute avec une moue faussement peiné.

— Ce serait plutôt à lui que je fais des infidélités...surtout avec un jeune aussi élégant que vous.

Je rougis et resserre mon nœud papillon. Dolly, mon habitué du jeudi, aurait pu être ma gouvernante étant enfant. Même si elle ne fait pas partie de mes proches, je ressens un certain sentiment de bien-être à son contact. Elle s'en va et je la suis du regard. Nous n'échangeons à peine quelques phrases à chacune de ces venues, mais à sa seule visite elle ensoleille ma journée.

C'est en plein rush que je sens mon portable vibrer dans la poche ventrale de mon tablier. Le Starbucks étant situé à proximité de mon ancienne faculté, nous somme vite envahie par une foule d'étudiants venus profiter de notre wifi.

— Le mec là-bas...grand blond, type surfeur, me précise Mei ma collègue. C'est un 5.

— Rien que 5 ?! Je m'étonne en faisant mousser un pichet de lait.

— Canon, mais ne tient pas la distance.

Mei, petite asiatique, a commencé en même temps que moi. Nous sommes de la même promo, elle, diplômée en psycho. Travailler ici, est, pour elle, « un stage d'immersion » lui permettant d'observer « différents spécimens humains ». Bien que débordée, Mei m'amuse en inversant la tendance instauré par certain mec, en notant les prouesses sexuelles de ses partenaires.

— Tu ne participes jamais toi ! Elle me reproche en faisant claquer un torchon sur mes fesses.

— Pour la simple et bonne raison que j'ai Lila-Rose...

— Il y a une ville entre vous, elle m'interrompt. Tu ne rends pas honneur au cliché de base des sportifs.

Je fronce les sourcils et sert un Frappucino à une étudiante en art. Ses mains maculées de peinture rouge, porteraient vite à confusion, mais son pinceau enfoncé dans son chignon lui enlève tout son crédit de serial-killer.

— La faculté est faite pour découvrir quel genre de personne nous sommes sans la protection de nos parents, m'affirme Mei en réapprovisionnant le stock de couvercles en plastique. Mais aussi explorer son identité et son appétit sexuel.

Je ris, mais lui donne à moitié raison. Tous les gars de mon équipe universitaire faisaient partis de la même fraternité. Mais Lila-Rose, ayant regardé trop de téléfilm traitant sur la vie sur un campus universitaire, c'est vite fait une idée et m'avait aussitôt interdit, dès la première année, de postuler dans une.

— Cette Lila-Rose semble être une sacrée castratrice !

J'explose de rire. Mei classe les femmes en quatre catégories. Les « castratrices », « les chaudasses », « les épanouies », dans laquelle elle se classe elle-même et pour finir les « à classer ». Cette dernière catégorie correspond aux filles n'ayant pas, selon elle, réveillée leur vénus.

Installés dans l'arrière salle, profitant du soudain relâchement d'influence, Mei et moi partageons un Mocha glacé. J'apprécie beaucoup sa compagnie, et aime vraiment la regarder. Il n'y a rien de sexuel là-dedans, mais faut rendre à César ce qui est à César, Mei est une belle femme. Son métissage lui apporte des courbes peu présentes parmi la population asiatique. Ses longs cheveux noirs, éclaircis à certains endroits lui tombent élégamment sur les épaules.

Mine [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant