La femme m'ayant interpellé la dernière fois se prénomme Alice Mongard. Elle m'a confié être avocat d'affaire. En réalité, elles'est engagée pour combattre le gouvernement avec énormément de personnes et moi. J'ai été stupéfait du nombre de français qui ont découvert l'Ecole Pour Tous et qui croient désormais à une France où l'égalité est possible. Autant que je le suis, ils sont révoltés face au grand fossé qui sépare les pauvres des riches.Ces personnes comptent bien se révolter.
Alice a donc organisé, suite à notre entrevu dans les rues de Paris, une manifestation qui se déroulera aujourd'hui. Le maire de la ville en a entendu parler mais il ne croit pas au sérieux de cet événement.C'est pourquoi, il n'a pas engagé d'enquête contre nous, ce qui est avantageux.
Nous nous rejoignons tous sur la place de la mairie principale. Plus le monde arrive, plus je suis, encore une fois, agréablement surpris du nombre de personne. A vu d'œil, je pense que nous sommes pas loin de cinq-cent personnes. Cinq-cent personnes ! C'est impressionnant !L'ampleur que cela a pris, et j'entends par « cela » ma volonté de révolution, est importante. J'en suis complètement ravi, bien que je sache que je prends des risques en m'exposant ainsi contre la société. Les élèves de l'école et d'autres pauvres voulaient participer à cette manifestation, mais j'ai gentiment refusé. Ce n'est pas contre eux, mais s'ils se révoltaient, ils se feraient arrêter par les contrôleurs. Rien que leur présence dérangerait ces gardes. Je trouve cela autant aberrant que les élèves mais je ne veux pas qu'ils risquent leur peu de liberté.
Nous commençons la marche tous ensemble dans la rue, empêchant la circulation. La tête du peloton, dont je fais parti, ainsi qu'Alice tient une grande banderole avec écrit dessus :
«OUI à l'égalité, OUI à l'instruction, OUI aux pauvres! »
D'autres personnes, à l'intérieur du groupement soulèvent des pancartes avec toutes sortes de message contre la différence entre les pauvres et les riches. Les conducteurs d'automobiles râlent, les personnes à leur fenêtre d'immeuble regardent la marche avancer et les piétons nous observent d'un air confus. Voilà ce qu'est une manifestation. A mon plus grand plaisir, des personnes nous rejoignent au fur et à mesure que nous continuons de marcher, elles adhèrent à nos convictions.
Nous marchons ainsi pendant près d'une heure, sans que rien d'alarmant ne se passe. Mais très vite, des journalistes avec leur caméra nous rejoignent. Ils nous filment, telles des bêtes de foire. Un d'entre eux s'approchent de nous et commence à parler dans son mirco tout en regardant son collègue le filmer.
«Je reconnais ce jeune garçon dont tout le monde parle depuis un certain moment. Et oui, il s'agit d'Elliott Lightwood. Monsieur,dit-il en me regardant, après avoir pris l'initiative d'ouvrir une école, vous vous attaquez directement au gouvernement en manifestant? »
Je continue d'avancer, sans me laisser perturber par cet homme. Je dois lui répondre. C'est une belle occasion qui s'offre à moi : la télévision. Nous allons enfin pouvoir divulguer notre message.
«Je ne m'attaque pas au gouvernement, dis-je sereinement. Aucun d'entre nous le fait. Nous manifestons seulement, ce qui est dans les droits de l'homme. Nous souhaitons un changement dans la politique de la France, et c'est le seul moyen de nous faire entendre.
- Et quel est le message que vous voulez transmettre ?
- Nous voulons que les pauvres aient le droit d'étudier. Nous voulons que le gouvernement mette fin à ce système de prendre les pauvres comme nos esclaves. Nous voulons l'égalité. N'est-ce pas un des trois mots de notre devise ? »
Je pense avoir fait taire ce journaliste qui s'adresse de nouveau à la caméra. J'espère infiniment que cette vidéo sera disponible à la télévision mais surtout sur internet. Il est vrai que sur le web,tout se partage extrêmement vite, ce qui est un avantage pour nous,et un inconvénient pour le gouvernement, évidemment.
Je m'apprête à parler à Alice lorsque j'aperçois des contrôleurs accompagnés de gendarmes. Ils viennent soit pour que ce mouvement ne dégénère pas, soit pour disperser la foule. Pour l'instant, il me semble qu'ils choisissent la première option. Je pense qu'ils se doutent de l'impossibilité à séparer autant de monde, sachant que depuis le début de la marche, je dirais qu'une centaine de personne nous a rejoint. Mais à ma surprise, un des contrôleurs se dirige dans ma direction.
«On continue d'avancer, me dit Alice. »
Je hoche la tête en signe de compréhension puis le contrôleur arrive vers moi. Voyant que nous n'arrêtons pas de marcher, il marche en arrière, pour soutenir mon regard.
«Elliott Lightwood, nous ne voulons point créer d'émeute, c'est pour cela que nous avons reçu l'ordre de ne rien faire. Pour autant, je dois vous faire passer un message. Monsieur Lanot va vous faire arrêter pour menace contre le gouvernement et infraction de la loi.
- Et bien, soit. Je n'ai jamais menacer qui que ce soit.
- Néanmoins vous manifestez pour une cause interdite. Vous êtes l'organisateur de cette manifestation, vous en subirez les conséquences.
- Non, s'exclame Alice. Il n'est pas l'organisateur ! »
Je sais pertinemment ce qu'Alice va dire. Elle va se dénoncer à ma place. Je refuse. M. Malioc a déjà perdu sa librairie pour moi,alors je ne veux pas qu'elle risque la prison ou au pire des cas, la peine de mort pour avoir enfreint ce type de règlement. Alors, je la devance :
« Bien sûr que si, Alice. Je le suis, ça ne sert à rien de se voiler la face. N'essaie pas de me protéger, tu serais impliquée dans mes histoires.
- Sage décision, petit. »
Après avoir prononcé ces trois derniers mots, l'homme fait demi-tour et s'en va. Je regarde Alice qui semble furieuse contre moi. Elle n'a pas à l'être, je ne fais que la protéger. Nous continuons tous de marcher.
«Ecoute Alice, s'ils t'accusaient toi, tu encourrais la peine de mort. Je suis mineur, il ne peuvent pas me condamner à cela. Je serai enfermé, rien de plus. Je te l'assure.
- Merci Elliott, mais tu as toute la vie devant toi. Tu es le meneur de cette révolte, tu ne peux pas te permettre d'être en prison.
- Tu te trompes, je le peux. Tu verras, j'ai commencé cette révolution en permettant à des pauvres d'étudier grâce à l'Ecole Pour Tous et en organisant cette manifestation. La logique voudra que le peuple français ait entendu mon appel et qu'il réagisse. Ma part de travail est pratiquement finie. Maintenant, c'est aux Français d'agir. »
VOUS LISEZ
L'École pour tous
Short StoryEt si le monde était encore plus injuste qu'il ne l'est déjà? Et si l'esclavage était encore d'actualité? Feriez-vous parti de ces riches dominants, ou ne seriez-vous qu'un simple singe de la société?