Chapitre n° 5

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Je me suis assise à ses côtés sans le regarder, et pourtant j'en ai envie. Mes yeux sont attirés par ces quelques lettres gravées.
Je ne dis rien durant un certain temps, mes pensées étaient encore au vieux skate-park abandonné. Durant cette après-midi, on a parlé de tout, de tout sauf de cet incident. Je l'aime tellement Levanah faisait presque partie de la famille. Elle n'a même pas essayé de me poser des questions, et pourtant, elle ne sait rien. Du moins, rien de plus que ce qu'il y avait dans les journaux, dès le lendemain: "Un homme, pris de folie, assassine froidement sa famille ne laissant qu'une orpheline derrière lui." Ces bouts de papier m'ont toujours fait rire, si seulement ils avaient vu ses yeux lorsque les médecins l'ont interné.
Une main sur mon épaule me fait sortir de mes pensées. Qu'avais-je fais ? Je regarde autour de moi, paniquée, je n'ai pas bougé, ça me rassure.
Une voix grave et rassurante essaye de me calmer. C'est la voix de Maël. Il a compris que j'étais apeurée.

-Hey! Calme toi, ça va. Ne t'inquiète pas.

-E...Excuse moi, je ne sais pas ce qui m'a pris. Rassure moi, je n'ai pas bougé ?

Je me sens bête d'avoir posé cette question. Comment peut-il comprendre.

-C'est bizarre comme question, rit-il. Mais non tu n'as pas bougé, ne t'inquiète pas.

Il n'a pas l'air choqué, juste amusé. Il a un visage si doux, si apaisant. Il a un léger sourire, je ne détourne pas le regard. Il a une mâchoire carrée dont les contours sont adoucit par deux fossettes au coins de sa bouche. Il a deux grands yeux dont la couleur est amplifiée par la nuit. Ses iris étaient d'un gris-vert indescriptible. Ses cheveux noir ébène sont encore humides et décoiffés. Je détourne alors le regard.

-Tu viens de sortir? J'eus un rire. Encore une question bête, je suis vraiment désolée.

-C'est vrai, comment tu sais?

-Tes cheveux. Ils sont encore mouillés et il n'a pas plu. Ça y est, maintenant tu me prends pour une folle.

Je suis assez gênée, j'ai toujours fait ce genre de gaffe, mais les gens qui me connaissent étaient habitués et on en riait.
Lui eut un sourire, il passe alors sa main dans mes cheveux pour les secouer et me dit:

-Tu n'es pas normal, ça c'est sûr. Mais je le sais déjà depuis hier et je suis quand même là ce soir. J'sais pas pourquoi j'suis là, peut-être parce que tu es marrante.

-Si j'suis marrante j'accepte. Par contre ne refais pas ça. Déjà que je suis mal coiffée, là, c'est encore pire, dis-je en secouant ses cheveux à mon tour.

On rit. Ça fait du bien. Je me sens bien, surtout que je n'entends aucun murmure, c'est agréable. Une après-midi et une nuit tranquille, non, ça serait trop beau. Mais, pour l'instant, je profite, j'en ai besoin.

Le sourire de Maël se réduit et ses yeux se posent sur leurs noms. Qu'est ce qu'il se passe? A quoi est ce qu'il pense? Aurait-il lu toute ces histoires dans les journaux ?
Tout est tellement calme que j'arrive même à essayer de me mettre dans la tête de quelqu'un d'autre.
J'essaye de trouver la réponse. J'ai beau le fixer je ne trouve aucune réponse. Mais pour trouver une réponse ne faut-il pas une question?

-A quoi est-ce-que tu penses?

-Je ne sais pas. Hier, on a parlé de tout et de rien, mais surtout de rien. Je ne connais même pas ton nom.

Je comprends alors ce qu'il veut réellement savoir. Je détourne mon regard de lui pour le poser sur ces quelques lettres froides.

-Qu'est ce que tu veux savoir?

-Ton nom par exemple?

-Ce n'est pas réellement la question à laquelle tu veux une réponse. Pas vrai?

L'histoire d'une âme maladeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant